Mafia K’1 Fry

Kery James, 113 et Manu Key en tête, le sulfureux collectif rap du Val de Marne est de retour. En équilibre instable entre revendication et provocation, Jusqu’à la Mort allume au gros calibre, sans fioriture. Un ton polémique et des soucis juridiques, qui ont quelque peu effrayé les maisons de disque. Mais méfions-nous des apparences.

Jusqu’à la Mort

Kery James, 113 et Manu Key en tête, le sulfureux collectif rap du Val de Marne est de retour. En équilibre instable entre revendication et provocation, Jusqu’à la Mort allume au gros calibre, sans fioriture. Un ton polémique et des soucis juridiques, qui ont quelque peu effrayé les maisons de disque. Mais méfions-nous des apparences.

ça débute fort. Cuivres martiaux, les gladiateurs entrent dans l’arène. On n’a pas fini, déclaration d’intention guerrière, muscles bandés. Une question de survie d’après la Mafia K’1 Fry. Guerre, le brûlot suivant, accentue encore la pression. Kery James reprend la formule de son mythique Hardcore : le leitmotiv "c’est la guerre" revient inlassablement à la fin de chaque phrase. Effet "galvanisateur" garanti.

A tel point qu’à la fin du clip, un message signé du groupe apparaît : "Discrimination sociale, raciale, certes c’est la guerre. Mais brûler les personnes innocentes et leurs biens n’est pas un acte de résistance. Toute guerre ne se gagne pas par la violence." Une précision qui aurait eu toute sa place dans le titre même. Surtout qu’ensuite, ça pétarade de partout : le tellurique Tu Vois? ou Val 2 Meurtre, chronique gorgée de haine et de testostérone.

D’autant que les instrus ne font pas non plus dans la dentelle. Rythme abrasif, boucles électro torturées, Microbes bastonne à en faire pleurer un producteur new-yorkais. Heureusement, Voyous en Costard, La Pilule et Incompris, les trois titres les plus dansant, offrent quelques goulées d’air bienvenues.

Si l’on excepte la faute de goût Mama (avec un sample du groupe hard rock Scorpions !), Jusqu’à la Mort s’en sort la tête haute. Mais ce n’est qu’avec Thug Life, le dernier titre, que la Mafia K’1 Fry se révèle. Pierre philosophale du collectif, Kery James, en solo, y étale crûment ce que cache soigneusement le rap "bling-bling" :  la douleur et la souffrance.

Mafia K’1 Fry Jusqu’à la mort (Menace Records/Wagram) 2007
En concert le 12 avril à Paris, au Bataclan. Les autres dates sur www.mafiak1fry.com