Eurockéennes 2006
Les Eurockéennes de Belfort qui se tenaient du 30 juin au 2 juillet, avaient invité plusieurs groupes montréalais en marge des concerts des têtes d’affiche de cette édition 2006. De bonnes surprises pour les curieux.
Un souffle d’air frais depuis Montréal
Les Eurockéennes de Belfort qui se tenaient du 30 juin au 2 juillet, avaient invité plusieurs groupes montréalais en marge des concerts des têtes d’affiche de cette édition 2006. De bonnes surprises pour les curieux.
Comme chaque année, la presqu’île de Malsaucy, à côté de Belfort, a été envahie pendant trois jours et trois nuits par les festivaliers et les décibels. À 18 ans, les Eurockéennes entrent dans la cour des grands festivals, complets avant même de débuter. Les 96000 places étaient vendues pour la première fois avant l’ouverture. Il faut dire que Depeche Mode, Morrissey ou les Daft Punk ont suffi à eux seuls à faire venir beaucoup de monde des quatre coins de France, de Suisse ou d’Allemagne. Un des programmateurs du festival expliquait : "le problème était de faire disparaître Depeche Mode ! Il ne fallait pas donner l’impression qu’il n’y avait que Depeche Mode et rien autour !". Ce ne fut heureusement pas le cas, avec quelques créations spécifiques aux Eurockéennes, comme les rencontres de Camille avec les japonais Pascals ou de Dyonisos avec un orchestre classique, et quelques découvertes entre les tremplins locaux et une scène montréalaise.
De Montréal à Belfort
Des trains erratiques aussi bondés qu’un métro aux heures de pointe et une visible présence policière n’ont pas sapé l’ambiance bon enfant du festival. Au total, cinq scènes accueillaient près de 60 concerts. Anaïs inaugurait la grande scène, intimidée, tandis que Malajube etait le premier de la sélection québécoise à jouer sur la scène de la plage. Le groupe passa d’une pop énervée à des balades alors que le soleil se couchait sur un public de curieux. Il a fallu attendre dimanche pour découvrir les autres groupes de la Belle Province.
Entre temps, le live des Daft Punk, les Strokes, Morrissey ou Depeche Mode ont déchaîné la foule de la grande scène. Sous le chapiteau, Katerine a fait répéter au public "on est tous des Zidane" après le match de foot France-Brésil. Également de la partie : le duo Coldcut, les métalleux de Enhancer, Fat Freddy’s Drop, la Caution, Dominique A, Archive, Mogwai ou Sigur Ros.
Sur la plage
Rude concurrence donc face à ces sept groupes venus de Montréal. "Nous avons choisi des groupes pas forcément évidents" convient Kem Lalot, programmateur du festival, qui est allé les découvrir à Montréal. Mais ce choix est musicalement payant : à côté des shows bien huilés d’artistes reconnus, les Montréalais apportent une générosité et une spontanéité de bon aloi. Duchess Says délivre un rock abrasif avant de laisser la place à Ghislain Poirier, qui officie derrière ses machines. À ses breakbeats succède le trio Omnikrom, grands copains des français TTC. Leur rap parle beaucoup de filles, d’argent et de sexe sur fond de rythmes électroniques. Ils ont déjà des fans. Changement de style avec We Are Wolves, mais l’electro est toujours là, pour donner une hargne hypnotique à ce rock trépidant. Les Georges Leningrad vont encore plus loin dans la déflagration sonore, avec leur chanteuse délurée, croisement entre Nina Hagen et Peaches. Islands, quelques instant plus tôt sous le chapiteau, paraissent des enfants de chœur en comparaison, leur pop étant très arrangée, avec clarinette et violons.
Les curieux étaient donc les pieds dans le sable et ont découvert que Montréal regorgeait de belles promesses musicales, qui ne demandent qu’à se réaliser dans nos contrées. À suivre.
Trois questions à Omnikrom
Quel a été l’accueil du public français avant ces Eurockéennes ?
MC Jeanbart : Nous avons fait cinq dates depuis le mois de mai, à Brest, Nantes, Reims et deux fois à Paris. En région, c’était cool, on était pas vraiment connus, donc l’accueil était correct. Les gens étaient curieux, c’était la première fois qu’ils nous entendaient…
Linso Gabbo : … mais le dernier concert que l’on a fait, c’était à Paris au Triptyque, les gens étaient vraiment fous ! Ils étaient venus pour nous et beaucoup connaissaient nos paroles.
Quelles sont vos connections avec TTC ?
MC Jeanbart : Nous leur avions envoyé notre premier maxi par Internet, ils ont bien aimé et nous les avons donc rencontrés deux fois à Montréal l’an passé.
Linso Gabbo : Ils sont devenus nos amis, nous faisons la fête ensemble et ils nous ont fait découvrir Paris et ses clubs qui coûtent cher !
Beatmaker Figure8 : Nous avons réalisé un titre avec eux et Ghislain Poirier, mais pour l’instant nous n’avons pas de projets communs.
Le marché français est plus important pour vous que les Etats-Unis tout proches ?
MC Jeanbart : Très important ! C’est un marché beaucoup plus grand que le Québec, même si nous avons du succès là-bas. Les Etats-Unis nous ignorent car nous rappons en français. Même pour TTC cela a été dur, seules deux trois radios les ont diffusé lorsqu’ils étaient en tournée.