Juliette Gréco

Un nouvel opus sans nouvelles chansons, seule Juliette Gréco peut se le permettre ! A 79 ans, la plus élégante des brunes a choisi d’interpréter des standards connus de tous : Brel, Lavilliers, Gainsbourg, Trenet… Des morceaux interprétés par une voix toujours aussi belle et grave.

Le Temps d’une chanson

Un nouvel opus sans nouvelles chansons, seule Juliette Gréco peut se le permettre ! A 79 ans, la plus élégante des brunes a choisi d’interpréter des standards connus de tous : Brel, Lavilliers, Gainsbourg, Trenet… Des morceaux interprétés par une voix toujours aussi belle et grave.

Sur cet album de reprises, c’est tout un pan de la carrière de Juliette Gréco qui défile. Ses liens privilégiés avec les plus belles plumes de la chanson d’abord : Serge Gainsbourg, Léo Ferré, Jacques Brel… Des poètes paroliers qu’elle a fréquenté en leur temps, et qui l’ont fait chanter à maintes reprises. Le premier avec La Javanaise (entre autres), le second avec Jolie Môme, le troisième avec J’arrive. Sur ce disque - comme pour saluer ces trois grands - l’interprète s’empare de La chanson de Prévert, d’Avec le temps et de Mathilde, « l’une des plus belles chansons d’amour qui soit », proclame Juliette Gréco. « Cela me suffit pour prendre cet énorme risque, se justifie-t-elle sur le texte de promo de l’album. A vous de me dire ce que vous en pensez. En attendant, je tremble. »

Ce qu’on en pense ? La voix de cette grande dame de la chanson est toujours aussi profonde. Débordante d’amour pour ceux qui lui ont mis les mots à la bouche. Qu’elle chante La folle complainte de Trenet, Né quelque part de Maxime Le Forestier ou Les mains d’or de Bernard Lavilliers, elle déguste chaque phrase, vit chaque situation comme au théâtre. L’orchestration (signée Gil Goldstein et Gérard Jouannest pour les arrangements piano) est riche et minutieuse. Celle de Mathilde - relevée et joyeuse - tout simplement superbe. Quand Juliette Gréco se risque à l’italien (Volare) et à l’anglais (Over the rainbow), l’exercice est plus périlleux… Mais comment reprocher ces minutes d’audace à une femme qui toute sa vie en a fait preuve ? Le titre Utile le rappelle (A quoi sert une chanson si elle est désarmée/ Je veux être utile à vivre et à chanter), faisant écho à ce concert dans le Chili du Général Pinochet, au cours duquel la diva s’était lancée dans un répertoire anti-militariste devant un parterre de soldats.

Juliette Gréco est restée une femme de tête. Elle reprend sur cet album Les Amants d’un jour, alors qu’en 1956, quand elle craqua pour ce morceau, elle s’entendit répondre par son auteure, Marguerite Monnot, "Si je vous donne ça, Edith Piaf me tue".

 

  Dossier spécial Juliette Greco

Juliette Gréco Le temps d’une chanson (Polydor) 2006
En concert du 13 au 17 février 2007 au théâtre du Châtelet à Paris