Vu d'ailleurs septembre 2006
Derrière l’infatigable Charles Aznavour, les artistes français partent à la reconquête des salles américaines. Cependant, de l’autre côté de l’Atlantique, Charlotte Gainsbourg, redevenue chanteuse, part à l’assaut de l’Europe.
La nuit américaine
Derrière l’infatigable Charles Aznavour, les artistes français partent à la reconquête des salles américaines. Cependant, de l’autre côté de l’Atlantique, Charlotte Gainsbourg, redevenue chanteuse, part à l’assaut de l’Europe.
Increvable Aznavour ! "Il est venu à Ellis Island, en 1948, un jeune chanteur Français d’origine arménienne, qui avait une fois vendu de faux bas de soie à des soldats nazis, un artiste émergeant sans visa mais avec le rêve de jouer en Amérique", rappelle le San Francisco Gate (6/9). "Quelque six décennies, 60 films et 740 chansons plus tard, Charles Aznavour revient ce mois-ci aux Etats-Unis pour une série de concerts" présentée comme "une tournée d’adieu". Pourtant, la retraite aux flambeaux ne semble pas pour bientôt ; Charles Aznavour compte encore profiter à plein, du temps qui lui reste. "Je n’ai pas le temps", confiait-il au San Francisco Gate. "J’ai 82 ans et j’ai encore 20, 25 ou 35 années à vivre. Je suis un optimiste mais vraiment, ce n’est pas beaucoup !". "Après avoir tourné en Allemagne et au Japon, il se concentre maintenant sur les pays anglophones avant d’aller jouer dans les pays hispaniques", ajoute le quotidien. Après sa tournée américaine, l’artiste globe-trotter, qui accompagnera le couple Chirac en visite en Arménie le 29 septembre prochain, "a annoncé son projet de se rendre à Cuba pour enregistrer un disque avec le pianiste cubain Chucho Valdéz", selon l’agence de presse officielle Gramma (22/8).
Née dans le Connecticut de parents français, Arielle Dombasle n’avait jamais vraiment percé aux Etats-Unis. Jusqu’à présent, l’actrice s’était surtout distinguée "pour son apparition, en 1984, dans la mini-série Lace, où elle jouait le rôle d’une prostituée", glousse le New Yorker (11/9). Pire, "Mrs. B.H.L." y est moins connue que son mari, "le philosophe et journaliste Bernard-Henri Levy", dont "le livre le plus récent, American Vertigo", sorti il y a quelques mois, est "le premier best-seller américain". Diva Dombasle se devait donc de relever le défi. C’est chose faite, "elle s’apprête à présenter une autre facette de sa personnalité artistique : celle de chanteuse. L’autre nuit, Dombasle répétait dans un studio d’enregistrement avec le New York Big Band, qui l’accompagnera au Supper Club", à Broadway, où elle passera en revue "les tubes des années 1940 et 1950". Lever de rideau le 20 septembre prochain.
Superstar en Amérique latine, Manu Chao "a finalement conquis les Etats-Unis" cet été, note le journal vénézuélien El Observador (10/8). "Ce Français, d'origine espagnole, dont la musique a dépassé des frontières non seulement géographiques, mais aussi politiques et idéologiques" n’avait jamais dépassé le stade d’un succès confidentiel sur ce "marché revêche". "Aujourd'hui, ses prêches d'amour ont conquis la Grosse Pomme (…) clôturant à New York sa tournée nord-américaine", couronnée d’un franc succès. Plus surprenant, les œuvres françaises de musique classique bénéficient d’hommages de la part d’artistes américains. En septembre, le "Los Angeles Philharmonic proposera au Hollywood Bowl un programme français composé de pièces célèbres de Saint-Saëns, Bizet, Dukas et Ravel" (Los Angeles Times, 9/9). Auparavant, à Washington, le Randolph Road Theatre "a ouvert sa quatrième saison avec Salut la France, un concert d’airs et d’ensembles tirés d’opéras français", comme l’inévitable Carmen de Bizet et La Fille du régiment, de Donizetti (Washington Post, 11/9).
Pendant que beaucoup louchent vers les States, d’autres préparent leur assaut sur la vieille Europe. Charlotte Gainsbourg en est le meilleur exemple. Son premier album depuis 20 ans (c’était Charlotte For Ever avec papa Serge, peu après le scandale Lemon Incest), 5:55 (Because Music), est dans les bacs depuis fin août. Pour le Guardian (Angleterre, 1/9), 5:55 est un disque "révérencieux", qui bénéficie des "mélodies exquises" griffées Dunckel-Godin (alias Air) et de "la qualité des compositions – taillées sur mesure par Jarvis Cocker (Pulp), Air et parfois Neil Hannon (Divine Comedy)", renchérit Le Devoir (Canada, 28/8). "Ici, les titres ne sont pas un hommage direct à Gainsbourg Sr., mais son fantôme n’est jamais loin." "Courageuse Charlotte", ironise le Tagesspiegel (Allemagne, 8/9). "La fille du grand Serge ne peut pas chanter. Ou plutôt : Charlotte Gainsbourg peut chanter ou pas, d’une façon peu claire, parce qu’elle n’essaye pas du tout (…) elle n’a même pas de voix". La fille de son père. CQFD. Quel que soit l’accueil reçu, 5:55 a déjà eu les honneurs de toute la presse européenne, jusqu’en Norvège (VG, 12/9) et au Danemark (Berlingske Tidende, 27/8).