Festival Factory à Paris

A la Cigale, à Paris, pour la troisième soirée du festival Factory, une rencontre inédite a eu lieu sur scène le 13 octobre dernier : les virtuoses des platines Birdy Nam Nam et le duo déjanté Bumcello. Compte rendu de cette création live à hautes vertus énergisantes...

Birdy Nam Nam et Bumcello

A la Cigale, à Paris, pour la troisième soirée du festival Factory, une rencontre inédite a eu lieu sur scène le 13 octobre dernier : les virtuoses des platines Birdy Nam Nam et le duo déjanté Bumcello. Compte rendu de cette création live à hautes vertus énergisantes...

Archi complet. Dès 18h30, une longue file d’attente se forme sur le boulevard de Rochechouart à Paris. Quelques infortunés brandissent désespérément des cartons "Cherche place". Dans la file, les futurs spectateurs de la Cigale s’en amusent : ils ont bien des billets, mais comptent en profiter ! Ce soir, pour cette troisième soirée de Factory, festival audacieux de rencontres entre jazz et musiques électroniques, l’affiche est définitivement électro. Au menu : pour s’échauffer, l’un des pionniers de l’asian beat, le batteur Marque Gilmore et ses invités, puis, pour se défouler, une rencontre à très haut potentiel, totalement inédite, un peu fêlée. Les quatre "turntablist" de Birdy Nam Nam et le duo Bumcello. Deux univers, deux visions de l’improvisation, six musiciens virtuoses sur scène. 

Une rencontre spectaculaire

A l’intérieur de la salle, il fait dèjà très chaud. Marque Gilmore arrive sur scène, accompagné du DJ State of Bengal, de Jazzhead et la chanteuse Amar. Planant, hypnotique, ou saturé de basses, le son de cette rencontre batterie/platines reste assez convenu. Percussions et voix pourraient aisément être des samples et la dimension électronique gomme le live ... La prestation remporte d’ailleurs une molle adhésion de la foule– c’est qu’il y manque un peu d’âme, malgré les efforts d’Amar. Et puis le public attend quelque chose de bien plus spectaculaire avec impatience. Les Birdy Nam Nam, DJ Pone, Crazy B, Mike, Need, quatre garçons issus des compétitions de scratch et qui se servent de leurs platines comme d’instruments à part entière...Côté originalité, le duo Bumcello, composé d’un des percussionnistes les plus déjantés de la scène actuelle, Cyril Atef, et de Vincent Segal, violoncelliste tout terrain, n’est pas en reste.

DJ Need raconte qu’avant la programmation de cette rencontre, les deux groupes souhaitaient déjà se retrouver sur une scène. "Il nous fallait une occasion, la voilà  enfin !" Pour Vincent Segal, qui a fréquenté aux Etats-Unis quelques musiciens influents de la scène hip hop à la fin des années 80, "le fait que les platines soient des instruments ne fait aucun doute. Et puis, les Birdy Nam Nam ont réussi à montrer qu’il peut se passer quelque chose de fort sur scène avec quatre musiciens aux platines... ". Les deux groupes se retrouvent dans leur forte propension à l’improvisation. Ils assurent d’ailleurs jouer à fond la carte de la "création live", ne rien avoir voulu préparer. "Il va falloir être à l’écoute... Même pendant les balances, on n’a pas trop joué histoire de garder la surprise..." ajoute Cyril Atef.

Concentré

Birdy Nam Nam enregistrait en juin dernier à la Cigale un DVD de leur concert avec une formation batterie, congas, clavier, contrebasse et basse. Ils tournent depuis avec cette formation en province et souhaitent "de plus en plus aller vers ce type de rencontres" assure Need. Les Bumcello, ultra polyvalents, trépignent d’impatience. Dans une ambiance joviale, les uns et les autres s’accordent sur le fait que "ce genre de concert est une vaste escroquerie. Ça peut être complètement raté, il peut ne rien se passer du tout... ".

Ce soir-là, il s’est indéniablement passé quelque chose de fort. A l’arrivée des groupes, la salle est enfin sortie de sa torpeur et est passée (sans transition !) à une excitation spectaculaire. Premier morceau aux accents dub. Les musiciens se jaugent, apprennent à se connaître, rentrent dans l’ambiance... Puis le show monte en pression, aidé par un public surchauffé. Drum’n’bass, jungle, funk, mais aussi un passage complètement rock, quasiment punk, donne au concert des allures de concentré d’expériences musicales. Si les Birdy Nam Nam sont visiblement impressionnés par la puissance rythmique et la large palette d’improvisation des Bumcello, sur scène, on compte de beaux moments : Cyril Atef, attrappe ses qarqabus gnaouas et vient se placer entre Crazy B et Mike, DJ Pone quitte ses platines pour apporter un micro à la percussion, Vincent Ségal  abandonne son violoncelle pour se laisser aller à danser sur le son des quatre "turntablist".

Musique de transe, transe électronique, électrique. Le show, totalement instinctif, sous perfusion rythmique, aurait sans doute mérité davantage de structure pour être irréprochable, mais ce qui a véritablement compté, c’est l’énergie exponentielle qui s’est dégagée de la scène, de la salle de la Cigale. Gageons que cette rencontre ne restera pas sans suite. Le potentiel est énorme.