Gainsbourg reggae-dub party
A ceux qui seraient passés à côté de la période reggae de Gainsbourg, le Glaz’Art proposait hier une séance de rattrapage… Au programme, photos, projections et concerts de deux artistes estampillés dub : l’un bien connu pour avoir remixé les trois albums reggae du grand Serge (Bruno Blum), l’autre à découvrir (Molecule).
Soirée hommage au Glaz'Art
A ceux qui seraient passés à côté de la période reggae de Gainsbourg, le Glaz’Art proposait hier une séance de rattrapage… Au programme, photos, projections et concerts de deux artistes estampillés dub : l’un bien connu pour avoir remixé les trois albums reggae du grand Serge (Bruno Blum), l’autre à découvrir (Molecule).
Ce n’est pas tout à fait la Jamaïque mais on s’y croirait presque. Devant la salle parisienne du Glaz’Art - sise à deux pas du périph’- du sable et en fond sonore, du reggae. A l’entrée, quelques rastamen, des minettes et leurs chéris, des quinquas et un ou deux supporters de l’équipe de foot jamaïcaine. A l’intérieur, des écrans sur lesquels défilent des vidéos tournées en Jamaïque dans les 1970's et des photos de Gainsbourg signées Pierre Terrasson.
22h30 viennent de sonner quand le premier concert de cette insolite Gainsbourg reggae dub party démarre. Sur les planches, Molecule, jeune pousse du dub français, venu présenter son premier album et rendre ainsi hommage à la facette dub de l’homme à la tête de chou.
Compositeur et arrangeur, le jeune homme - qui cuisine à la sauce dub reggae, électro et hip-hop - officie derrière un écran d’ordinateur. Une main sur la souris, l’autre en vadrouille sur la centaine de boutons qui commandent ses sons électroniques et acoustiques. Après une intro toute en douceur, il libère la grosse caisse et une ribambelle d’effets sonores, entre basses organiques et mélopées aériennes.
D’un coin de scène surgit alors Zig-Zag, l’un de ses acolytes toasters. Il balance (entre autres) un Truth and Light solaire et élastique, avant de laisser place à la voix rauque et saccadée de Runigga. C’est ensuite celle de Gainsbourg que l’oreille reconnaît. Elle chante Et si elle sur une version dub que le poète-chanteur – fan des distorsions jamaïquaines qu’il était – n’aurait point reniée. Dans la salle, les popotins s’activent. Comme si l’énergie de ce tête-à-tête musical entre deux générations d’artistes était communicative.
La révérence de Molécule tirée, c’est au tour de Bruno Blum et de son groupe Dub de luxe d’entrer dans l’arène. Ce spécialiste du reggae, qui a remixé les trois albums reggae (et leurs versions dub) de Gainsbourg (Aux armes et cætera, Mauvaises nouvelles des étoiles, Enregistrement Public au Théâtre Le Palace), est attendu au tournant.
Guitare en bandoulière, veste noire, chemise blanche, ourlets relevés sur des chaussures pointues : il détonne avec son look de chanteur de rock des années 1950… Mais il s’en moque ! Sûr de lui, il entame son set par ses compositions (13 juillet, La Martiniquaise, Sous la douche) "inspirées de celles de Gainsbourg" mais qui n’en sont pas. Le public ne lui fait pas de cadeau : "On veut du reggae, on veut du Gainsbourg !", commencent à réclamer certains. Alors B.B (comme il s’est surnommé en début de concert) s’exécute. Avec ses quatre musiciens et sa jolie choriste, il chante Lola rastaquouere. En anglais, s’il vous plaît ! Les spots colorés, le refrain repris par le public : l’ambiance est là, le rythme aussi…
Mais encore une fois, une voix s’élève : "Gainsbourg, c’est en français !". "Ah, c’est plus cher en français", plaisante Bruno Blum, mi-vexé mi-amusé. C’est donc reparti pour un tour de compos joyeuses. Puis viennent Vieille Canaille et l’entêtante Aux armes et cætera. Il faudra attendre que Bruno Blum se lance dans une reprise de War de Bob Marley (avec la lecture du texte que Hailé Selassié avait prononcé en 1963 aux Nations Unies) pour que le maître du remix gainsbourien fasse l’unanimité. Pas toujours facile de rendre hommage à son idole !
Molecule Part of you (Aktarus/Pias), à paraître le 16 octobre.
