Eddy Mitchell

Ecouter un nouvel album d’Eddy Mitchell, c’est comme accomplir un long trajet en voiture. Au début, on s’enthousiasme devant le moindre détail, pour au fil du temps, bailler à la monotonie du paysage. Mais c’est une fois arrivé que l’on réalise combien ce moment était agréable. Jambalaya, nouvelle excursion dans l’Amérique de Schmoll. Pas la plus mauvaise.

Jambalaya

Ecouter un nouvel album d’Eddy Mitchell, c’est comme accomplir un long trajet en voiture. Au début, on s’enthousiasme devant le moindre détail, pour au fil du temps, bailler à la monotonie du paysage. Mais c’est une fois arrivé que l’on réalise combien ce moment était agréable. Jambalaya, nouvelle excursion dans l’Amérique de Schmoll. Pas la plus mauvaise.

Il pourrait convier les auteurs compositeurs du moment, sortir un tube, aligner une tournée marathon de vieux succès et rentrer peinard chez lui. Mais non, après plus d’une vingtaine d'albums studio, Eddy Mitchell ne ronronne toujours pas. Il sort même les griffes sur des textes toujours aussi incisifs. Amoureux transit de la culture américaine, Claude Moine ne pardonne pas à la nation la plus puissante du monde d’avoir laissé la Nouvelle Orléans aux foudres de l’ouragan Katrina. Le "Texan menteur mais pourtant président" en prend pour son grade dès l’entame de l’album.

Plus surprenant, ce sexagénaire livre la chanson la plus pertinente qu’un artiste ait jamais signé sur le téléchargement pirate. Avec Je ne t’en veux pas, sans angélisme ni manichéisme, il s’adresse aux "corsaires modernes d’internet", avouant qu’adolescent, "j’aurais p’être fait pareil que toi".

Eddy Mitchell a du goût et des relations. On a beaucoup glosé sur des collaborations de Little Richard et Johnny Hallyday sur Elle est terrible, honnête reprise d’Eddie Cochran. Mais ce n'est que l’arbre médiatique qui cache Comme la planète, superbe duo avec la chanteuse Berverly Jo Scott. Pierre Papadiamandis, solide camarade compositeur, laisse cette fois un peu de place à Art Mengo et JP Nataf, pour un résultat des plus heureux. Henry Salvador livre lui deux titres plus anecdotiques dont L’amour se trouve au coin de la rue, titre écrit en commun et que l’on retrouve sous une toute autre orchestration sur Révérence, dernier album en date du papy hilare.

Enregistré à Los Angeles, l’album respire le blues cajun, ses cuivres incandescents, son piano ragtime (Ma Nouvelle Orléans). Au gré des titres, Schmoll se laisse aller à quelques dérives rock’n’roll (ça l’fait) ou country (Le seul survivant). En guise de digestif, il nous sert Jambalaya, plat typique de la Louisiane, façon Hank Williams. Crooner lucide, prosélyte musical éclairé, Eddy Mitchell se révèle des plus pertinents. On en n’attendait pas autant.

Eddy Mitchell Jambalaya (Polydor/Universal) 2006
En tournée en France à partir de mars 2007