Les cauchemars de Joakim

Avec son troisième album, Monsters & Silly Songs, Joakim enchevêtre les genres dans des ambiances sombres et inquiétantes.

Monsters & Silly Songs

Avec son troisième album, Monsters & Silly Songs, Joakim enchevêtre les genres dans des ambiances sombres et inquiétantes.

Le cauchemar d’un musicien : perdre la totalité de son album avant son mixage. C’est l’histoire qui est arrivée à Joakim, alors qu’il travaillait depuis un an et demi sur son troisième album. Il a dû tout reprendre à zéro, le contenu de son disque dur étant perdu. L’album a donc été réenregistré avec machines et musiciens dans l’urgence… Le résultat est plutôt surprenant mais convaincant. Surprenant car, une fois de plus, Joakim surgit là où l’on ne l’attend pas.

Après avoir composé seul un premier album electro-jazz (Tigersushi en 1999) et un second plus électronique (Les Fantômes en 2003), Monsters & Silly Songs lorgne du côté de l’electro-rock. Plus précisément du krautrock, ce courant musical germanique incarné dans les années 1970 par des groupes comme Can, Neu ! ou Faust. Avec les musiciens d’Ectoplasmic Band, Joakim a réalisé un concept album contemplatif, obscur et hypnotique.

Le crépusculaire Sleep in Hollow Tree, avec ses chœurs froids et inquiétants, pose d’emblée l’atmosphère de ce disque. Plus rebondissant et plus pop, I Wish You Were Here reste néanmoins dans la même veine, loin de l’optimisme des pistes de danse. Lonely Hearts nous plonge dans la pop synthétique de la fin des années 1970, tandis que Peter Pan Over the Bronx glace un peu plus l’auditeur de cette élégie électronique.

L’album se clôt de façon moins originale sur un psychédélique Love-Me-2 et un sépulcral Tanabata au piano, sorti de l’enfance pianistique de l’auteur de ce disque. Créateur du label Tigersushi (Poni Hoax, Aswefall…), remixeur très demandé (par Tiga, Air ou Fisherspooner) et DJ autour de la planète, Joakim rêve sans doute désormais de chansons, de groupe et de scènes.

Joakim, Monsters & Silly Songs (Versatile/Nocturne) 2007