Le <i>Junction</i> électrise Bali

Festival électro en Indonésie

La deuxième édition du festival de musique électronique Junction s’est déroulée sur l’île indonésienne de Bali du 24 au 26 août.  Trois DJs français (Gregory, Matt’Samo, Michell) et un suisse romand (Mandrax) étaient présents. Les artistes ont enflammé les clubs les plus réputés de l’île et mixé avec des DJs indonésiens. Les organisateurs espèrent que ces rencontres pourront déboucher sur des créations communes.


Le Junction a débuté par une histoire d’amitié. En 2004, DJ Anton, une référence de la scène électronique indonésienne, rencontre Gianluigi Sorcinelli, un expatrié suisse passionné de house musique.

Les deux hommes veulent amener des DJs étrangers en Indonésie. Gianluigi, un parfait francophone, persuade DJ Gregory, une star de la nuit parisienne, de venir mixer dans un club de Jakarta. "On a senti un réel engouement", se souvient DJ Anton. "Le public, dont les références musicales sont surtout anglo-saxonnes, voulaient en savoir davantage sur la French touch". Sa curiosité sera satisfaite. En 2005, Anton et Gianluigi organisent la première édition du Junction. L’évènement se déroule à Bali, le joyaux touristique indonésien. "Ce choix s’est imposé naturellement", explique Gianluigi. "Cette île a su préserver sa culture sans se fermer aux influences étrangères, elle  a toujours été un lieu de mixité".

Le premier festival accueille deux artistes français (DJ Gregory et DJ Matt’Samo) et deux Indonésiens. Près de deux milles personnes – Balinais, Indonésiens ou touristes étrangers –répondent présent aux rendez-vous fixés sur les plages ou dans les clubs les plus réputés de l’île. "Nous avons décidé d’en faire un évènement annuel", dit Gianluigi qui a réussi à mobiliser une dizaine de sponsors pour financer la deuxième édition du festival. Conçu au départ comme une rencontre musicale franco-indonésienne, le Junction version 2006 s’est internationalisé. Les francophones étaient encore majoritaires (Gregory, Matt’Samo, Michell, Mandrax) mais ils ont partagés les platines avec un New-Yorkais (Nicolas Matar), une Japonaise (Kaori), une Suédoise (Niina) et trois Indonésiens (Anton, Hogi, Deep Sound Community).

Le festival, qui a duré trois jours, a investi des lieux très en vogue. La plage du luxueux hôtel Tugu pour les Sunset party, les discothèques Ku De Ta et Hu’Bar pour les Night event et le F Lounge, un club plus underground, pour les after hours. Le public était encore au rendez-vous. "C’est la deuxième année que je participe et je reviendrai l’année prochaine", affirme Santi, une Indonésienne de Jakarta. "C’est incroyable de voir autant de DJs réunis dans cette île", ajoute son fiancé australien, la chemise trempée de sueur.

Les artistes sont également ravis. DJ Michell est "heureux d’avoir pu donner du plaisir aux gens" et envisage de revenir. "Ça m’a donné envie de travailler loin d’un studio parisien (…) de mesurer l’impact que pourrait avoir un environnement tropical et asiatique sur ma musique."  Matt’Samo a déjà ouvert la voie. Il s’intéresse depuis deux ans à la musique traditionnelle balinaise. Ses rythmes lancinants et syncopés racontent les grands voyages initiatiques de l’hindouisme, transposés selon les codes locaux. "Il y a une dimension mystique très intéressante", dit Matt’Samo. Gianluigi, qui veut réunir tous les DJs dans un même studio, s’en réjouit. "Junction n’est pas un simple festival de musique. Il doit être aussi une passerelle artistique entre l’Occident et l’Extrême Orient".

Josselin Grange