Bienvenue au Bout du Monde !
7e édition du festival du Bout du Monde
En plein cœur de la presqu’île de Crozon, dans le Finistère, le Bout du Monde, c’est ici et pour trois jours, du 11 au 13 août. Mais encore faut-il y arriver ! Après avoir traversé des champs de voitures et des hectares de tentes de camping, nous y sommes enfin. La réputation festive du public breton, ainsi que la programmation, bien équilibrée entre entre découvertes et têtes d’affiches, laisse présager quelques bonnes surprises.
Vendredi soir, David Walters joue sur la scène Kermarrec –la plus conviviale-, un brillant concert d’équilibriste, entre rythmes et improvisations risquées.
Ensuite, Robert Plant redonne à sa voix les notes de noblesse des grandes années...n’hésitant pas à revisiter le répertoire de Led Zeppelin ou de s’aventurer vers un blues profond. Mais la foule qui attend sur la grande esplanade n’est pas venue uniquement pour la légende du rock, elle attend en effet avec impatience le roi de la balade sénégalaise, Ismaël Lô, présent au Bout du Monde pour une unique date estivale en France. Il ouvre son concert sur des mbalaax entraînants, avant de revenir à son répertoire habituel, plus tranquille...Dans le public, aux drapeaux bretons qui claquent dans le vent, s’ajoute celui du Sénégal.
Le samedi est une grosse journée : les concerts débutent à 15 heures et se terminent à 3 heures du matin ! Parmi les immanquables figurent l’Algérienne Souad Massi, le Sénégalais Cheikh Lô et ses fructueuses errances entre Sénégal et Brésil, les rythmes entraînants de l’Angolais Bonga, et le maloya réunionnais de Danyel Waro (acclamé avant même son entrée sur scène)....
Mais, ici, au bout du monde et au cœur du Finistère, la terre la plus bretonnante de Bretagne, c’est bien sûr Alan Stivell qui reste la tête d’affiche locale du jour. Bien avant le début du concert, des milliers de personnes s’agglutinent devant la scène, prêts à chanter les tubes celtiques du fils de Bretagne...Mais ce sera peine perdue : Alan Stivell apparaît dans un halo de lumière bleutée et livre un concert sans chaleur. Déception palpable dans le public. Du coup, pour renouer avec le terroir breton, on boit un verre, en attendant la suite...
Les frustrés du concert de la veille ne le seront pas longtemps. Norkst, la formation de seize musiciens qui ouvre la journée de dimanche sur la décidément très sympathique scène Landaoudec, s’impose comme la vraie découverte du festival. Issus de la Kreizh-Breizh Academi, les musiciens bretons du groupe ont approfondi sous la direction d’Erik Marchand le répertoire breton populaire en l’enrichissant de sonorités traditionnelles d’autres régions d’Europe (Macédoine, Crète, Balkans...). Pleine de vérité et d’émotion, leur musique n’en est pas moins spontanée et entraîne le public dans une danse endiablée de fest noz, la gavotte. Puis changement radical d’ambiance pour les immenses concerts de Bénabar ou de Jonnhy Clegg, foule en délire, dizaines de milliers de personnes...
Mais c’est encore sur une scène plus intime, celle du chapiteau, qu’on tombe sur une jolie découverte, celle de Rossy, accordéoniste malgache, proche de la Bretagne et de ses sonorités qui n’hésite pas à faire monter sur scène trois joueurs de biniou. La bonne humeur contagieuse de Rossy conquiert le public : succès fou dans la salle. En effet, à Crozon, si les 57000 festivaliers promènent, du bout de la presqu’île leur regard sur le reste du monde, ils sont aussi fiers de contempler d’ici leur belle terre de Bretagne…
Eglantine Chabasseur