Champion tacle guitares et électro
Le Montréalais Maxime Morin réussit le mariage de l’électronique et des guitares dans Chill’em’all, un album de boucles et de rythmes hypnotiques, encore plus séduisant sur scène. Son projet, intitulé Champion, le place à la confluence de nombreuses formations québécoises électro ou rock.
Chill’em’all, nouvel album
Le Montréalais Maxime Morin réussit le mariage de l’électronique et des guitares dans Chill’em’all, un album de boucles et de rythmes hypnotiques, encore plus séduisant sur scène. Son projet, intitulé Champion, le place à la confluence de nombreuses formations québécoises électro ou rock.
Quand êtes-vous tombé dans la musique ?
Je viens de la région des Laurentides. Je suis né en pleine campagne, à 40 minutes de Montréal. Mon père était menuisier et mélomane. Il écoutait un peu toutes les musiques, mais surtout du vieux blues et du Franck Zappa. Il jouait de la slide guitar et un peu des percussions. Vers 17 ans, mon père m’encourageait à faire de la musique, mais il me disait quand même de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier. J’ai donc fait de la menuiserie avec lui.
Comment avez-vous fait de la musique votre métier ?
Je suis arrivé à Montréal à 20 ans, où j’ai fait de la menuiserie à mon compte. Merci papa ! Je gardais tout mon temps libre pour composer de la musique. Vers 26 ans, je me suis un peu écœuré de la guitare parce que j’étais devenu trop technicien. Je me suis pris une année sabbatique. J’allais tout le temps au légendaire bar Les Foufounes Électriques où j’ai découvert la musique électronique. Je me suis mis à en composer : de la trance, de la techno minimale, de la drum’n’bass…
J’ai rencontré Benoît Charest, qui était alors professeur de guitare jazz à Montréal, il a composé la musique du film Les Triplettes de Belleville. Il m’a proposé de s’associer avec lui pour monter un studio de musiques de publicité et de films, le studio Ben & Max. J’ai donc commencé à vivre complètement de la musique à ce moment-là. Parallèlement, j’ai mené une carrière de DJ électro sous le nom de Mad Max.
Aujourd’hui, Montréal semble être à la mode côté musique…
On le dit partout ailleurs et on le sent à Montréal. Mais on le capte davantage en France, car les Français sont plus musicalement ouverts que les anglophones, qui peuvent se permettre d’être plus chauvins.
Si Montréal est capable de produire beaucoup de bons artistes, c’est grâce à la confiance qu’elle a en elle. L’organisme la Sopref, le magazine bilingue Night Life, le journal Bang Bang ou encore le site Bande à Part ont travaillé à donner de la visibilité aux artistes un peu underground. Ils leur ont donné une tribune, la chance de croire en eux, à ce qu’ils font. Et il n’y a pas de compétition entre les groupes, les gens sont plutôt là à s’entraider.
Sur scène, vous êtes soit seul avec votre ordinateur, soit accompagné de quatre guitaristes, un bassiste et une chanteuse. Vous évoluez plutôt dans l’électro ou dans le rock ?
Je navigue surtout dans l’électro. Mon album est d’abord électronique. J’écoute beaucoup d’électro groovy et acérée, il y a présentement de bonnes pièces, mais j’en oublie les noms. Ce que fait Tiga est bon, mais pas assez groovy pour moi. Non, l’influence majeure, c’est Akufen, alias Marc Leclair, c’est mon ami. Il ne suit pas les tendances musicales, comme la techno minimale, lui tourne à gauche, il a une attitude toute personnelle. Il y a aussi Fred Everything, il a un son bien à lui, j’adore ce qu’il fait. Et Numéro, de l’électro chantée en français, dont l’album sortira sur le même label que nous, Saboteur.
Quels sont les groupes québécois que vous appréciez ?
Le plus proche de nous, c’est d’abord Patrick Watson, un montréalais qui fait du rock planant, il est pianiste et chanteur. Nous nous connaissons et il a déjà chanté avec nous. Il y a aussi Plaster, je les ai découverts grâce aux membres de mon groupe. Ce sont des musiciens de jazz qui font de l’électro progressif qui devient parfois plus rentre-dedans. Nous avons également joué avec eux, dans la salle le Metropolis.
J’ai également fait la connaissance des Georges Leningrad, lors d’un festival en Bretagne, je me sens proche d’eux car j’ai eu ma période rock industriel.
Montréal est une ville plutôt rock ou électro ?
Plus rock, car les groupes de rock se montrent davantage que les Djs, sauf peut-être Tiga ou Mistress Barbara. Marc Leclair ou Fred Everything sont rarement couverts par les médias. Il y a aussi Ghislain Poirier, j’aime son attitude à la limite de se payer la tête du rap, c’est de la belle dérision. Mais à vrai dire, depuis un an, je suis un peu déconnecté de l’actualité musicale montréalaise, je n’ai plus beaucoup de temps avec les concerts de mon groupe. Je n’étais même pas au courant du festival Osheaga qui vient d’être lancé, ce sont des amis qui m’en ont parlé après-coup le lundi matin !
Champion Chill’em’all (Saboteur/Anticraft) 2006