Panorama 2006 Electro

De Bob Sinclar à Para One, de Tiga au Gotan Project, 2006 fut une année riche en musiques électroniques de tous genres. Petit passage en revue de ceux qui ont fait cette actualité musicale.

Des robots et des hommes

De Bob Sinclar à Para One, de Tiga au Gotan Project, 2006 fut une année riche en musiques électroniques de tous genres. Petit passage en revue de ceux qui ont fait cette actualité musicale.

Et c’est sur scène qu’ils ont ressuscité. Les Daft Punk avaient déçu avec leur troisième album en 2005, on les croyait musicalement morts. Mais à la surprise générale, le duo a entamé une mini-tournée mondiale, qui est passée en France par le festival des Eurockéennes de Belfort. En pleine nuit, 30000 personnes ont vibré au spectacle son et lumière des deux robots juchés au sommet d’une pyramide. Tous leurs tubes y sont passés, remixés, enchaînés, revus et corrigés, donnant une magistrale leçon de live en matière de musiques électroniques.

A mille lieux de nos deux robots techno, ce sont pourtant David Guetta et Bob Sinclar qui représentent pour le plus grand nombre l’electro française. Bob Sinclar a fait les beaux jours de MTV avec des clips plutôt réussis. World Hold On s’est popularisé grâce à son entêtant sifflement tandis que Rock This Party est une copie braillarde d’un titre américain. Dans un article consacré à la "McDance", la bible anglaise de l’electro, Mixmag, se posait à juste titre la question suivante : "Bob Sinclar et David Guetta : l’équivalent musical du Big Mac ?". Ce n’est plus de l’electro, mais de la musique qui se consomme et s’oublie tout aussi rapidement. Martin Solveig (l’album Hedonist) n’en est pas encore à ce stade. Cette même presse anglaise ne classe que 3 DJs français parmi les 100 meilleurs, élus par les lecteurs de DJ Mag : David Guetta , Bob Sinclar et Joachim Garraud (acolyte de Guetta).

Du mix à l’album

Où sont Laurent Garnier, Agoria ou Miss Kittin ? Les DJs Chloé et Ivan Smagghe nous ont rendu neurasthéniques avec un mix sombre intitulé The Dysfunctional Family. À l’opposé, Elisa do Brasil nous a fait lever les bras en l’air aux rythmes de la drum’n’bass sur son CD/DVD Massive. Laurent Garnier n’a gardé que le meilleur de ses quatre albums pour son best of Retrospective 94-06, mais c’est comme DJ qu’il excelle et surprend toujours. Quant à Miss Kittin, elle n’a pas dit son dernier mot, avec une activité de DJ très chargée. Témoin son A Bugged Out Mix, un double CD de raretés electro ténébreuses, loin de la techno chantée très années 80 qu’on lui connaît. Dans ce genre, Tiga a frappé fort avec son très attendu premier album, Sexor. Ce Montréalais, que les clubs du monde entier s’arrachent, a trouvé le temps entre deux avions et trois remixes de pondre un disque efficace de techno pop qui réconcilie les puristes et les néophytes. Le meilleur disque electro de 2006 ?

L’un des meilleurs DJs français s’appelle Agoria. Ce Lyonnais a sorti son second album, The Green Armchair, qui lui aussi tente de ménager les aficionados techno et un public un peu moins averti. Agoria maîtrise tout autant les bombes pour les pistes de danse que les titres plus calmes, en compagnie de Neneh Cherry, Peter Murphy et Princess Superstar. Un album surprenant qui dépasse toutes les chapelles musicales. Nouvelle pointure de la techno, cette fois-ci pure et dure, Para One, producteur de TTC, a démontré sa virtuosité du home-studio, mais aussi toutes ses différentes facettes technoïdes, sur son premier opus Épiphanie.

De l’album à la scène

À l’instar des Daft Punk, l’electro a aussi brûlé les planches. Hyper active, la jeune surdouée Émilie Simon a publié Végétal, un opus à la fois organique et électronique très personnel, qui s’est rapidement concrétisé sur scène avec un orchestre classique.

De son live, le duo Nôze a créé un second album, How to Dance, de joyeuse électro bordélique. Gotan Project a réussi le difficile examen du second album. Lunático parvient à ne pas décevoir les fans de La Revancha del Tango, sans en reprendre les mêmes ficelles. Deux révélations sur scène plus intéressantes que sur disques : l’electro-jazz festif de Da-taz ; et Champion, alias le Québécois Maxime Morin aux machines et ses cinq guitaristes, qui démultiplie les énergies rock et techno. En revanche, on a deviné que le duo Cassius voulait devenir des rock stars depuis longtemps (l’album 15 Again), mais sur scène, le chemin sera encore long.

Une belle année electro, surtout marquée par la techno, toujours influencée par le courant minimal ou electroclash allemands (Michael Mayer, DJ Hell…), mais désormais rattrapé par les Britanniques tels que Nathan Fake ou James Holden.

Depuis New York, François K., l’un des grands témoins de la planète electro, a signé un mix hypnotique, en forme de rétrospective 2006 de cette actualité européenne. Très complémentaire, le Résumé de Citizen, le label de Vitalic, délivre quelques perles techno parfois méconnues, qui ont également rythmé cette année. À signaler aussi, le poétique troisième album de Double U, Bosphorus, combinaison éthérée de folk et d’electronica, ou la folk lo-fi du Volume Courbe, une jeune Française signée par Damon Albarn. En 2007, on attend la confirmation de deux jeunes espoirs du label Ed Banger, avec les décharges syncopées de Sebastian et les basses saturées de Justice. À suivre…