Elisa Tovati

Un nouvel album à la saveur insolemment acidulée

Elisa Tovati, comédienne, mannequin ou chanteuse ? La sortie de son nouvel album, Je ne mâche pas les mots, balaie les dernières hésitations et confirme que la jeune femme semble très à l'aise dans le monde de la musique. Peut-être grâce aux boules de coton rose qu'elle y distille subtilement…

Je ne mâche pas les mots, sorti ces derniers jours, est une barbe à papa. Sucré, piquant, amusant, enfantin, frais. Mais au moment précis où le goût de la confiserie devient écoeurant, l'album se mue en un bonbon piquant et pétillant. La voix au timbre apaisant d'Elisa Tovati joue malicieusement avec les textes ciselés de Vincent Baguian, auteur-compositeur et chouchou de Francis Cabrel.

Insolemment, la brune trentenaire, qui compte déjà trois albums à son actif,  passe de la gamine capricieuse ("Le foot ne gâchera pas mon samedi/ Je vais siffler la fin de la partie", Fin de Partie) à une Bridget Jones plus vraie que nature (Je compense donc je suis), effleurant la femme amoureuse (Dormir avec toi) et l'incorrigible adepte de Sex & the City ("J'ai juste envie d'un garçon facile/ D'un beau bimbo habile et docile", Un garçon facile). Des sauts qui se font de manière naturelle, comme l'on tourne les pages d'un magazine, et dont on apprécie la fraîche agilité. 

Ne cédant que rarement aux mélodies trop faciles, Elisa Tovati sait remarquablement adapter son ton et jouer avec les différents thèmes qu'elle aborde. Masturbation (5 minutes pour moi toute seule), déprime (Le psy) ou inaction (L'ennui me portera conseil) : le contraste entre l'interprétation de Tovati  et les messages qu'elle évoque est la grande force de cet album. Apparemment aussi léger qu'une bulle de savon, Je ne mâche pas mes mots se révèle parfois aussi surprenant qu'un de ces inoffensifs bonbons qui cachent un cœur explosif.

Virginie Le Baler

Elisa Tovati Je ne mâche pas mes mots (Mercury) 2006