Émilie Simon
Depuis plusieurs mois en tournée, la jeune Emilie Simon séduit son public et s'installe peu à peu dans le paysage de la chanson française avec une formule entre electro et chanson, portée par une voix aérienne et des compositions subtiles. Retour sur la sortie de son dernier disque Végétal.
Artiste d'avenir
Depuis plusieurs mois en tournée, la jeune Emilie Simon séduit son public et s'installe peu à peu dans le paysage de la chanson française avec une formule entre electro et chanson, portée par une voix aérienne et des compositions subtiles. Retour sur la sortie de son dernier disque Végétal.
RFI Musique : Le film La Marche de l’Empereur a rencontré un surprenant succès en France comme à l’étranger. Quelles en ont été les conséquences pour vous ?
Émilie Simon : Cela a eu de très bonnes répercussions au niveau international et m’a permis de voyager pour présenter la musique du film. Notamment au Japon où elle a remporté un gros succès. La Chine, la Corée du Sud ou les pays scandinaves ont également très bien accueilli la bande originale.
Composer pour la première fois une musique de film, près de 70 minutes au total, représentait un beau défi, je souhaitais le faire au moins une fois dans ma carrière. Cela m’a donné envie de revenir à mon dernier album que j’étais en train de composer au moment où l’équipe du film m’a sollicitée. C’était agréable de retourner dans mon home-studio, de me ressourcer après toute cette expérience.
Votre musique a été écartée dans la version du film diffusée aux Etats-Unis. Quelle a été votre première réaction ?
J’ai d’abord cru à une mauvaise blague ! Ma deuxième réaction a été de me dire que jamais l’équipe du film ne pourrait laisser faire cela. Mais j’ai été déçue de constater que ce n’était pas une blague et qu’on laissait faire en me disant que cela était monnaie courante aux États-Unis. Ceci dit, devant le succès rencontré par le film aux Etats-Unis, j’ai envie qu’il se développe, avec ou sans ma musique…
Comment s’est déroulée la gestation de ce troisième album ?
Pour Végétal, j’ai travaillé seule, contrairement à mon premier album. Cela m’est cher car c’est un peu mon baromètre de créativité. J’aime bien me dire que je n’ai besoin de personne pour avoir des idées, que si je n’ai pas d’idées je dois me remettre en question… Au final, il y avait près de vingt chansons, seules treize ont été retenues sur l’album.
Il y a toujours ces échantillons de sons réels, Végétal semble plus acoustique…
Je ne considère pas que Végétal soit un album moins électronique que les deux premiers, car toute la matière brute que j’utilise est très très organisée. J’ai essayé de conserver l’aspect rugueux des matières, leur personnalité, un peu comme si on pouvait les toucher. C’est pour cette raison que l’album peut sembler plus acoustique que les précédents. J’ai retravaillé les sons, je les ai aiguisés. J’avais envie de les voir se comporter comme une matière vivante, quelque chose qui grouille, qui respire, qui palpite… Par exemple, sur En Cendres, qui clôt l’album, la rythmique est construite à partir d’enregistrements de bruits de feu. J’ai isolé des moments qui m’apparaissaient très musicaux, qui sont devenus la rythmique du morceau, son épine dorsale.
Est-ce que l’on vous enferme dans une famille musicale ? Y a-t-il de fausses parentés ?
Non, je n’ai pas l’impression d’être mal comprise. Et cela ne me dérange pas que l’on me compare à d’autres artistes pour me situer aux yeux de gens qui ne connaissent pas. Car on rappelle toujours que j’ai une démarche personnelle et que je travaille seule en studio. En disant cela, on dit déjà beaucoup sur ma façon de concevoir la musique.
On me compare souvent à Björk ou Kate Bush, pour le côté jeune fille qui compose une musique un peu différente avec des machines, avec un grand souci de la production. Mais on ne m’a jamais comparée à Cindy Lauper, alors que je l’adore également ! Je ne sais pas quelle est ma famille.
Comment s’effectue le passage du travail en solo du disque à l’expérience collective de la scène ?
Très naturellement. Végétal est un album assez compact et cohérent, c’est un même univers très riche, avec des liens de parenté entre les morceaux. À l’inverse du premier album, dans lequel on passait d’un univers à un autre, un peu comme des petites planètes toutes différentes.
Sur scène, nous sommes cinq. Il y a Cyrille Brissot qui s’occupe de tout ce qui est traitement du son et électronique, Cyril Hernandez est percussionniste, il joue sur plein de matières surprenantes, Arnaud Crozatier est violoncelliste tandis que Stephen Charon est guitariste et bassiste.
Émilie Simon Végétal (Barclay/Universal) 2006.
A l’Olympia à Paris le 19 septembre 2006