Dominique A et Emilie Simon

Salle comble à la Coursive

Du retard, beaucoup de retard pour l'un des premiers concerts de cette édition des Francos. Qu’importe puisque les prestations sont à la hauteur. Dominique A version cuivre et électricité mais surtout Emilie Simon, femme-enfant à l’expérimentation musicale ludique et communicative.

Les détenteurs de billets pour le concert se réjouissent à plus d’un titre. D’une part, la date est complète depuis longtemps mais surtout après plus d’une demi-heure d’attente dans la fournaise du hall de <?xml:namespace prefix="st1" />la Coursive, ces morceaux de papiers servent avantageusement d’éventails. Une fois entré, tout est oublié, la salle du Grand Théâtre est climatisée ! Ce soir on bouleverse la hiérarchie. C’est Dominique A, le chanteur qui avec Miossec, a prouvé que la chanson pouvait sonner rock, qui ouvre. 

Une formation originale déboule sur scène. Pas de basse mais des cuivres de tout ordre à la place, le percussionniste s’y mettant aussi à l’occasion. Voix fatiguée et évanescente, ambiance tamisée de bleu ou de rouge, la musique parfois aride du Bruxellois d’adoption désarçonne les néophytes. Pourtant son dernier album (un poil spartiate) L’horizon prend toute sa dimension sur scène. Un titre comme le Camion ficherait même presque la chair de poule. Le concert se fait de plus en plus hypnotique, comme un grand moment glacé en plein mois de juillet. Le groupe nous quitte avec une version électro- rock du Courage des oiseaux. Dominique A termine sur la pointe des pieds, le public s’est enfin levé des fauteuils. Un bel instant de communion.

Ensuite, il faut une bonne dose de patiente. Comptez cinquante minutes pour le changement de plateau. Disciplinés ou fatalistes, les spectateurs ne regimbent quasiment pas.

Converse noire à poids blanc, guêtres sombres à paillette, petite robe estivale, Emilie Simon joue la femme-enfant avec délice. Elle se saisit de sa guitare délicatement, pose ses doigts sur le manche comme si c’était sa première fois. Une seconde plus tard, elle envoie du gros son avec Fleur de saison. Des poissons à grandes dents s’animent sur un écran en fond de scène. Emilie Simon compose une musique visuelle, on ne peut mieux restituée en concert. Cyril Hernandez, son percussionniste use d’un racloir, de tubes en plastiques, d’un récipient d’eau, voire de son corps. L’autre Cyrille, Brissot, sorte de Merlin enchanteur de machines, alterne sons distordus et pieds technos.

Le public s’emballe très vite, les premiers rangs délaissent les fauteuils pour se presser devant la scène. La belle n’hésite pas à reprendre des extraits de sa bande originale de La Marche de l’empereur. Pour le plus grand plaisir de l’assistance qui a visiblement d’abord découvert la chanteuse au cinéma. Sa voix rappelle parfois de manière quasi mimétique Kate Bush, son style, Bjork. Mais toute la personnalité d’Emilie Simon tient en ce mélange de noirceur et de candeur. Sur scène, elle vous attire inexorablement dans son univers fantasmagorique. On ne demandait qu’à y rester encore un peu plus longtemps.