La Beatlemania de Santarromana
Emmanuel Santarromana s’est fait connaître comme percussionniste de Laurent Garnier puis comme DJ-réalisateur de compilations électro cool (Barbara Bui vol 1&2). Après un premier album lascif en 2003, il revient avec un ovni, Fab4Ever, 12 reprises des Beatles où il invite jeunes chanteuses et vieux amis. Rien de révolutionnaire mais un voyage des plus agréables dans 40 années de musique pop.
Le DJ reprend les "quatre garçons dans le vent"
Emmanuel Santarromana s’est fait connaître comme percussionniste de Laurent Garnier puis comme DJ-réalisateur de compilations électro cool (Barbara Bui vol 1&2). Après un premier album lascif en 2003, il revient avec un ovni, Fab4Ever, 12 reprises des Beatles où il invite jeunes chanteuses et vieux amis. Rien de révolutionnaire mais un voyage des plus agréables dans 40 années de musique pop.
Comment t’es venu cette idée ?
Il y a trois ans, j’ai réalisé une compilation pour la styliste Barbara Bui et j’avais décidé d’y mettre un titre à moi. Comme il s’agissait de faire une reprise, j’ai directement pensé au catalogue des Beatles, mes artistes préférés. Il s’est avéré que ce morceau [We can worlk it out, ndlr] a très bien fonctionné dans le monde. Il a été racheté en licence dans plein de pays pour d’autres compilations. J’en ai discuté avec mon producteur. Puisque la première approche était réussie, on s’est dit pourquoi ne pas partir sur un album entier de reprise des Beatles ? J’ai mis six mois avant de vraiment me décider, d’assumer l’idée mais surtout de ne plus avoir peur de rater l’exercice. Si je les avais massacrés, je n’aurais plus jamais osé faire de musique.
Ce doit être le parcours du combattant pour obtenir l’autorisation de reprendre ces titres ?
C’est très long, les négociations ont duré près d'une année. Il faut présenter des maquettes [ébauches de titres avant enregistrement en studio, ndlr] au "Bureau de Nashville" aux Etats-Unis qui chapeaute tous les droits. Quand tu fais une simple reprise en respectant la partition à la lettre, tu n’as pas besoin d’autorisation. Là, il n’était pas question de ça, sinon l’exercice n’aurait eu aucun intérêt. Il y a des morceaux où des accords ont été changés, des ponts ont disparu, vraiment tout a été remodelé. J’aurais bien aimé être une petite souris pour savoir comment ça se passe exactement ! Je ne sais pas il doit peut être y avoir un jury chargé de tout écouter. En tout cas, on a eu l’agrément sur l’ensemble des titres proposés.
Tu es avant tout un artiste de la scène electronique mais étonnement cet album sonne très pop ?
Au départ avec mon complice Sébastien Fauvel, nous étions partis sur une idée beaucoup plus électro mais ça ne marchait pas. Ce sont des morceaux fondateurs de la musique pop. A mon avis, il est possible de les rendre très électro mais dans une vision complètement barrée proche d’Alter Ego [duo allemand très orienté électro clash, ndlr]. Moi, mon univers, ça reste la pop.
Du coup, ces reprises paraissent bien sages…
Peut être au niveau de la production mais pas dans l’intention. Je les trouve assez sombres, tout de même. A l'origine, Back in USSR par exemple, est un morceau extrêmement insouciant, une chanson pop guillerette. Ma version sonne plus mélancolique.
Tu chantes sur quatre titres, comment les as-tu choisis ?
Pour You’ve got to hide your love away, c’était assez simple. Je chante naturellement ce titre sur mon scooter ou sous la douche. La mélodie est sous-tendue par une vraie mélodie irlandaise. Je ne sais pas si, quand elle a été écrite, les Beatles en ont eu conscience. Moi j’adore le folk irlandais, donc je me suis peut être laissé embarquer. Pour Strawberry field forever, c’est différent. Je n’aime pas du tout la version studio, la musique ne correspond pas aux paroles. Dans une compilation de titres très rares, John Lennon la chante à la guitare pendant des répétitions en studio. Les intonations et le jeu correspondent parfaitement aux paroles extrêmement mélancoliques sur l’enfance. C’est très proustien. Une thématique dont je me sens proche.
En écoutant l’album, on a l’impression de revivre toute l’histoire de la pop.
Ce ne sont pas des compositions personnelles donc il s’agissait avant tout de s’amuser. Si on prend Tomorrow never knows, on l’a fait sonner très David Bowie. Il y a plein de morceaux qui sont des clins d’œil, à Peter Gabriel, aux Pink Floyd, … Ces gens ont fait la pop.
Tu as le projet rêvé pour partir en tournée à travers le monde !
En fait, c’est compliqué parce qu’il y a beaucoup de collaboration. On a travaillé avec Yan Péchin, le guitariste de Bashung et Thiéfaine. Il est très pris et, en studio, il donne énormément. Avec une guitare, il vous fait un mur de son ! Si on le faisait en live, ce serait très réduit, limite pseudo acoustique. Et moi, je ne veux pas finir dans le trip boy scout à chanter avec une guitare sèche autour d’un feu de bois. Pour reproduire sur scène le son du studio, il faut du temps et de l’investissement. Là, il s’agit vraiment d’un travail d’arrangement, de producteur, pas de groupe. On ne peut pas monter une tournée pour faire la promo de l’album. C’est plutôt l’inverse. Si l’album fonctionne énormément, autour de 100000 ventes, les gens auront alors envie de nous voir sur scène. Ce sera plus simple.
D’autres projets ?
Pour le public, j’ai une image de DJ électro mais j’ai envie de faire un album pop. Ce qui est très difficile de point de vue marketing pour mon producteur. Ce Fab4Ever, c’est une sorte de pont entre mes deux identités. J’y travaille depuis longtemps. J’aimerai qu’il soit terminé dans huit mois pour après, prendre le temps de le mettre en place. J’ai aussi d’autres projets mais culinaires. Je vais ouvrir un grand restaurant en Chine !
Emmanuel Santarromana Fab4ever (Pschent) 2006