Les bonnes fées du jazz
Merci les filles ! C’est le refrain que peuvent reprendre en chœur les labels jazz qui ont tous signé leurs chanteuses ces dernières années… Elles s’appellent Anne Ducros, Sara Lazarus, Elisabeth Kontomanou, ou Mina Agossi et grâce à leur souffle, c’est toute la profession qui respire !
Anne Ducros, Elisabeth Kontomanou, et les autres
Merci les filles ! C’est le refrain que peuvent reprendre en chœur les labels jazz qui ont tous signé leurs chanteuses ces dernières années… Elles s’appellent Anne Ducros, Sara Lazarus, Elisabeth Kontomanou, ou Mina Agossi et grâce à leur souffle, c’est toute la profession qui respire !
Les Victoires du jazz, la seule émission de la télévision française exclusivement dédiée au jazz s’est fait l’écho du phénomène et a choisi comme fil rouge de sa soirée annuelle les femmes dans le jazz. Instrumentistes, mais aussi chanteuses…car ce sont elles qui cassent la baraque et dans le même temps, l’image misogyne qui colle à la peau de ce courant musical.
Elisabeth Kontomanou
Emblématique de ce long chemin parcouru et enfin reconnue, Elisabeth Kontomanou, artiste jazz vocal de l’année, Victoire de la musique jazz 2006. Justice lui est enfin rendue, après deux années 2004-2005 couronnées de succès avec son album Midnight Sun, suivi de son dernier opus Waitin’ for spring, une reconnaissance méritée pour cette artiste avec ce cinquième album qui est en tête des ventes dans sa catégorie.
Née en France d’une mère grecque et d’un père guinéen, Élisabeth a toujours voulu être chanteuse, émerveillée dès l’âge de 4 ans par la Callas vue à la télé. Autodidacte revendiquée, ses anges gardiens s’appellent Ella Fitzgerald et Charles Mingus. Et c’est bien du côté des Etats-Unis qu’il faut chercher pour comprendre ce qui fait le succès de ces "jazz ladies" de ce côté-ci de l’atlantique. Elles sont toutes passées par New York. "Je ne chanterai pas cette musique aujourd’hui si je n’avais pas été à la rencontre des musiciens et des clubs new-yorkais" affirme Elisabeth Kontomanou, et c’est un avis partagé par toutes.
Mina Agossi
Pour Mina Agossi, "c’est la ville où ça se passe, j’y retourne à la rentrée, je me produirai aussi à Philadelphie et à Chicago". Mi Béninoise, mi Bretonne, Mina est la chanteuse la plus originale d’entre toutes. Non seulement interprète, mais aussi auteur et compositeur, cette nomade propulsée sur les scènes du monde par Archie shepp a posé ses valises à Paris. Le jazz est "une musique démocratique qui permet de s’exprimer et pour moi, qui vient du rock. Mes références vocales vont de Sheela Jordan à Jimmy Hendrix en passant par Youn Sun Nah, une des voix les plus intéressante du moment en France". Preuve de sa créativité, son dernier album Well you needn’t où elle cale son groove sur une rythmique basse et batterie.
Affranchie de la formule traditionnelle et glamour, voix, piano et sans prétention de performance technique, le timbre mutin de cette fille électron libre dans le milieu si petit et déchiré de la famille du jazz français est rafraîchissant et follement énergisant. Le prestigieux label anglais Candid records ne s’y est pas trompé et l’a signée, aux côtés de ses deux stars Stacy Kent et Jamie Cullum.
Anne Ducros
Choix artistique mais aussi marketing. Car depuis le succès interplanétaire de Diana Krall, toutes les maisons d’édition de jazz veulent surfer sur la vague. Et la formule blanche-blonde à la voix de velours, associée aux meilleurs pianistes, a rencontré massivement le public. Un tandem éternel chant-piano que Anne Ducros, la plus grande musicienne et technicienne d’entre elles toutes, a su réinventé avec son incontournable et sa fameuse formule piano-piano où elle s’offre les collaborations de Chick Coréa, Jacky Terrasson, Enrico Pieranunzi, René Urtreger et Benoît de Mesmay !
C’est ainsi qu’en quelques années, les labels ont tous signé leurs chanteuses. Anne Ducros est chez Dreyfus/Sony, Elisabeth Kontomanou chez Nocturne, Mina Agossi a accepté les avances de Candid. Tandis que Sara Lazarus, la plus française des chanteuses américaines débarquée à Paris au milieu des années 80, a récemment sorti chez Dreyfus également son premier album tant attendu.
Locomotives de leur maison de disques, en tête des ventes devant leurs camarades instrumentistes, les filles qui travaillent en France oseront elles faire tomber un dernier tabou : chanter en français ? Elisabeth Kontomanou et Mina Agossi semblent prêtes à relever le défi. Une façon d’affirmer leur singularité et leur talent car si il y a une chose qu’elles partagent résolument avec les musiciens de la scène hexagonale, c’est bien l’éclectisme et la créativité. Glamour, les filles ? Toujours… mais surtout des artistes à part entière à qui il a fallu faire une place et dont le milieu aujourd’hui, a besoin pour (sur)vivre et respirer !
Anne Ducros Piano, piano (Dreyfus/Sony) 2005
Elisabeth Kontomanou Waitin’ for spring (Nocturne) 2005
Mina Agossi Well you needn’t (Candid records) 2005
Jusqu'au 6 juillet :13ème Festival Jazz vocal "Voix d'ailleurs" au Sunset à Paris, avec entre autres Mina Agossi les 30 juin et 1er juillet 2006.