My Wax Tailor is rich
Mars 2005, Tales of the forgotten melodies, premier album de Wax Tailor, sort dans l’anonymat (et le désintérêt) le plus complet. Depuis, cette galette trip-hop très influencée par Portishead, s’est écoulée à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Jean-Christophe Le Saoût, tête pensante du projet, revient avec Hope & Sorrow. Le creuset reste identique, même si l’ensemble sonne à la fois plus soul et plus hip hop. Les puristes vont encore tiquer, tant pis pour eux !
Hope & Sorrow, deuxième album
Mars 2005, Tales of the forgotten melodies, premier album de Wax Tailor, sort dans l’anonymat (et le désintérêt) le plus complet. Depuis, cette galette trip-hop très influencée par Portishead, s’est écoulée à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Jean-Christophe Le Saoût, tête pensante du projet, revient avec Hope & Sorrow. Le creuset reste identique, même si l’ensemble sonne à la fois plus soul et plus hip hop. Les puristes vont encore tiquer, tant pis pour eux !
RFI Musique : Hope & Sorrow, de l’espoir et de la douleur, sympa comme programme !
Jean-Christophe Le Saoût : (rires) J’ai eu rapidement le titre en tête. J’avais la sensation de partir vers une production plus contrastée que sur le premier album. Pas seulement un fil mélancolique mais des choses un peu plus noires et d’autres… un peu moins sombres ! Il s’est aussi passé des moments incroyables dans ma vie grâce à ce premier disque, avec beaucoup d’espoir mais aussi de grosses phases de stress. Pour moi, Hope & Sorrow, c’est l’image de "Monsieur tout le monde" qui avance dans la vie comme un funambule, sur un fil. On est tous confronté à ça. A certaines périodes, c’est l’espoir d’un jour meilleur qui te fait tenir. Et puis parfois, c’est la déception, cet espoir perdu, qui t’amène beaucoup de souffrance. J’ai travaillé longtemps avec des jeunes ados. Et quand tu as un gamin de 15 ans qui te dit "Je n’ai rien à perdre", c’est dramatique. ça veut dire que cet équilibre-là n’existe plus. Il y a juste de la souffrance, avec une dérive… Il y a aussi une lecture politique. Quand je produisais l’album, je savais qu’il allait sortir au cours d’une année d’élections.
Qu’est-ce qui a changé depuis Tales of the forgotten melodies ?
Je ne me contente plus de jouer de la musique, maintenant j’en vis et ça c’est déjà chouette ! ça faisait 15 ans que je vivotais de petits boulots. Sur le premier album, j’avais plein de choses à prouver aux autres. Là, j’avais envie de me prouver des choses à moi-même, d’aller plus loin dans l’écriture mélodique. D’où l’omniprésence des featurings vocaux.
Comment composez-vous ?
Pour le titre The games you play, je me suis réveillé un matin et j’avais directement le morceau dans la tête. C’est la seule fois ! Habituellement, j’échantillonne. Je cherche des sons sur des albums. Ensuite la mélodie est à leur service. C’est assez logique. Quelqu’un qui joue du clavier, tu lui donnes un piano, il va avoir une idée de mélodie, tu lui donnes un Fender Rhodes, il va jouer différemment. Je n’ai pas la prétention d’amener quelque chose de révolutionnaire. ça n’arrive qu’une fois tous les 20 ans ! C’est une digestion de plein de choses. J’ai grandi avec la culture hip hop. Quand j’ai commencé à produire, je suis allé chercher de la soul et de la funk, mais ça ne m’intéressait pas vraiment, je recherchais juste la boucle pour faire des instrus. Mais après avoir écouter Public Enemy, j’ai redécouvert des titres de James Brown en me disant "C’est énorme !". Ça m’arrive encore aujourd’hui. Ça devient un jeu. Chaque jour tu as besoin de ta dose de découverte et à un moment donné, tu redigères tout ça. Moi, j’aime la musique avant d’en faire, la frontière entre l’auditeur et le musicien est extrêmement friable. Il y a un référentiel constant aux musiques des autres.
Il y a plus de scratchs cette fois-ci ?
Peut-être un peu plus dans les interludes. J’avais la volonté d’enchaîner quelques phases techniques. Dans le premier album, j’étais un peu plus sur l’économie, je ne voulais pas tomber dans le gimmick : "Tu fais de l’abstract hip hop, il faut des scratchs". Je ne suis pas un grand technicien et je ne voulais pas faire une musique spécialisée. Chaque élément dans ce disque à un sens.
Ça a du être assez facile de trouver un label ?
Je reste producteur de l’album. J’ai voulu l’amener à terme sans avoir de directeur artistique sur le dos. Au printemps dernier, quand j’ai dit que je préparais un nouveau disque, les portes étaient ouvertes. Mais j’aurais eu du mal à signer avec quelqu’un qui n’avait pas écouté mon album.
Je me suis enfermé, je l’ai produit et après je suis aller voir un peu tout le monde. Mais c’est beaucoup de temps et d’énergie, c’est un autre métier. Ça permet quand même de garder le contrôle sur ce que tu fais. Je suis un peu chiant, je ne suis pas forcément un cadeau pour les services marketing. Je veux donner mon avis sur tout. Je trouve qu’on en est arrivé à un stade d’ultra consommation de la musique périssable. Exister dans ce climat, c’est avoir une démarche artistique entière. Tu es derrière et tu assumes tout. Ce n’est pas juste 10 titres, avec deux singles et du remplissage pour le reste. Je ne dis pas que mon album est meilleur que les autres mais je l’ai construit, il y a un début et une fin. J’en suis fier. Je ne veux pas me foutre de la gueule du monde !
Vous avez déjà fait deux tournées aux Etats-Unis, une nouvelle est prévue ?
Nous y retournons fin mai pour deux semaines. Hope & Sorrow y sort en même temps qu’en France. Il sera aussi disponible au Japon et en Australie. Comme en France, nous n’avons jamais le support de gros médias, mais ça marche sur la longueur avec le bouche à oreille. C’est encore plus satisfaisant, ça veut dire que ce n’est pas factice.
Wax Tailor Hope & Sorrow (Lab’oratoire/Discograph) 2007