Marmite Rochelaise
Anaïs, Dobacaracol, Dick Rivers, Dionysos et Louise Attaque
Ils ont fait le spectacle. Chaude soirée que ce 15 juillet aux Francos de la Rochelle. Anaïs, Dobacaracol, Dick Rivers, Dionysos et Louise Attaque ont enflammé l’esplanade St-Jean d’Acre. Récit d’une soirée réussie.
On l’a dit et redit. Anaïs fait un carton partout où elle passe. La Marseillaise a donc dès 19h en plein cagnard, chauffé le public à blanc en un rien de temps. La recette est simple, une bonne dose d’humour, une voix multiforme, un sens de la formule et une forte propension à raconter le quotidien, les petits malheurs de la vie et les situations cocasses. Facile à dire, pas facile à faire mais Anaïs a trouvé la bonne formule, seule avec sa guitare et son sampleur.
Quelques mesures du groupe québécois Dobacaracol, que chacun aura pu découvrir un peu plus tôt dans l’après midi à la Coursive, et voici que déboule Dick Rivers, improbable invité d’une programmation plutôt tournée vers les "djeunes". "Je m’appelle Dick Rivers, 45 ans de carrière, 60 ans, et quelques 600 chansons enregistrées" annonce t’il, avec humilité, comme pour prouver la légitimité de sa présence. Un son bluesy rock, tout droit venu des States, quelques accords country et nous voila partis pour un petit voyage sur la route 66… Mais Dick sait qu’il doit séduire ce public. Pour y parvenir, il n’hésite pas à jouer de ses –bonnes- relations avec la jeune génération : Ben Ricour, qui tient ses promesses, Joseph d’Anvers ou encore Christophe Mali du groupe Tryo l’accompagneront tour à tour. Habitué des shows rassembleurs, ce dernier est également à l’aise lorsqu’il interprète avec Dick le très rock’n’roll Elvis avait l’air d’un ange, chanson écrite par Michael Furnon de Mickey 3D. Dick n’a pas que des copains dans le show-biz, il a aussi des copines. C’est donc Mareva Galanter -une ex-Miss France- qui vient lui susurrer des Dick faussement ingénus sur Ode à Dick. Dick se serait-il arrêté au flacon sans penser à l’ivresse ? La deuxième partie de son récital vient heureusement rassurer les fans de la première heure: le vétéran de la soirée plonge dans les reprises américaines qui ont façonné son image. Et le son suit derrière, de quoi redonner un peu d’entrain au public qui s’échauffe en attendant Dionysos et Louis Attaque. La sortie est sobre et le message très clair : "A dans dix ans, que Dieu vous protège".
Dyonisos, dieux du stadeAlbums après albums, concerts après concerts, Dionysos affine son image et nous fait pénétrer un peu plus encore dans un univers où les monstres croisent le chemin de fées, où le burlesque s’accorde avec la poésie. Dès l'arrivée sur scène du groupe, place aux rencontres extraordinaires entre cette singulière petite famille et un public déjà acquis. Championnat du monde d’expression sensuelle et de gros mots avec Mister Chat, traversée en crawl de la fosse en évitant –de peu- la brasse coulée, si Mathias emmène tout son monde, reste qu’on ne sait jamais sur quel pied danser. Jusqu’où ira-t-il ? La question se pose au moment du rappel lorsqu’il repart pour une longueur en crawl : arrivé de l’autre côté de la fosse, il s’extrait de cette marée humaine et grimpe soudainement en haut de la tour abritant les projecteurs. Après s’être emparé d’un mégaphone pour haranguer la foule, nouveau plongeon, sans filet, sans limite, sans garde-fou, le service d’ordre est dépassé. Durant ces quelques minutes, l’esprit potache qui planait sur Saint-Jean d’Acre cède la place à une ambiance plus lourde. Retour sur scène, à la question "jusqu’où ira-t-il ?" succède un "quand s’arrêtera-t-il". Lorsque le corps est vidé de toute son énergie. Qui a parlé de monstre de scène ?
Louise Attaque, la force tranquilleLa fin de partie est pour Louise Attaque. Le groupe se voit confier la lourde tâche de succéder aux trublions de Dionysos qui ont débordé de plus d'une demi-heure sur l'horaire prévu. Très en forme, les quatre musiciens affichent clairement leur satisfaction d'être à Saint-Jean d'Acre ce soir. Délibérément rock, délaissant le côté folk de leurs débuts, Louise Attaque a pris de l’âge et musicalement, cela se ressent. Le projet électro Ali Dragon, celui du bassiste et du batteur, leur a visiblement apporté une ouverture à d’autres sonorités. Pour preuve l’excellent Arrache-moi le cœur, version dark, pesante et douloureuse. Ou une reprise survoltée de Je ne suis plus saoul de et avec Christophe Miossec, invité surprise du groupe. Autre invité, l’inénarrable Katerine, smoking blanc, fard à paupières bleu et boa vert, fait une entrée remarquée et remarquable avec ses musiciens en sous-pull, short, talents hauts et perruques blondes. Les Louise Attaque dansent frénétiquement sur VIP, comme électrisés par le délire de Katerine. Le rappel est finalement l’occasion de passer en revue le plateau du Cosy puisque DJ Zebra fait également son entrée sur scène. Le spécialiste du bootleg nous offre une démonstration de cet exercice de mix qui fait son actuellement son succès. Il fait tourner en boucle l'intro d'un titre de Daft Punk dont profitent les guitares de Louise Attaque pour reprendre la main sur scène. Une soirée toute en Franco-Folies !
Valérie Passelègue
Gilles Seydoux