Solidays 2006

Militons en musique !

Le 7, 8 et 9 juillet derniers, le festival Solidays, rendez-vous militant des jeunes franciliens s’est déroulé dans la bonne humeur. Programmation musicale efficace et éclectique, information et prévention, les ingrédients d’une huitième édition réussie !

Beaucoup d’habitués ont planté leur tente sur l’hippodrome de Longchamp et ont pu profiter ce week-end de grands noms du rock français comme Jean-Louis Aubert ou Louise Attaque. Mais ce samedi, avant le coup d’envoi des concerts les plus attendus, le public peut rencontrer bon nombre d’associations anti-VIH ou de coopération nord/sud...

Prévention et question de l’accès aux traitements sont en effet au coeur de l’édition Solidays 2006, avec notamment la très bonne exposition intéractive Maux Croisés.

Mais bientôt, les allées du Village des assos se vide, direction, la grande scène, pour l’imminent concert des Têtes Raides...Des centaines de fans ont revêtu leur tee-shirt du groupe pour l’occasion, et pendant le concert, certains entament même des valses enjouées sur la paille de l’hippodrome...En prolongeant l’ambiance festive, la Ruda déboule sur scène et joue les énergiques morceaux de son nouvel album, pour une unique date française... La sauce prend bien et le public en redemande !

Au fond à gauche de l’immense site du festival, la belle Anaïs, toute seule avec sa guitare, joue devant des centaines de personnes. Celle qui avait plutôt l’habitude des café-concerts s’est visiblement rôdée au récent festival des Eurockéennes. Elle assure et son public est bluffé ! Déjà 20h : tout bon festivalier qui se respecte a rendez-vous au concert d’Anis : formation simple, rythmique implacable et flow ultra-classe, le bluesman-rappeur-chanteur ne blague pas avec le son. Acclamé comme un Zidane, Anis chante, joue et joue...puis casse une corde de sa guitare. Un interlude qui nous vaut de beaux pas de danse, et une reprise plus belle encore.

La soirée continue avec, sur la scène du Forum le Sénégalais Alune, puis le Malien Tom Diakité, particulièrement impliqué dans la lutte contre le Sida au Mali. De concerts en concerts, entre les fantaisies de Thomas Fersen, le trip hop de Archive, et les mix de DJ Abdel, on glisse vers la journée de dimanche, où la programmation promet bien des surprises...

 Trois questions à Tom Diakité

Pour Tom Diakité, qui appartient à la première génération de musiciens maliens à se positionner comme militant anti-VIH, le rendez-vous Solidays 2006 était incontournable.

En tant que militant et en tant qu’artiste, qu’est ce que cela représente pour vous d’être aux Solidays 2006 ?
Ça me fait très plaisir. Je fais partie d’un des premiers artistes maliens à avoir milité pour la lutte contre le sida. J’ai fait un album pour cette cause en 1994, suite au décès d’un ami de longue date, musicien congolais qui a joué derrière les plus grands, Mory Kante, Salif Keita...A la suite de ça, je suis parti en Afrique avec mon album et notamment au Mali et ça a vraiment été un grand succès. Au Mali, le militantisme contre le sida par la musique a commencé par cet album-là, et aujourd’hui certains morceaux se jouent toujours et sont diffusés dans beaucoup de manifestations contre le sida.

Quel message faites vous passer lorsque vous participez à des actions contre le SIDA au Mali ?
J’ai l’habitude de dire que le sida, c’est le "général des maladies", c’est une "maladie-colonel", une "maladie-président de la République", c’est une maladie qui n’épargne personne, même le médecin qui nous soigne. Même le fils de Nelson Mandela est mort du sida, et il le dit ouvertement ! Donc je dis ça dans un humour qui fait rigoler toute la population, et en même temps, les gens réfléchissent.. Aujourd’hui, quand je passe devant des enfants au Mali, ils me disent "Faut mettre le chapeau !"...La population s ‘implique, mais il y a encore dix ans, les gens n’y croyaient pas. Pour eux, c’était une maladie européenne, alors qu’en Europe, on dit le contraire !

Qu’est ce que vous pensez de la mobilisation contre le sida en France, qui malgré ce qu’on peut voir aujourd’hui a tendance à s’émousser ?
Ici, en France, les gens me semblent à l’écoute des messages de sensibilisation. On parle de sexualité plus ouvertement, c’est plus simple de dire les choses et de faire passer le message. Pour moi, la France est un bon exemple de lutte contre le sida, par rapport au Mali. Quand je vois ici des centaines de bénévoles qui se donnent à coeur ouvert pendant trois jours contre la maladie, je trouve cela merveilleux.

Eglantine Chabasseur