Gérald Genty
Avec son humour ras des nénuphars et son insolence qui ne casse pas une patte à un crapaud, on aurait pu prédire un gros flop au deuxième album de Gérald Genty. Mais grâce à un filet de titres inespérés, ce disque intitulé Le plus grand chanteur de tout l’étang sort finalement la tête de l’eau. Chronique d’un exploit !
Le plus grand chanteur de tout l’étang
Avec son humour ras des nénuphars et son insolence qui ne casse pas une patte à un crapaud, on aurait pu prédire un gros flop au deuxième album de Gérald Genty. Mais grâce à un filet de titres inespérés, ce disque intitulé Le plus grand chanteur de tout l’étang sort finalement la tête de l’eau. Chronique d’un exploit !
Arrivé à la moitié de l’album, une question s’impose : "Qu’a-t-on bien pu faire dans une vie antérieure pour mériter telle punition ?" Des jeux de mots à faire rougir de honte l’almanach Vermot (Du Yoyo dans l’Ohio), une voix susurrée pastichant sans vergogne celle d’un Mathieu Boogaerts. Pas grand chose à sauver du naufrage, hormis Plaire, chanson franchement convaincante sur la folie du "toujours plus maigre" de la gent féminine.
Avec Un très mauvais steward, on pense enfin tenir le fin mot de l’histoire, Gérald confie dans le refrain : "Le mieux c’est que je reste à la guitare, de toute façon trop tard pour devenir quelqu’un autre." Musicien par défaut, pas facile…
A deux doigts de sortir la ciguë, la plage 10, Licence to kill, débute. Un renversement total de perception s’opère alors avec cette évocation de l’assassinat d’un jeune Brésilien dans le métro de Londres, à la suite des attentats du 7 juillet 2005. Un texte à la fois simple et tragique, porté par une pop lo-fi agrémentée de samples. On en reste sans voix. Trop heureux de voir que Le plus grand chanteur de tout l’étang est aussi capable de fond.
Y'me reste plus qu'un jour, titre rabelaisien sur nos désordres gastriques, clôt tout débat dans un éclat de rire irrépressible. Gérald Genty énerve lorsqu’il se complait dans cette facilité crasse, mais à l’écoute d’une poignée de ses perles, on ne peut s’empêcher de ressentir une indéfectible tendresse pour l’artiste. À la fin de son premier album Humble Héros, on se disait que le prochain serait beaucoup moins bancal. On n’y est pas encore mais on s’en rapproche, un peu plus.
Gérald Genty Le plus grand chanteur de tout l’étang (Wagram) 2006