Vincent Delerm

Les Piqûres d’araignée

Première dissertation de l’année :  "Peut-on s’épanouir dans la nostalgie ?" Vous illustrerez votre réflexion à l’aide d’exemples tirés de la troisième oeuvre de Vincent Delerm, Les piqûres d’araignée. Vous avez 42 minutes.

Au début de l’an 2000,Vincent Delerm s’est imposé comme le chef de file des chanteurs nostalgiques tendance veste côtelée. Si certains thèmes abordés restent datés (le sibyllin Les jambes de Steffi Graf), l’auteur conjugue maintenant ses textes au présent. Pour le meilleur, sur Ambroise Paré où il aborde de façon glaçante le quotidien d’un malade en hôpital. Et le pire, avec Il fait si beau, chronique des petits moments de folie sublimée à l’arrivée du beau temps. En témoigne cet extrait signifiant : "Il fait si beau mon amour, soleil à tel point que j’ai pris rendez-vous pour un bilan sanguin." 

Si les textes s’éloignent du passé, l’orchestration nous y ramène en revanche à grand pas. Le Français a enregistré en Suède, en compagnie du musicien Peter Von Poehl. Un beau diable scandinave qui manipule à merveille une palanquée d’instruments surannés comme le glockenspiel. Autant de sirènes qui vous happent vers un attirant cocon sixties. Comme un bêta on se surprend à chantonner "palapapa" sur le refrain de Je t’ai même pas dit. La musique ne sert plus seulement d’accompagnement, le chant se fait moins maniéré. Sur le rafraîchissant Sous les avalanches, on goutte le bonheur d’une ballade printanière, simplement entraînante.

Invité de marque, Neil Hannon se livre à un duo haut en couleur, avec un Vincent Delerm à l’accent anglais parfaitement déculpabilisant. À l’image de l’esthète de Divine Comedy, le Français revisite à l’infini son propre style avec, quelques fois, un effet saisissant. Comme une "madeleine de Proust", mais dans l’oreille.

Vincent Delerm Les piqûres d’araignée (Tôt ou Tard) 2006
En concert à La Cigale, à Paris, à partir du 21 novembre et en tournée dans toute la France.