Mr. Toma
Il a 24 ans, et déjà l’aura d’un grand. Toma, découvert sur la compilation Dis l’heure de ragga dancehall produite par Passi, vole désormais de ses propres ailes. Signé chez Capitol, auteur d’un single tonitruant, Keskiya ?, dont l’invité n’est autre que JoeyStarr en personne, Toma cache derrière ses locks un vécu douloureux qu’il exorcise dans le morceau qui donne son titre à un premier album très réussi, Identité. L'album est varié, influencé par le reggae mais dominé par la guitare, son instrument favori tenu ici par son ami Thomas Broussard. Un album riche, pop, à la cool, prometteur. Interview d’un "rookie" qui va aller loin, monsieur Thomas Laroche, alias Mr. Toma.
Nouveau groove
Il a 24 ans, et déjà l’aura d’un grand. Toma, découvert sur la compilation Dis l’heure de ragga dancehall produite par Passi, vole désormais de ses propres ailes. Signé chez Capitol, auteur d’un single tonitruant, Keskiya ?, dont l’invité n’est autre que JoeyStarr en personne, Toma cache derrière ses locks un vécu douloureux qu’il exorcise dans le morceau qui donne son titre à un premier album très réussi, Identité. L'album est varié, influencé par le reggae mais dominé par la guitare, son instrument favori tenu ici par son ami Thomas Broussard. Un album riche, pop, à la cool, prometteur. Interview d’un "rookie" qui va aller loin, monsieur Thomas Laroche, alias Mr. Toma.
RFI Musique : D’où vient ta passion pour la musique ?
Toma : Mon premier instrument a été la batterie, qui me fascine depuis que j’ai six ans. J’en ai fait pendant dix ans au conservatoire, et à 12-13 ans j’ai découvert le premier album de NTM. C’est comme ça que j’ai commencé à écrire des textes. À l’époque, j’habitais en banlieue parisienne, à Torcy, juste à côté de là où s’enregistrait Hip hop non stop, une émission de radio où on entendait souvent les X-Men et Booba, toute l’équipe Time Bomb. Je suis passé une fois avec mon groupe, L’arme lyricale. Le nom bien pourri ! (rires) Ensuite, après maintes tentatives de banditisme raté, je me suis vraiment mis à la musique. J’ai commencé par des petites reprises de Bob Marley, puis du ragga à grosse voix et j’ai rencontré un groupe, Jah People, avec qui j’ai tourné deux ans. On s’est séparés à cause de Jah : moi, rien à foutre de Jah, et puis je venais d’avoir une petite fille donc j’ai tout arrêté. J’avais 20 ans, je suis resté chez moi à bosser devant mon ordi, à composer des morceaux et à écrire des textes.
Ce premier album est-il ton premier enregistrement hors compiles ?
En 2002, j’ai signé chez Next Music pour un album complètement reggae mais qui ne me correspondait pas. Comme le label a sombré, le disque n’est même pas sorti. J’avais 16 chansons sur les bras, que je ne voulais même plus utiliser. Grosse déception, et à cette période, j’ai rencontré mon guitariste Thomas Broussard. On s’est retrouvé à jouer du jazz pendant les apéritifs du Club Med de Mykonos ! Au retour, on a fait du son et essayé d’être bon dans ce qu’on faisait. Après on a rencontré le troisième Thomas, Juin-Lambert, le batteur. On a passé deux ans à faire cet album, à 3. C’est devenu une histoire de groupe, d’identité trouvée à plusieurs. Je veux rester proche de ceux qui étaient là durant les années de galère. Je ne tiens pas à me retrouver tout seul à des dîners improbables avec les mecs de ma maison de disques qui sont tous mes amis parce que je leur fais gagner de l’argent.
Comment as-tu rencontré ton producteur Seb Farran, qui s’occupe également de JoeyStarr ?
Je l’ai rencontré une première fois au Garance Reggae Festival à Bercy, quand j’étais dans une dèche ultime. Il était ultra froid, genre Dark Vador ! Je n’ai pas insisté. Et puis on s’est croisé durant l’été 2004 en Guadeloupe, et on a passé un mois à se voir pratiquement tous les jours. Ensuite j’ai fait un morceau sur la compilation Dis l’heure de ragga dancehall, et Seb m’a rappelé en me disant : "Il faut que tu bosses avec moi, sinon t’es foutu". Tu imagines l’arrogance ? Mais j’ai quand même voulu essayer, et il avait raison. Il m’a appris le business, maintenant c’est mon producteur. Alors qu’il y a deux ans j’étais prêt à faire mon album en indé, là j’ai eu un mix signé Shane Brown et Mitch Olivier, un deal chez Capitol et Skyrock qui suit. Ça se passe.
Le morceau le plus fort de ton album, c’est bien sûr Identité…
C’est le morceau de l’album, le plus mélancolique aussi. C’est une lettre ouverte à ma mère génitrice. C’était pour dire aux gens que je ne sais pas d’où je viens. Je ne connais pas ma couleur, je suis de tous les bleds à la fois. Je ne connais personne de mon sang à part ma fille. J’ai cherché un peu quand j’étais ado, mais j’ai laissé tomber très vite. Au fond, je suis content de ne pas savoir, ça me donne un genre d’avantage. Et puis je ne veux pas jouer à Cosette, je ne suis pas plus mal loti qu’un autre, et certains qui ont des croix moins lourdes à porter le vivent bien plus mal. Mais ça fait vraiment partie de moi : je suis dans plein de musiques à la fois, j’ai envie de prouver plein de choses, comme si je n’existais pas. Quand tu as un X à la place de ton nom, l’identité… Moi je ne vais pas laisser un X, vous allez tous vous souvenir de moi.
Toma Identité (Capitol/EMI) 2006