L’univers cuivré de Sanseverino

À travers ses deux premiers albums, Sanseverino a réussi à s’imposer comme le nouveau roi du swing manouche, en fils spirituel de Django. Avec son troisième album, Exactement, le musicien nous prouve une fois de plus son amour pour le genre, mais s’offre aussi un invité de marque, un big band. Résultat, un album chaleureux, cuivré, qui nous entraîne parfois en plein cœur des génériques des séries télé des années 1960… 

Un big band sur son nouvel album

À travers ses deux premiers albums, Sanseverino a réussi à s’imposer comme le nouveau roi du swing manouche, en fils spirituel de Django. Avec son troisième album, Exactement, le musicien nous prouve une fois de plus son amour pour le genre, mais s’offre aussi un invité de marque, un big band. Résultat, un album chaleureux, cuivré, qui nous entraîne parfois en plein cœur des génériques des séries télé des années 1960… 

Pourquoi avoir choisi de travailler avec un big band ?
Simplement pour une histoire de son. Quand tu as composé de nouvelles chansons pour un album, tu te demandes quels sons utiliser pour les faire vivre. J’ai déjà fait deux albums de suite avec une base de rythmique swing. Cette fois, j’avais envie de changer, d’avoir de la batterie un peu partout et de rajouter des cuivres. Mais je ne voulais pas une seule section de cuivres, je voulais un vrai big band. Je pense d’ailleurs que c’est une suite logique après avoir travaillé si longtemps sur le swing manouche. Et puis je me suis dit : puisque tu fais des chansons de gauchiste et que tu es pour la création d’emploi, vas-y, emploie des musiciens !

J’ai alors commencé à composer des chansons en pensant au big band, avant d’abandonner pour finalement les écrire comme j’en ai l’habitude. C’est après que l’arrangeur a inséré les parties du big band. J’écoutais ensuite ce qu’il faisait et on retravaillait ensemble. Du coup, je trouve que je suis arrivé à un son très personnel et non pas à un son de big band traditionnel.

Vers quelle musique de big band vouliez-vous vous diriger ? Plutôt celle de Brian Setzer ou des crooners à la Sinatra ?
Je voulais vraiment aller entre les deux. Je suis un grand fan de Brian Setzer mais le son qu’il utilise ne conviendrait pas à mes chansons. Brian Setzer a juste transposé un big band sur un groupe de rockabilly : si tu enlèves son big band, tu te retrouves d’ailleurs avec un groupe de base de rockabilly. Ce n’est pas ce que je voulais : chez moi, si tu enlèves le big band, il te reste un swing très marqué, mais pas seulement un swing manouche. En ce qui concerne les crooners, j’ai beaucoup écouté Franck Sinatra, Dean Martin ou Sammy Davis. Mais je n’aime pas vraiment leur façon de faire et je les trouve terriblement sérieux. Ils ont de belles voix et ce qu’ils font est sympa et langoureux, mais moi ça m’a emmerdé. À la limite, le disque auquel j’ai le plus pensé en composant est Django and the ATC, un album où le guitariste joue avec un big band de l’armée en 1945. Bref, cet album a demandé beaucoup de réflexion, de comparaison et de mélange : je prenais les cuivres de tel genre mais la rythmique de tel autre pour faire quelque chose de très personnel.

Il y a une constante chez vous, ce sont les textes : Le swing du président, Les ouvriersCette conne m’ennuie, sont des chansons assez engagées… 
L’engagement, ça peut être ce qu’on veut. Personnellement, je n’ai pas vraiment l’impression d’être engagé. Quand dans la chanson Le swing du président, je demande au président d’arrêter de s’occuper de l’énergie nucléaire, ça ne me parait pas être engagé, ça me semble plutôt du bon sens. Mais il ne faut pas croire que toutes mes chansons sont des brûlots anti-gouvernementaux. Il y a des artistes qui écrivent des chansons engagées mais je trouve difficile d’être engagé sur un album entier. D’ailleurs, je m’emmerderais sûrement si j’écrivais un album engagé du début à la fin. Ça ne colle pas à mon caractère. J’ai envie de parler sérieusement, de dire des trucs que je pense sur la politique mais ça ne doit pas tout monopoliser. J’ai aussi envie de dire des conneries. Et engagement et connerie, ça ne va pas forcément ensemble.

Dans quelques jours, vous allez partir en tournée avec votre big band. Est-ce que ça va changer quelque chose pour vous ?
Non, sauf qu’on sera 23 sur scène et que ça fait beaucoup. Mais sinon, mes spectacles seront les mêmes avec toujours une partie écrite et une partie improvisée. On sera juste plus dans les loges et on devra faire la queue plus longtemps si on n'a pas beaucoup de douches !

Maintenant que vous passez d’une dizaine à une vingtaine sur scène, quelle sera la prochaine étape, jouer avec un orchestre symphonique ?
J’essayerais bien mais je trouve qu’il y a un côté inertie molle dans la musique classique. Je pense qu’il me manquerait de gros sons, bien lourds. Par contre, j’adore écouter 25 cors de chasse jouer ensemble ou des tonnerres de timbales. D’ailleurs, à la limite, je préférerais jouer avec un gros orchestre romantique. Ça, ça me plait ! C’est un truc qui fait du bruit ! Malgré tout, je pense que ce ne serait pas encore assez tonique pour moi. Mais ce serait l’occasion et j’aimerais bien faire un saut dans cet univers, juste par curiosité.

Emilie Munera

Sanseverino Exactement (Sony Music) 2006
En tournée dans toute la France à partir de décembre et à l'Olympia à Paris les 15 et 16 janvier 2007