Les nouveaux tubes de la musique
Vous déposez votre chanson sur internet et en l’espace de quelques jours, d’artiste inconnu vous devenez star. Outre-Manche, les Arctic Monkeys ou plus récemment Lily Allen ont bénéficié de cet engouement. En France, c’est le rappeur Kamini qui décroche la timbale. Des sites communautaires tel Myspace ont semble-t-il complètement révolutionné la promotion musicale. Conte de fée ou poudre aux yeux ? Un peu des deux.
Devenir célèbre en un clic !
Vous déposez votre chanson sur internet et en l’espace de quelques jours, d’artiste inconnu vous devenez star. Outre-Manche, les Arctic Monkeys ou plus récemment Lily Allen ont bénéficié de cet engouement. En France, c’est le rappeur Kamini qui décroche la timbale. Des sites communautaires tel Myspace ont semble-t-il complètement révolutionné la promotion musicale. Conte de fée ou poudre aux yeux ? Un peu des deux.
À l’époque, elle voulait déjà être notre meilleure amie. Entre les mois d’octobre et de novembre 1998, une jeune inconnue, Lorie, attire 15.000 visiteurs avec son titre Près de toi sur le site internet peoplesound. Convaincu, Sony signe la chanteuse sur le champ. Le rappeur Kamini reconnaît la similitude sur la forme : "Artistiquement, ça n’a rien à voir mais nous avons profité du même outil." Sauf que maintenant la vitesse est exponentielle. Marly Gomont, le clip hilarant du Picard, a été vu plus de deux millions de fois en moins d’un mois. Il vient de signer avec la même major et promet un album pour le printemps 2007.
Le phénomène s’amplifie grâce à une évolution d’internet : le web 2.0. Les internautes mettent en ligne maintenant très simplement musiques et vidéos. Surtout, ils peuvent commenter dans l’instant ces nouveaux contenus et faire partager leurs coups de cœur à leur communauté. Le plus gros succès en la matière à ce jour, reste le site Myspace avec plus de 80 millions d’abonnés revendiqués. À partir d’une interface type, légèrement personnalisable, vous pouvez vous faire des amis dans le monde entier selon vos affinités. Un outil de promotion formidable, rapidement plébiscité par les musiciens. Aujourd’hui, ne pas y être relève du plus profond passéisme. Même Madonna a sa page !
La France se lance
Utilisateur de longue date, le groupe Pleymo y a mis son dernier album, Alphabet Prison, en écoute avant sa sortie officielle. Mark, le chanteur, avoue passer environ une demi-heure par jour sur Myspace : "C’était une façon d’offrir des petits cadeaux aux fans avec qui on a une relation assez étroite via internet. Un site internet classique, c’est sympa mais c’est compliqué. Le nôtre était mis à jour tous les 36 du mois. Les fans, ça ne les intéressaient pas de revenir, ce n’était pas une plate-forme d’échange. C’est tellement plus simple maintenant. En plus, je trouve ça plus franc. Dans les forums, il y avait un côté caché. Alors que là quand il y a une question pertinente voire critique, c’est intéressant d’aller voir la page de la personne, de voir qui elle est."
Face à la prédominance américaine, la France se lance dans la course, via TF1 et son site WAT.tv. Stéphane Beillaud, son directeur éditorial, vise une dimension supérieure : "Nous sommes multi-support : nous avons aussi un site miroir disponible sur téléphone mobile où on peut consulter l’espace membres et publier instantanément des contenus pris sur le vif." WAT promet, en outre, une exposition sur les baladeurs MP3 grâce au podcast, sur des web télés et pourquoi pas sur les chaînes télévisuelles traditionnelles.
Le site ne s’adresse pas seulement aux musiciens mais à toutes les formes d’expression artistique. Lancé en juin dernier, WAT annonce 15.000 adhérents mais refuse encore de communiquer sur le nombre de visites, "en hausse significative" selon la formule. Myspace, comme son pendant français, est uniquement financé d’après sa fréquentation, par la publicité. Les utilisateurs (qui fournissent tout le contenu) ne perçoivent aucun subside, même si des deux côtés de l’Atlantique le projet est à l’étude.
Le passage obligé
Utilisatrice des deux sites, la chanteuse Charlotte Burnett avoue préférer la réponse française, pour la pertinence des commentaires des usagers. Son cas illustre tout à fait l’importance qu’a pris le web dans le parcours d’un artiste en développement. Charlotte est pianiste professionnelle, elle a accompagné Alizée ou Dany Boon, pourtant, elle aussi, pointe sur le net ! Explication : "Je n’ai débuté comme chanteuse que depuis avril. Même si je connais plein de professionnels et d’artistes, je ne peux pas arriver comme ça, il faut que je me rôde. Avec Myspace et WAT, ils peuvent voir mes vidéos de concerts, écouter mes nouveaux titres. Une page sur ces sites permet aussi de rencontrer d’autres artistes, d’échanger." Un bassiste brésilien avait découvert et apprécié la musique de Charlotte sur Internet. Ils se sont retrouvés pour un concert à New York !
Kamini a percé grâce à son clip décalé. Mais d’après Romain Altain Aldea de la société marketing Culture Buzz, il n’y a pas de recette toute faite : "Si Kamini a réussi à se faire connaître aussi vite, c’est parce qu’il a du talent, au moins sur un titre. On ne peut pas s’affranchir d’une reconnaissance qui passe par la vraie vie. Avoir une maquette qui tourne, faire des concerts. Après, c’est vrai, il y a un phénomène d’accélération. Ce qui a changé, c’est la capacité des outils, la rapidité avec laquelle les artistes peuvent attirer l’attention des décisionnaires. Le travail des maisons de disques s’en trouve facilité puisqu’elles ont un baromètre, une étude de marché gratuite. Cela dit, leur rôle est toujours nécessaire, la consécration pour un artiste qui veut percer, ça passe par une signature." Pour Kamini, le buzz a aussi cet autre avantage : "Mon objectif est de continuer à garder le contrôle, de ne pas me retrouver emprisonné. Je suis en position de demander une totale liberté artistique."