Les vingt ans d’Amel Bent

Après le succès de son premier album, Amel Bent sait qu’elle est attendue au tournant. Aujourd’hui, après quelques coups durs et une médiatisation intense, la chanteuse revient plus forte, et surtout plus mûre. A 20 ans, son nouvel album, en est la preuve.

Un second album attendu

Après le succès de son premier album, Amel Bent sait qu’elle est attendue au tournant. Aujourd’hui, après quelques coups durs et une médiatisation intense, la chanteuse revient plus forte, et surtout plus mûre. A 20 ans, son nouvel album, en est la preuve.

On l’aperçoit au fond d’un grand club parisien : une cigarette à la main, Amel Bent nous attend et nous accueille chaleureusement et simplement. La grosse tête, Amel ? N’y pensez pas. Malgré un succès fulgurant, "la princesse du r’n’b français" a su rester naturelle et n’a rien perdu de son franc-parler.

C’est donc tout simplement qu’elle nous raconte son histoire : celle d’une enfant de La Courneuve, qui n’a pas grandi dans un milieu musical mais plutôt dans un "milieu de nourriture" dit-elle, amusée. Et pourtant, aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours chanté : "Quand j’avais 4 ou 5 ans, je dansais déjà sur la table et je faisais des spectacles raconte-t-elle. J’étais la star de la maison. J’ai d’abord pratiqué la danse pendant huit ans, puis j’ai fait deux ans de piano au conservatoire. Mais je n’ai jamais pris de cours de chant". Pas de cours de chant, car pour tout avouer, Amel ne comptait pas devenir chanteuse… elle n’avait pas assez confiance en elle : "J’adore les films psychologiques comme Seven, Saw et surtout la série Profiler, dit-elle. Voilà donc le métier que je voulais faire, profiler ! J’aurais aimé étudier le profil des tueurs en série". Et elle ajoute en riant : "Mais finalement, je suis beaucoup mieux chanteuse !".

Et pourtant, cette carrière a bien failli lui passer sous le nez. Après avoir raté son bac, Amel s’accorde une année sabbatique pour courir les casting. Après avoir été recalée à l’émission de télé-crochet Popstars sur M6, elle tente l’aventure Nouvelle Star en 2004 : "Quand je me suis présentée, j’étais pétrifiée se souvient-elle. Je ne pensais pas arriver aussi loin. J’étais si heureuse de passer sur le prime et de chanter du Mariah Carey devant tant de gens. A partir de là, je savais que même si l’aventure s’arrêtait, j’aurais réalisé une partie de mon rêve".

Amel arrive cependant jusqu’en finale… mais perd face à un rocker, Steeve Estatof. Une défaite relative puisque quelques mois plus tard, elle sort l’album Un jour d’été : porté par les titres Ma philosophie et Ne retiens pas tes larmes, c’est un énorme succès. 650.000 albums sont vendus. Deux ans plus tard, elle est consacrée Révélation du public aux Victoires de la Musique. Et quand on lui demande si cette soudaine célébrité n’est pas déstabilisante, elle nous regarde, étonnée : "La célébrité, ce n’est pas difficile à gérer, au contraire, c’est super. Je ne vais pas dire que je regrette de ne pas avoir galéré. Quand ça vous tombe dessus, c’est génial".

L’album de la confirmation

Avec son nouvel album, A 20 ans, elle doit donc confirmer son succès. Stressée ? "Pas du tout, répond-elle. Je reste sereine. Je sais que le public me suit". Il faut dire que la jeune chanteuse a su s’entourer d’artistes à succès : à ses côtés, on retrouve Pascal Obispo et Lionel Florence (le parolier de Liane Foly, Calogero ou Pagny), sa copine Diam’s, et surtout l’une de ses idoles, Charles Aznavour : "Nous avons un ami commun qui savait que mon rêve était de faire quelque chose avec lui. Il a tout arrangé et un jour, à 11 heures du matin, je me suis retrouvée avec Charles Aznavour au téléphone qui me parlait d’un titre qu’il me composait. Après le coup de fil, j’étais en larme". 

A 20 ans est aussi l’album qui lui permet de signer ses premiers textes. Amel Bent y parle toujours beaucoup de sa famille ("Je suis tout le temps en famille, dans tout ce que je fais" dit-elle) mais elle s’accorde aussi quelques textes touchant à l’actualité : "La politique ne m’intéresse pas. Mais par contre, je suis sensible aux problèmes qui m’entourent. Je suis choquée de voir des gens qui dorment dehors, qui vivent à quinze dans des studios ou qui galèrent pour payer leur loyer…" Dans son premier single, Nouveaux Français, elle décrit le quotidien des immigrés et des enfants d’immigrés : "Il y a encore beaucoup de discrimination raciale en France. C’est honteux de se faire recaler en boîte parce qu’on est basané ou qu’un taxi refuse de vous raccompagner parce que vous habitez la Courneuve ". Mais un autre thème est encore plus présent sur l’album, celui de la solitude : "J’ai très peur de tout perdre, confie-t-elle. Je reçois tellement d’amour… je ne veux pas qu’on me retire tout ça. J’ai peur de l’ennui, et surtout, j’ai peur de grandir et de perdre les gens que j’aime". Alors, pour conjurer le sort, elle chante la solitude et la mélancolie : "De toute façon, ajoute-t-elle, je suis mélancolique quand je chante, et j’aime ça. J’aime chanter des chansons qui me donne envie de pleurer et je me sens plus à l’aise dans un répertoire triste". Mais surtout, n’allez pas croire que ce vague à l’âme gâche la vie d’Amel. A la fin de l’entretien, elle tient d’ailleurs à ajouter : "Surtout, ne croyez pas que je sois quelqu’un de mélancolique, loin de là. Et n’oubliez pas d’écrire qu’aujourd’hui, je suis vraiment très heureuse

Amel Bent A 20 ans (Sony Bmg) 2007