Françoise Hardy en duo
"Il n’y a pas beaucoup de gens avec qui ce soit envisageable de chanter, il est difficile de trouver une chanson qui puisse convenir à un duo", dit d’emblée Françoise Hardy : elle sort Parenthèses, un album de douze rencontres avec Alain Bashung, Alain Delon, son mari Jacques Dutronc, Julio Iglesias, Ben Christophers, Alain Souchon, Rodolphe Burger, Henri Salvador, Arthur H, Maurane, la pianiste classique Hélène Grimaud et Benjamin Biolay.
Parenthèses
"Il n’y a pas beaucoup de gens avec qui ce soit envisageable de chanter, il est difficile de trouver une chanson qui puisse convenir à un duo", dit d’emblée Françoise Hardy : elle sort Parenthèses, un album de douze rencontres avec Alain Bashung, Alain Delon, son mari Jacques Dutronc, Julio Iglesias, Ben Christophers, Alain Souchon, Rodolphe Burger, Henri Salvador, Arthur H, Maurane, la pianiste classique Hélène Grimaud et Benjamin Biolay.
Rencontres contrastées, toujours soleil et tantôt lune, tantôt fastueuses et tantôt jansénistes. Françoise Hardy se montre dans Parenthèses, un album de duos, dans toute sa palette de sentiments, avec de superbes humeurs généreuses. Rencontre avec une dame qui se montre volontiers sans maquillage, qui avoue qu’elle "aime l’orthographe", qui s’en prend volontiers à la médiocrité des musiques populaires françaises et qui jette avec un grand sourire : "Mon pauvre ami, je ne me sens bien que chez moi entre mes quatre murs. Je ne me sens bien nulle part. Ou quand je me promène toute seule à Bagatelle." Rencontre avec une grande dame, donc…
RFI Musique : Ce disque s’ouvre avec Que reste-t-il de nos amours ? de Charles Trenet que vous chantez avec Alain Bashung…
Françoise Hardy : S’il faut choisir le moment le plus agréable de ce disque, c’est l’enregistrement de Que reste-t-il de nos amours ? avec Bashung. Ça tient aussi à la chanson. J’étais particulièrement à l’aise, il n’y avait pas de difficultés. Et Bashung est d’une simplicité, d’une humilité touchante et agréable.
L’idée de l’album de duos est venue de ce qu’Alain Bashung, il y a deux ans, avait téléphoné à ma maison de disques pour demander si j’étais prête à chanter avec lui Que reste-t-il de nos amours ? S’il fallait choisir une chanson entre toutes, ce serait celle-là, mais il voulait que nous la chantions pour une télé. Quel dommage qu’il ne me l’ait pas proposée pour un album, je serais venue en courant ! Au bout de quelques mois, ma maison de disques m’a reparlé de cette idée de duos…
C’est une surprise de vous voir reprendre avec Rodolphe Burger Cet enfant que je t’avais fait, le duo de Brigitte Fontaine et Jacques Higelin…
Pourquoi ? C’est une de mes chansons de chevet. C’est aussi une chanson qu’il ne faudrait pas reprendre parce que l’original est parfait et quoi qu’on fasse, on fera moins bien. Je suis totalement bluffée par ce texte, qui est exceptionnel. Et on a la chance que, pour une fois, il y a une musique qui se tient mélodiquement. Cette chanson, c’est la quintessence du malentendu entre les gens, comme dans La Route sanglante du jardinier Blott, le roman de Tom Sharpe : des personnes racontent leurs vues l’une sur l’autre, sans que celles-ci n’aient aucun point de rencontre. Je sais en tout cas que notre version a plu à Jacques Higelin – il a fait son album avec Rodolphe.
Vous avez chanté Modern Style avec Alain Delon. Est-il donc votre genre d’homme ?
A l’époque, là où je l’ai trouvé le plus séduisant, c’est dans Le Professeur (ndlr : film de Valerio Zurlini, 1972). Je le trouvais à tomber à la renverse. Ce qui est amusant c’est que quand j’ai parlé de l’idée de reprendre Modern Style avec lui à Jean Bart, l’auteur de cette chanson, il m’a écrit en me disant qu’il faut le voir dans Le Professeur. S’il n’avait pas voulu, j’aurais demandé à Guillaume Depardieu. Il fallait un acteur, un écorché vif flagrant.
Cela a-t-il été difficile de travailler avec lui ?
Delon n’aime pas que les choses aillent lentement. A la dernière prise qu’il a faite, je n’étais pas sûre qu’il y avait tout ce qu’il fallait pour la chanson. Mais la dernière phrase était parfaite. Je lui ai dit : c’est dommage que vous n’ayez pas tout dit dans cet esprit-là. Alors on a recommencé et a on tout gardé.
Vous chantez avec Maurane Rue du Babouin, une chanson cosignée avec Michel Fugain. De quand date-t-elle ?
J’ai écrit cette chanson à la fin des années 1960 pour Catherine Lara et, tous les dix ans depuis, je l’ai remaniée. Je pensais que ce texte resterait perpétuellement dans mes tiroirs parce que j’avais l’impression que c’était impossible à chanter. J’ai dû modifier un peu les paroles pour en faire un duo.
La rue du Babouin existe-t-elle vraiment ?
Oui, la via del Babuino est même une rue assez célèbre de Rome, dans le genre de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. J’aime beaucoup ce nom. Quand on vous fait jouer à des jeux du genre "si j’étais président", je dis toujours que j’enlèverais tous les militaires et les hommes politiques des noms de rue pour les remplacer par des noms plus poétiques. C’était plus joli, quand l’avenue Foch s’appelait l’avenue du Bois, enfin !
On ne vous reverra pas sur scène ?
Non.
Et vous n’aimez toujours pas les émissions de télévision ?
Oh, pour moi, c’est la plaie d’être dans ces trucs-là ! Vous n’imaginez pas à quel point. C’est pour ça qu’à un moment j’avais voulu arrêter de faire des disques.
Françoise Hardy Parenthèses (Virgin-EMI) 2006