Sur la route des langues de France

Le Hall de la Chanson poursuit sa mission de promotion de la chanson français ! Le 30 juin dernier, son directeur, Serge Hureau, a lancé le site "Langues de France en chansons", une initiative qui a pour but de faire découvrir les richesses musicales des différentes régions de France.

Un site pour découvrir les richesses linguistiques de l’Hexagone

Le Hall de la Chanson poursuit sa mission de promotion de la chanson français ! Le 30 juin dernier, son directeur, Serge Hureau, a lancé le site "Langues de France en chansons", une initiative qui a pour but de faire découvrir les richesses musicales des différentes régions de France.

Depuis le 30 juin, le site Langues de France en chansons propose un voyage à peine virtuel à travers les langues de l'Hexagone. De l’alsacien au corse en passant par l’occitan ou le breton, le petit train, affrété par le Hall de la Chanson et mené par son directeur, Serge Hureau, fait escale dans les régions de France pour donner des explications sur l’histoire, la lexicologie et la signification des langues régionales, dialectes et autres patois de l’Hexagone.  Mais, comme l’explique M. Hureau, quand on parle de langues de France, "il ne s’agit pas seulement des langues régionales, mais aussi de celles issues de l’immigration comme le yiddish, le berbère, le judéo-espagnol, le romanic ou l’arménien occidental, sans oublier la langue des signes ou les langues d’outremer !". De quoi donner du travail à cette  exposition virtuelle, soutenue par la SACEM et le Ministère de la Culture, qui permet "de se balader dans différents paysages de France et d’outre-mer, de découvrir des langues et des artistes, de pénétrer un monde très vivant et très inspiré".

Ce tour de France des langages, au-delà de faire valoir la richesse linguistique du patrimoine français, est aussi, pour Serge Hureau, "une très belle manière de regarder les choses en face". Pour lui, nombre de ces langues sont celles de minorités opprimées, comme les Juifs, les Arméniens ou les anciens esclaves. "Se rendre compte que toutes les choses horribles qui ont pu leur arriver n’ont pas tué leur langue est très émouvant, puisque derrière une langue et une musique, il y a toujours un peuple". Une sorte de devoir de mémoire, en quelque sorte, qui s’accompagne d’un inévitable enrichissement culturel grâce à ces langues "issues de la terre, de la mer, des tripes, des immigration" qui, en plus des différences, toujours productives, permettent de faire ressortir les ressemblances musicales et traditionnelles qui peuvent exister entre des pays situés pourtant à des milliers de kilomètres l’un de l’autre.  

Autre raison pour laquelle ce projet touche Serge Hureau : la connaissance de notre propre patrimoine et le "renvoi d’ascenseur" à des cultures dont nous nous inspirons. "C’est bien beau de chercher l’exotisme ailleurs, de regarder le monde avec passion, d’en garder le meilleur, mais que peut-on donner en échange si l’on ne sait rien sur le sien ?".

Mais ce site n’en est pas pour autant un musée des langues françaises ! Son but premier est la présentation de talents déjà confirmés et la mise en valeur d’artistes plus jeunes, mais qui, en utilisant la richesse linguistique de leur région, leur permet "de ne pas se replier sur elle-même et de s’ouvrir aux musiques du monde ". Car la France regorge de musiciens passionnés par leur patrimoine régional. Une fascination qui ne date pas d’hier puisque "des gens de 30-40 ans sont fascinés par des Alan Stivell, qui eux-mêmes ont débuté en se calant sur la folk music américaine et qui, après avoir voulu l’imiter, se sont demandés pourquoi ils ne pouvaient pas faire la même chose avec les dons de leur région". Serge Hureau cite ainsi en exemple les Fabulous Troubadours de Toulouse, Erick Marchand en Bretagne ou le Massilia Sound System de Marseille. "La création artistique puise dans la tradition mais est plus d’avant-garde que jamais ! Samuel Karpiena, avec son groupe Dupain, chante en occitan sur des sons électro ! Il serait dommage de se priver de cela ! ".

L’accueil réservé au site "Langues de France en chansons" est pour l’instant très chaleureux. Des réactions plus politiques sur le rôle que devraient jouer ou non les langues régionales au sein de l’Hexagone se sont évidemment fait entendre, mais Serge Hureau leur rétorque que "ce qui importe, c’est la musique, c’est la chanson". Le petit train continuera donc son chemin sur les rails de la francophonie, avec, en tête, le projet d’une grande fête qui réunirait toutes les langues présentées par le site et serait "à la hauteur de l’investissement offert par tous ces artistes pour la France et ses multiples visages". Pourquoi pas un hymne national entièrement composé des langues de France, puisque pour Serge Hureau, initiateur du projet, "c’est la force d’une chanson, de parler de tout "?

Virginie Le Baler