Eté 67, le temps de la nostalgie

Eté 67, groupe belge aguerri, débarque à Paris pour un premier "vrai" concert donné dans le cadre des Nuits Belges à la Maroquinerie le 17 octobre. Composé de jeunes d'une vingtaine d'années, originaire d’Esneux près de Liège (est de la Belgique), Eté 67 chante en français mais profite de la percée de ses confrères anglophones, Girls in Hawaï et Ghinzu sur la scène musicale française. Interview. 

Des Belges en France

Eté 67, groupe belge aguerri, débarque à Paris pour un premier "vrai" concert donné dans le cadre des Nuits Belges à la Maroquinerie le 17 octobre. Composé de jeunes d'une vingtaine d'années, originaire d’Esneux près de Liège (est de la Belgique), Eté 67 chante en français mais profite de la percée de ses confrères anglophones, Girls in Hawaï et Ghinzu sur la scène musicale française. Interview. 

Eté 67, ce n’est pas votre date de naissance, donc ?
Non… Mais c’est venu tout aussi naturellement. C’est une référence à la musique qu’on écoutait quand on s’est rencontré. On était jeune, à l’école encore. Alors que la tendance était à la dance music, nous on préférait les Beatles, The Doors, Jimi Hendrix… Naturellement, ce sont ces morceaux-là qu’on a joués en premier. On faisait des reprises. Et, à bien y regarder, cet été 67 fut extrêmement riche, en bons disques. C’était aussi le temps de l’utopie. L’été des fleurs, de l’amour. Cet état d’esprit d’ouverture sur le monde nous touchait.

Un été moins présent aujourd’hui ?
Les choses ont changé, bien sûr. La tendance naturelle n’est pas à l’espoir et à l’amour invétéré. On n’est pas pour autant des nostalgiques. Tout n’était pas rose d’ailleurs dans cette époque. On l’idéalise consciemment. C’est davantage un clin d’œil.

Alors retour sur la naissance d’Eté 67, vous êtes encore au lycée …
On avait 14-15 ans alors. Le groupe n’avait pas d’autre ambition au départ que de se retrouver entre amis, à boire une bière, écouter de la musique et penser à autre chose que l’école. Petit à petit on a commencé à se produire dans les cafés de quartier, puis des cafés un peu plus grands et des petites salles. On a gagné le tremplin des Francofolies de Spa. Il y a trois ans. Ça été l’élément déclencheur. Notre premier album est sorti en Belgique en mars dernier chez Bang (label 30 février). Et on a fait environ 150 concerts. On joue ensemble depuis 7-8 ans. On est un vieux groupe, en fait.

Votre album, est-ce un album de rock ?
Oui, du rock en français. Mais on ne s’est pas imposé de barrières. Dans notre album, il y a des morceaux plus jazzy, des morceaux plus acoustiques, plus ballades. Et des morceaux très rock. C’est un album de variété, mais au sens noble du terme.

Chanter en français, c’est osé ! En tout cas pas très commun pour un groupe de rock, en Belgique ?
C’est vrai, la plupart des autres groupes chantent en anglais. Pour nous, çà s’est fait plutôt naturellement. Quand on faisait des reprises, naturellement on chantait en anglais. Mais quand on s’est mis à faire nos propres titres, nous avions envie d’exprimer du sens, et de le faire de manière assez fine, de jouer sur les mots, d’introduire de l’humour… On ne se sentait pas vraiment à l’aise pour le faire en anglais. Ce n’était pas automatique. Et puis il y a toute une tradition de chanson française qu’on adore : Brel, Brassens, Higelin et, dans les contemporains, Benabar ou Fersen. La musique, ce n’est pas uniquement une sonorité, un mot qui sonne bien. Il faut du sens, pouvoir jouer avec les mots autant qu’avec les sons, que les gens se reconnaissent dans ce qu’on dit.

S’il y un titre qu’il faut écouter, retenir, lequel choisiriez-vous ?
Le Quartier de la gare. C’est avec ce titre qu’on s’est présenté (ndlr : il figure sur le premier "4 titres"). Il résume bien notre démarche. Un morceau simple, direct. Il parle d’un quartier de Liège, le quartier des Guillemins, près de la gare. Comme dans toutes les villes du monde, il y a ce quartier de la gare qui est toujours le même, où tout le monde se croise. A la fois les hommes d’affaires qui prennent le train et les clochards qui restent à faire la manche. C’est une histoire de contrastes.

Vous les aimez ces histoires de la vie quotidienne ?
On ne se fixe pas de thème préétabli. A chaque chanson, sa recette. Mais c’est vrai, on aime bien ces histoires de relations humaines, tirées du quotidien. Ce sont plus des observations de tous les jours que des grands messages pseudo-philosophiques. Ce n’est pas trop notre truc. Peut-être aussi parce qu’on est jeune et qu’on ne sent pas encore de s’engager.

Sur scène, vous êtes six …
Une formation classique en fait : Raphaël et Renaud aux guitares électriques, Brian à la batterie, le premier Nicolas à la basse, le deuxième Nicolas au chant, à la guitare acoustique et clavier et Xavier, l’homme à tout faire, saxo, clarinette, tambourin, claviers harmonica.

Et pas de filles dans le groupe ?
Non... Ça nous permet d’être plus tranquille après les concerts (rires). Il n’y a pas de dispute.

Le Belge s’exporte bien en ce moment …
Les Belges percent pas mal, c’est vrai. C’est ce qu’on dit. On va vérifier çà sur place. Il y a effectivement une prise de conscience en Belgique que la musique de qualité peut s’exporter. Les Girls in Hawaï, Ghinzu ont frayé le chemin. Ça nous facilite la vie. Mais si un Belge sort un mauvais disque, ce n’est pas pour çà qu’il peut l’exporter.

Ce concert à la Maroquinerie, c'est un concert comme un autre  ?
C’est une grande attente plutôt. On est impatient. Avec cet album, on a fait un peu le tour de la Belgique. La France, çà nous permet de nous présenter devant un public neuf, de repartir à zéro, dans un pays plus grand. C’est un vrai défi, un défi qui nous intéresse..

Eté 67 sera en tournée en France dès janvier, et leur album sort en mars 2007 chez Wagram