Mamadou Diabate

Ambassadeur de la kora aux Etats-Unis où il réside, le Malien Mamadou Diabate propose sur son troisième album Heritage, totalement instrumental, une vision de la musique mandingue influencée par le jazz.

Heritage

Ambassadeur de la kora aux Etats-Unis où il réside, le Malien Mamadou Diabate propose sur son troisième album Heritage, totalement instrumental, une vision de la musique mandingue influencée par le jazz.

Cela ressemble à un paradoxe : bien qu’il appartienne à une illustre famille de griots du Mali dont le rôle est de transmettre l’Histoire en chansons, Mamadou Diabate préfère laisser parler les instruments. Pas une parole sur les douze morceaux de son nouvel album qu’il a pourtant intitulé… Heritage ! Et c’est même par écrit que s’exprime cet héritier des traditions transmises oralement, en fournissant sur le livret du disque de précieuses explications sur les titres qu’il joue.

Moins connu en Europe qu’un certain nombre de ses compatriotes, il est l’un des rares koristes à faire carrière aux Etats-Unis où il s’est installé depuis plus d’une décennie.

Après Tunga, son second album Behmanka lui a valu une nomination aux Grammy Awards en 2005 dans la catégorie “meilleur album de musique du monde traditionnelle”. L’année suivante, c’est un autre Diabaté – en duo avec Ali Farka Touré – qui remportait la fameuse récompense : son cousin Toumani, de dix ans son aîné, “une grande source d’inspiration pour moi”, tient à rappeler Mamadou.

Né en 1975, il a grandi entre Bamako et Kita, sa ville natale. Auprès de son père, membre de l’Ensemble instrumental du Mali, il a appris à faire sonner les 21 cordes de la kora. Mais c’est outre-Atlantique qu’il a muri sa propre vision de la musique mandingue, en s’ouvrant à d’autres courants. “Le jazz a développé ma technique et mon sens de l’improvisation (…) Je n’aurais pas eu ces expériences au Mali. Je suis devenu meilleur musicien en vivant aux Etats-Unis”, explique-t-il.

L’esprit du jazz plane sur ce disque qui contient huit titres du répertoire traditionnel totalement réarrangés, parmi lesquels Gansana ou Joukouya que Mamadou jouait avec son père. Enregistré en cinq jours, Heritage n’est pas seulement l’album soigné d’un virtuose de la kora capable d’un solo à couper le souffle sur Foulouya, mais celui d’un quartet dont on devine le niveau de complicité tant l’ensemble est fluide, d’une musicalité irrésistible.

Mamadou Diabate Heritage (World Village/Harmonia Mundi) 2007