Galaxie, du rock du vrai, et en français
Depuis un mois, le Québécois Olivier Langevin et son groupe Galaxie arpentent les scènes françaises. Point d’orgue de cette tournée, une prestation ce jeudi 19 avril au Printemps de Bourges. L’occasion de découvrir un rock lourd et mélodique qui puisent ses racines maléfiques dans le blues. Un moment rare pour réaliser que le français aussi peut sonner rock’n’roll.
Galaxie sera l'invité de La Bande Passante en live au Tryptique le 23 avril : + d'info
En tournée en France
Depuis un mois, le Québécois Olivier Langevin et son groupe Galaxie arpentent les scènes françaises. Point d’orgue de cette tournée, une prestation ce jeudi 19 avril au Printemps de Bourges. L’occasion de découvrir un rock lourd et mélodique qui puisent ses racines maléfiques dans le blues. Un moment rare pour réaliser que le français aussi peut sonner rock’n’roll.
Galaxie sera l'invité de La Bande Passante en live au Tryptique le 23 avril : + d'info
Si on ne vous prévient pas, il y a peut de chance que vous vous en rendiez compte. Mais si, Olivier Langevin, leader de Galaxie, chante bien dans la langue de Jacques Chirac : "Je viens de Saguenay-Lac Saint Jean, une région où le français est hyper déformé. On a un "joual" [accent, ndlr] super coulant, avec dix mots, on en fait trois. Il y a beaucoup de contractions. Du coup, ça ressemble à de l’anglais. Nous sommes entre deux sonorités, ça nous permet cette fluidité pour chanter." Avec ce deuxième album, Le temps au point mort, Galaxie s’offre enfin une tournée hors du Québec, une suite logique pour son chanteur-guitariste : "Notre province est très petite avec 6 millions d’habitants, la France est donc le marché naturel pour jouer plus. Le Québec, c’est vraiment une forteresse francophone, il n’y a pas beaucoup d’échange avec le Canada anglais. Quand tu parles français, c’est presque impossible de se faire une place là-bas."
Cornaqué par le label indépendant prometteur Ladilafé (ex-Yelen), Galaxie a écumé une grande partie de l’Hexagone. Alençon, Perpignan en passant par Le Creusot ou Besançon, Olivier s’avoue emballé par l’expérience : "Je ne m’attendais à rien en partant, je suis ravi ! On a fait des spectacles devant beaucoup de monde, le public nous reçoit bien. Même si contrairement à Garou, tout ce qu’on raconte dans nos chansons, c’est typiquement québécois." Ce chantre de la francophonie a tout de même rencontré quelques déboires en France : "Quand on arrive dans un restaurant, même si on parle en Français, tout le monde nous répond en anglais, alors que moi je ne comprends que très moyennement…"
Le rock : de l’énergie avant tout !
S’il apprécie son voyage, Olivier a tout de même un grief : "Je ne trouve pas la France rock’n’roll du tout (rires). Rien qu’avec les limites de décibels dans les salles... Je ne veux pas être insultant mais ici, vous mettez plus la voix en avant, alors que chez nous et même aux Etats-Unis, c’est tout au même niveau. Je ne veux pas généraliser non plus, on a vu Nadj et les Sna-Fu, ce sont de très bon band mais quand t’écoutes du rock’nroll, tu ne t’attaches pas au texte, juste à l’énergie." Et en matière d’énergie, Olivier et sa bande en connaissent une palette. Le temps au point mort suinte le rock sale. Les guitares sont lourdes, la voix en immersion et les mélodies lascives à souhait. Une musique que le chanteur multi-instrumentiste résume comme du "blues joué très fort". Des titres comme la Fièvre, Loop ou Big bang redonnent ses lettres de noblesse au terme heavy, alors que Eeehhh !!! alignent des riffs plus imparables les uns que les autres.
Initiateur de Galaxie, Olivier Langevin en est aussi le chef d’orchestre. Il compose seul les titres, puis enregistre tous les instruments sur une maquette. Ensuite, il fait appelle à ses compères : " Il y a un noyau solide avec Pierre Girard (réalisateur) et Fred Fortin (bassiste) plus quelques électrons qui viennent s’ajouter. Les musiciens ont toute liberté pour s’exprimer. Je dois juste prendre la bonne personne pour la bonne chose. Je sais que sur telle chanson, tel batteur sera le plus adapté. J’essaie aussi d’appeler le plus d’amis possibles. J’ai plein de copains là-bas avec qui j’aime beaucoup jouer, j’essaie de donner une place à chacun."
Le côté obscur de l’humain
Malgré sa joie de vivre apparente, les textes d’Olivier, tout comme sa musique, ne respirent pas l’allégresse. "C’est naturel, confie-t-il. Je ne peux pas m’en sauver, c’est ça qui sort de moi, je n’ai pas le choix. Galaxie, c’est un plaisir et un exutoire. Je n’aime pas la musique drôle. Quand j’allume la télé, ce que je reçois du monde en général, n’est pas nécessairement joyeux. Je suis quelqu’un d’heureux mais ce qui m’inspire, c’est le côté obscur de l’humain. C’est ce qui me déprime, ce qui me fait mal, c’est ça qui doit sortir quand j’écris." Une ambiance très bien captée par le peintre Martin Bureau. Ses dessins illustrent, on ne peut mieux, la folie abrasive de Galaxie. Le livret intérieur regorge d’œuvres d’art percutantes.
Olivier attend avec impatience la date du Printemps de Bourges : "Le festival est très connu au Québec. La Voix, un journal culturel gratuit, assure souvent un suivi. J’étais déjà venu accompagner Mara Tremblay, une artiste en découverte. ça avait cartonné, j’ai hâte d’y retourner. C’est impressionnant, je ne m’y attendais pas, on est choyé de pouvoir jouer ici."
Galaxie Le temps au point mort (Ladilafé/Atmosphériques) 2007