Conscience Francophone
La Motte Rouge accueille Awadi et Pierpo
A ma droite, une des figures les plus emblématiques du hip hop sénégalais, lauréat du prix RFI Musique en 2003. A ma gauche, un des ambassadeurs de la scène reggae française. Awadi et Pierpoljak sont à l’affiche de la Motte Rouge. Deux artistes, deux univers, deux démarches et une rencontre en terrasse.
Depuis deux ans, Pierpoljak vit à La Rochelle. Aucune surprise donc à le croiser sur le vieux port, tranquille, en terrasse, avec sa petite famille, le monsieur joue à domicile ce soir. Et, contrairement à sa réputation de tête de lard, il se livre de bon gré à une interview au débotté. Le confort avant l’effort. Deux heures plus tard, il investira la scène de la Motte Rouge pour une prestation des plus furieuses.
Au milieu d’une programmation très chanson, la programmation d’Awadi ne dénote pas, elle fait du bien. Lorsque le rappeur sénégalais de renommée internationale monte sur scène accompagné de son groupe, sous les platanes, l’ambiance surchauffe rapidement. Comme à son habitude, tout à son engagement, le Dakarois harangue le public, soutenu par une formation mixte, guitare-basse-batterie occidentale, kora et chœur africain, et un très bon set en ouverture.
Avec son dernier album en date, Pierpoljak marquait une légère inflexion musicale. Mais une fois sur scène il reste le même : Reggae à fond les manettes. Dépareillé, Reggae Music, les premiers titres, autant de tubes pour les fans, s’enchaînent sans temps mort. Son groupe le Stim Durban assure également le spectacle : mouvements de bassin chaloupé pour le bassiste impressionnant de facilité, jeux de lumière pour le guitariste avec un CD en guise de pendentif, sans oublié le détail kitsch sur un ampli : un luminaire en forme de cœur avec " Love" d’inscrit à l’intérieur.
Visiblement très chaud, Pierpoljak ne trompe personne en affirmant ne boire que de l’eau. Ses rappels à l’ordre conscient sonnent également un peu ridicule "Faites attention quand vous roulez bourrés… " Lui-même ne semble pas y croire. Mais comme personne n’est venu pour une leçon de morale, on oublie assez rapidement. D’autant que les musiciens alignent des titres de plus en plus Dancehall. Tempo accéléré, l’audience saute au diapason. On a même le droit à un pot-pourri de ses premiers succès, avec en tête Dix millions de glandeurs et en final une version de La musique sur-vitaminée. On est très loin de la chanson quasi-acoustique qu’il l’avait fait connaître.
Je n’blesserai personne, c’est le titre de son dernier album mais il s’agit surtout d’un morceau en forme de méa culpa pour celui qui s’est longtemps traîné une assez mauvaise réputation. Voix un peu nasillarde, quelquefois plaintive, toujours puissante, Pierpoljak expie ses fautes en toute sincérité. C’est certainement LA chanson à retenir de cette soirée. Le public frissonne, la guitare s’électrifie sur le refrain : rock’n’roll from Jamaïca !
Le chanteur n’oublie pas non plus d’épauler d’autres artistes. Il laisse le jeune (et pas forcément très convaincant) Bag In Taya s’ébattre sur scène pendant deux morceaux. Le régional de l’étape reprend la main avec un Je n’sais pas jouer en guise de final. Un concert dense pour une audience un peu clairsemée. Mais ce soir à <?xml:namespace prefix="st1" />la Rochelle, Pierpoljak a prouvé que le Reggae n’étais pas (qu’)une musique d’endormis aux yeux rougis.
Ludovic basque