Atypiquement vôtre

Nuits Atypiques de Langon 2006

Pour leur quinzième édition, les Nuits Atypiques de Langon ont réussi malgré le mauvais temps, à relever le pari de la diversité avec une programmation éclectique, entre ici et ailleurs, Occitanie et reste du monde...

Après les très grosses chaleurs des derniers jours, ce jeudi 27 juillet, le ciel continue de s’assombrir et l’air de s’épaissir. Mais la centaine d’habitués ou de curieux venus à Langon (Gironde) pour la quinzième édition des Nuits Atypiques..

Après les très grosses chaleurs des derniers jours, ce jeudi 27 juillet, le ciel continue de s’assombrir et l’air de s’épaissir. Mais la centaine d’habitués ou de curieux venus à Langon (Gironde) pour la quinzième édition des Nuits Atypiques a décidé de ne pas y prêter attention. Mieux vaut se concentrer sur la belle programmation de la soirée, typiquement atypique, pourrait-on dire... 

En ouverture, dialogue intime entre la vielle à roue de Pascal Lefeuvre et le oud de Driss El Maloumi, une création franco-marocaine commandée par le festival. Ce duo symbole entre Orient et Occident suspend le temps... jusqu’au moment où la météo s’en mêle. Pluie fine d’abord. On installe un parasol pour protéger les musiciens. Grand vent ensuite. On s’empresse de retirer le même parasol qui menace sérieusement de s’envoler. A la fin du concert, le verdict tombe : "avis de tempête", le reste de la soirée est annulé, les billets seront échangés ou remboursés. Le public venu en masse applaudir Gilberto Gil, le tropicaliste brésilien siffle. Mais pas de tergiversations possibles : il pleuvra sans discontinuer de 21h à 2h du matin... "C’est le risque d’un festival de plein air" assure Patrick Lavaud, le directeur du festival qui en a vu d’autres en quinze années d’activisme culturel optimiste. Alors malgré cette ouverture atypique, cette quinzième édition aura tout de même bel et bien lieu !

Cette année, les Nuits ont retrouvé leurs trois scènes, réduites à une l’année dernière pour cause de restrictions budgétaires. Les conférences sur la diversité culturelle, films, débats et les invités (Aminata Traoré, José Bové) montrent combien le festival mérite toujours autant son nom. La programmation, éclectique, raconte aussi ce parti pris de la différence : créations, duos improbables, découvertes, jeunes pousses ou têtes d’affiche, ni en promotion, ni vraiment en tournée...

L’exemple de Simon Nwambeben artiste atypique venu l’année dernière seul avec sa guitare est édifiant. Il revient un an plus tard avec un album signé chez Daqui, le label des Nuits Atypiques et une formation plus étoffée diffuser ses bonnes vibrations au public. Ensuite, et dans l’ordre, Goran Bregovic et son Orchestre des mariages et des enterrements des Balkans, les Roudaniates venues tout droit du Maroc, la diva du Wassoulou (Mali) Nahawa Doumbia, le Brésilien Hamilton de Holanda, ou le grand Fémi Kuti...

Mais, comme aux Nuits la musique du monde est autant locale qu’internationale ; on découvre ainsi avec plaisir et étonnement les Occitans italiens de Lou Dalfin, vraie surprise du festival ou la création des Toulousains de l’Amestoy trio et du truculent André Minvielle. A Langon, la musique est politique, engagée, elle raconte les sociétés d’ici et celles d’ailleurs. Et c’est sans doute cela, -considérer la musique comme l’encyclopédie des sociétés-, qui donne au festival toute sa spontanéité et sa profondeur.

E.Chabasseur