Sziget 2006

L’île aux trésors

Du 9 au 16 août 2006, l’île d'Obudai est pour la quatorzième fois, le théâtre du festival Sziget en Hongrie. Cette île, située au coeur de Budapest, accueille chaque année ce qui est désormais devenu, "le plus grand festival d’Europe".

"Le Sziget, c’est un Woodstock bien organisé". Cette remarque d’un festivalier francais décrit bien l’ambiance qui règne pendant une semaine sur l’île d’Obudai à Budapest en Hongrie. Elle est, en effet, le lieu de rendez-vous de nombreux jeunes (et moins jeunes) Européens chaque été, mais surtout un festival où la démesure est reine. Cette année, entre 50 et 70000 personnes ont arpenté chaque jour les allées du Sziget.

Marathon musical

Cette "ville musicale" ne s’arrete jamais. Elle est en éveil 24h/24h et diffuse son énergie dans tout Budapest. Une vingtaine de scènes, accueillant des artistes d’une quarantaine de pays, est répartie sur toute l’étendue de l’île, soit 120 hectares entièrement dédiés à la musique et aux festivaliers. Ceux-ci réalisent quotidiennement un marathon pour courir d’un lieu a l’autre : il faut, au minimum 45 minutes pour parcourir l’île sur toute sa longueur. Si les allées sont dégagées ! Ce qui est rarement le cas.

Beaucoup de festivaliers vivent une semaine entière sur l’ile, pratiquement sans sortir de cette citadelle. Tout est prevu pour leur permettre de vivre au rythme Sziget. Des campings créés pour l’occasion permettent de se reposer entre les concerts et deux supermarchés sont ouverts 24h/24h dans l’enceinte meme du festival.. Si le hongrois est la langue officielle sur l’île, le Sziget est un événement international. La moitié des festivaliers sont étrangers. Parmi eux, les Francais sont les plus nombreux : environ 9000 cette année (ils étaient moins de 100 en 2002 !). Ils côtoient des Allemands, des Autrichiens, des Anglais, des Italiens, des Russes, des Norvégiens, des Suédois… Un Babel musical qui se reflète immanquablement dans la programmation.

Un rendez-vous incontournable

L’affiche de cette 14e édition était, comme toujours, tres éclectique. Au total, 200 artistes internationaux se sont produit durant la semaine. En vedette, sur la scène principale : Franz Ferdinand, Placebo et Radiohead. Plusieurs scènes thématiques proposaient électro, hip hop, hard-rock, tsigane, jazz, blues… L’une d’entre elles, entièrement consacrée aux musiques du monde, a accueilli de nombreux groupes et artistes francophones : Tiken Jah Fakoly, Cheb Mami, Manu Dibango (invité par l’Italien Enzo Avitabile), Toumani Diabaté et le Symmetric Orchestra, les Boukakes, Orange Blossom… La majorité d’entre eux venait pour la première fois au festival et découvrait l’événement avec curiosité.

Ainsi, Cheb Mami, qui avait déja joué en Hongrie mais jamais au Sziget, n’a pas hésité un seul instant à repondre à l’invitation des organisateurs : "Ici, le public ne me connaît pas et c’est justement cela qui est excitant. Au debut de ma carrière, le raï était encore peu connu et je préférais jouer devant des membres de ma communauté. Aujourd’hui, c’est différent. J’apprécie beaucoup de voir un public qui hésite, qui attend les premiers moments pour connaitre ma musique et décider de participer ou non." Confirmation le soir de son concert : le "Petit Prince du raï" se produisait devant un public nombreux mais loin d’être acquis : les curieux l’emportaient sur les fans de la première heure. Pas de youyous dans la foule mais des applaudissements de plus en plus nourris. "Aller à la découverte de nouveaux publics est impressionnant et j’adore avoir peur ! Cela me donne de l’adrenaline supplémentaire. Et après vingt ans de carrière, pourquoi continuer à chanter si l’on ne découvre plus rien, si l’on ne séduit pas de nouveaux publics ?"

Une fois de plus, le Sziget a permis a des artistes algériens, maliens, francais, ivoiriens… de chanter et de jouer, d’aller à la rencontre d’un public européen... et de gagner de nouveaux fans. Une aubaine que chacun d’entre eux a savourée.