L'été de Laurent Voulzy

De Trenet aux Korgis, de ses chers Beatles à Simon et Garfunkel en duo avec Souchon, Laurent Voulzy sort un disque de reprises pour l’ambiance de l’été, La Septième vague.

La Septième Vague

De Trenet aux Korgis, de ses chers Beatles à Simon et Garfunkel en duo avec Souchon, Laurent Voulzy sort un disque de reprises pour l’ambiance de l’été, La Septième vague.

"Aucune prétention", avertit Laurent Voulzy. La Septième Vague n’est pas un disque aux ambitions écrasantes. D’ailleurs, il n’a mis "que" six mois à l’enregistrer, contre trois ans et demi pour Avril, son précédent album, en 2001. Il s’agit d’un disque pour l’été, pour les vacances, pour la plage, avec dix-huit chansons qui dessinent une cartographie des plaisirs et des attachements de Voulzy entre pop et variétés : Do You Wanna Dance que les Beach Boys ont sorti en 1965, La Madrague de Brigitte Bardot, Oh Lori des Alessi Brothers, Derniers Baisers que chantaient les Chats Sauvages période Mike Shanon, Here, There and Everywhere de ses chers Beatles, Everybody’s Got To Learn Sometime des Korgis, Santiano de Hugues Aufray, Light My Fire des Doors, Smooth Operator de Sade, Le Piano de la plage de Charles Trenet, Duel au soleil d’Etienne Daho… Et puis un petit événement, le premier enregistrement en studio d’un duo de Laurent Voulzy et Alain Souchon, sur The 59th Street Bridge Song (Feelin’ Groovy) de Simon et Garfunkel.

RFI Musique : les chansons de cet album ont beau être à l’origine d’esthétiques très différentes, le climat de cet album est très cohérent.
Laurent Voulzy : Il y a certainement une continuité, une couleur. J’aime tellement de choses que sur un album comme Avril, je peux passer de Mary Quant à Jésus, de Slow Down à I Want You – la pop anglaise, le chant gothique, des guitares acoustiques, des guitares électriques, des cordes, des percussions… Là, il y a une espèce d’unité paisible parce tout cet album a été fait dans une ambiance extrêmement paisible. Je ne me torturais pas à essayer de savoir si mon refrain est bien. Il est déjà fait le refrain ! Ces chansons-là ont fait leurs preuves : Shadow of her Smile a dû être chanté par trois cents interprètes ! Simplement, j’ai habillé les morceaux. C’est comme si j’avais demandé aux parents de me confier les enfants en vacances.

Toutes ces chansons ont-elles à voir avec l’été ?
Dans le fond, seulement deux ou trois d’entre elles parlent vraiment de l’été, qui sont françaises, d’ailleurs : La Madrague, Derniers Baisers et A bicyclette. Ce sont surtout des chansons écoutées en boucle, un mélange d’instants comme Do You Wanna Dance, un moment très Californie, un moment de bonheur physique, simple, presque sportif.

Captain of a Heart n’est pas une chanson de la joie de vivre, a priori…
Je suis dingue de cette chanson. Captain of a Heart est comme un moment extatique où rien ne bouge, une chanson sublime, une puissance atomique comme un coucher de soleil, une beauté extrême et tout en retenue. Effectivement, comme vous, je me suis posé la question en ce qui concerne cette chanson : je la trouvais un peu grave, ce n’est pas un bonheur simple. En même temps, elle est trop belle ! Elle est puissante et douce, on dirait une espèce de Boeing. En fait je vous dis cela, j’essaie de trouver du vocabulaire, mais quand on est amoureux, il n’y a pas de vocabulaire !

N’y a-t-il pas dans vos choix pour ce disque des chansons qui peuvent paraître, à l’origine – comment dire… –, d’un goût contestable ?
Je ne suis pas snob, voilà. J’aime tout dans la musique. Ce que j’écoute le plus chez moi, ce sont des motets du XVe siècle et de la musique du Moyen-Age. En même temps, si je vais dans une radio et que j’entends un truc électro qui me plaît, pourquoi me priverais-je ? Pourquoi me priverais-je par exemple d’enregistrer Do You Wanna Dance, qui est peut-être la chanson la plus simple de l’album ? J’ai toujours rêvé d’apprendre les accords de Clair de Gilbert O’Sullivan, tout simplement. Alors je l’ai enregistré. Dans mes goûts musicaux, je suis très caméléon. Si je restais six mois au Brésil, je ferais un disque brésilien ; si je restais en Jamaïque, je trainerais avec les reggaemen ; quand je suis aux Antilles, je traque les groupes de gwo ka parce que ça me met les larmes aux yeux, comme la cornemuse en Bretagne.

On ne peut pas ne pas remarquer votre duo avec Alain Souchon, sur The 59th Street Bridge Song (Feelin’ Groovy)...
Pour une émission de radio, l’hiver dernier, on a chanté The Sounds of Silence de Simon and Garfunkel et on a eu beaucoup de plaisir à le faire. Quand j’ai commencé l’album, j’ai proposé à Alain de l’enregistrer, puis j’ai changé d’avis et j’ai proposé Feelin’ Groovy. J’ai fait la guitare, une basse, on a enregistré nos deux voix et, à la mise à plat du morceau avant le mixage, l’ingénieur a, très naturellement, enlevé la guitare et la basse à la fin de la chanson. Il n’a laissé que les deux voix qui font comme un cantique – c’est exactement ce qu’on fait avec Alain quand pour le plaisir on va chanter l’après-midi dans les endroits qui résonnent, sous un pont ou dans une église. Et puis on a toujours rêvé de chanter The Boxer tous les deux. Il faut que l’on mette ça au point.

Laurent Voulzy La Septième Vague (BMG-Sony) 2006.