Elli Medeiros vampe le rock

Sex-symbol des années punk, avec les Stinky Toys, puis des années electro-pop avec Elli & Jacno, ex-idole des eighties avec le latino Toi mon toit, Elli Medeiros semblait s’être définitivement dévouée au cinéma. Mais voilà qu’une série de concerts pré-estivaux annonçaient un retour au rock’n’roll le plus rageur, une entreprise concrétisée par un album enregistré sous la férule d’Etienne Daho.

Des concerts et un album pour Elli

Sex-symbol des années punk, avec les Stinky Toys, puis des années electro-pop avec Elli & Jacno, ex-idole des eighties avec le latino Toi mon toit, Elli Medeiros semblait s’être définitivement dévouée au cinéma. Mais voilà qu’une série de concerts pré-estivaux annonçaient un retour au rock’n’roll le plus rageur, une entreprise concrétisée par un album enregistré sous la férule d’Etienne Daho.

RFI Musique : Comment s’est décidé ce retour à tes premières amours ?
Elli Medeiros : J’ai dîné avec Etienne, pour fêter nos 25 ans d’amitié, et il m’a fait une proposition, pas préméditée, de faire un disque. On a vécu tellement de choses ensemble et chacun de notre côté… J’étais un peu calmée de mes ambitions de faire du cinéma, qui étaient nées d’une espèce de frustration, et j’avais envie de rechanter. Ce n’était pas dans ses cordes de m’aider dans un projet latino, mais dans un truc rock, à l’arrache, comme lorsqu’il m’avait connue au début. Il était OK. On s’est dit : “on y va”, et on l’a fait.

Tout n’est pas pour autant dans la veine “rock énervé”, même si la couleur générale est très électrique ?
Il y a des ambiances différentes, mais avec une cohérence. Je chante en français, en anglais et en espagnol, le tout organisé autour d’une formation basse, batterie, guitare. Le côté latin est intégré dans tout ça, comme il l’était dans les Toys. Dans les années 1980, j’ai eu envie d’explorer une partie de mes racines. En Uruguay, on entend une musique latine plus proche de l’Afrique. Je pense avoir trouvé le dosage qui correspond à ma réalité.

Qui t’accompagne sur ce projet ?
L’album s’est fait avec Maco, qui a beaucoup travaillé avec Etienne. Je suis très proche de lui, dans le délire reggae, dub, l’Afrique, et le désir d’expérimenter, d’aller à l’aventure. Vincent Mounier, je l’ai connu il y a mille ans, il a ensuite travaillé avec Etienne, et on s’est tous retrouvés. Il est plus dans la pop, mais il aime aussi les grosses guitares. Il est ravi d’avoir un véhicule pour exprimer sa rage. Et puis les musiciens d’Etienne sont venus bosser avec nous en toute confiance. On n’avait pas d’argent, pas de contrat, mais on pouvait compter sur eux. Il y a eu un miracle, on s’est retrouvé comme un groupe. On a joué live en studio. C’était une expérience forte pour nous tous.

Tu n’a pas attendu la sortie de l’album pour attaquer la scène ?
L’album, c’est le point de départ. On continue d’avancer à partir de ça, pour évoluer. Je prévois de faire beaucoup de concerts, on a déjà fait le Plan à Ris-Orangis, Clermont et Paris pour le festival Les femmes s’en mêlent. J’avais fait un peu de concerts après Bom Bom, en 1987, mais à l’époque personne n’en avait rien à faire dans la maison de disques : il y avait des millions d’émissions de télé, ça servait à faire vendre les disques. J’avais monté un groupe alors qu’on ne me demandait rien. Toi mon toit cartonnait en France et on se retrouvait, anonymes, dans des clubs en Hollande. J’ai même fait un jour la première partie de James Brown !

Quelle Elli les gens viennent-ils voir ?
Des gens qui ont connu les Toys, des gens d’Elli & Jacno, des gens de Toi mon toit... Et en même temps, ils viennent tous sans savoir à quoi s’attendre. Ceux qui sont venus lors de ces trois dates ne savaient pas ce qu’il allait leur arriver. On fait un set de 45 minutes, et il y a un morceau et demi qu’ils connaissent. Les rares qui ont connu les Toys peuvent éventuellement reconnaître les trois morceaux que je reprends, dans de nouvelles versions.

Qui a composé ces nouvelles chansons ?
Les textes, c’est toujours moi. Les musiques, ce sont des collaborations avec les musiciens de l’album. Etienne a co-signé deux titres. Il y a une formule de groupe. Comme au temps des Toys : à cause de nos limites et du son qu’on avait, même une reprise devenait du Stinky Toys ! J’ai un ami réalisateur qui a un projet de long-métrage, et qui voulait que je fasse le thème du film, donc on a repris My heart belongs to daddy avec Etienne, en duo, et on l’a mis sur l’album parce qu’elle allait bien avec le reste.

Vas-tu mettre un frein sur le cinéma ?
J’avais envie d’explorer ce truc d’acteur. J’ai démarré une carrière d’actrice à l’âge où les actrices se disent qu’il n’y a plus de boulot pour elles ! C’était gonflé, mais on est là pour se marrer dans la vie. Je fais beaucoup de courts-métrages, parce que j’adore l’énergie des gens qui démarrent. Si des réalisateurs ont assez envie de moi pour venir me proposer des projets, je ne suis pas 18 mois sur la route comme les Stones ! Donc je dois pouvoir me démerder pour tourner.

As-tu l’impression d’un retour aux sources, tout de même ?
Sur le papier, un truc rock’n’roll avec moi, c’était dur à vendre. On l’a fait dans des conditions précaires, pour y aller à l’énergie, pour être au bord du précipice, et les gens de V2 nous suivaient là-dessus, ils ont continué à y croire à chaque étape. Je veux garder cette énergie. Je ris beaucoup, mais je suis énervée en même temps. On a été très “youpi” dans les années 1980, mais le monde a évolué, avec des choses très énervantes, alors il faut y aller. Je suis partie, j’ai laissé la place, personne ne l’a prise. Donc je viens reprendre ma place.

Elli Medeiros For you (V2) 2006
Elli Medeiros sera en concert les 9, 16 et 23 octobre 2006 au Nouveau Casino à Paris