Les Ogres de Barback

Après la sortie de l’album Du simple au néant au printemps dernier, les deux frères et les deux sœurs Burguière sont en tournée tout l'été. Quatre-vingts concerts par an en moyenne, projets en solo des différents membres du groupe… Retour sur des Ogres gourmands en aventures musicales.

Toujours sur la route, toujours en studio

Après la sortie de l’album Du simple au néant au printemps dernier, les deux frères et les deux sœurs Burguière sont en tournée tout l'été. Quatre-vingts concerts par an en moyenne, projets en solo des différents membres du groupe… Retour sur des Ogres gourmands en aventures musicales.

Les journalistes les ont découverts il y a dix ans : deux frères d'à peine vingt ans et leurs petites sœurs jumelles de seize ans, qui jouaient une chanson avec accordéon, violoncelle et guitare acoustique, violon et flûte traversière. On se sentait dans les parages des Têtes Raides, dans le cousinage de Bérurier Noir, avec derrière, l'ombre de Renaud, Francis Lemarque ou Aristide Bruant.

Fred, Sam, Mathilde et Alice Burguière avaient commencé à la maison : leur père a été pianiste de variétés (notamment aux débuts d'Il était une fois) et conserve chez lui de nombreux instruments de musique. A leur premier concert est présent Grégoire Simon, membre fondateur des Têtes Raides, qui leur ouvre son carnet d'adresses : les Ogres de Barback commencent à tourner dans les bars, les petites salles, les festivals plus ou moins alternatifs… Alors que les filles sont encore mineures et doivent passer leur bac. Une fois qu'elles sont majeures, le groupe attaque les tournées de manière frénétique et la presse la plus ouverte se laisse fasciner par l'âpre fraîcheur du quatuor.

Indépendance toujours

Depuis, ils ont accompli un chemin singulier et finalement exemplaire : ils ont prouvé que l'on peut mener carrière en s'autoproduisant, que l'on peut conquérir sans cesse plus de public sans détour par le commerce ordinaire de musique, que l'on peut aller contre mille adages du métier sans jamais chuter. Ainsi, on prétend souvent qu'une tournée doit systématiquement être le prolongement du dernier album paru. Certes, les Ogres ont sorti Du simple au néant à la fin du printemps et vont en chanter une dizaine de chansons pendant leurs concerts de leur tournée d'été... Mais c'est exceptionnel.

Fred le reconnaît volontiers : "On n’est pas faciles à suivre. On a mis du temps avant de se dire que le disque nous appartenait vraiment. Au départ, nous ne pensions qu’aux concerts et aux tournées, les disques n’étaient pas un gros plaisir, le studio étant parfois une corvée. Puis on s’est dit que le disque est une carte postale et que, comme nous faisons énormément de choses, ça laisse une trace. Et on a décidé de faire ce qu’on voulait, par l’auto-distribution et un label indépendant. On est chez nous, même s’il faut que les disques fassent tourner la boîte, puisque l’on gagne notre vie par les concerts. On fait un disque avec la fanfare du Belgistan (sorti en novembre 2005), que l’on avait rencontrée pour faire une musique un peu rentre-dedans, pour des concerts debout. Puis on a voulu montrer qu’il y a autre chose que du festif et on a sorti un live de nos chansons jouées à quatre (l’album Avril et vous, sorti en mai 2006) alors qu’on tourne déjà un autre spectacle. Puis on sort le DVD de la tournée des dix ans du groupe et on enchaîne sur un spectacle assis pendant un an et demi. A la sortie des concerts, le public nous dit souvent qu’il ne s’attendait pas à ce qu’on soit si différents…"

Mixage new-yorkais

Comme pour simplifier, il y a aussi les concerts "Frédo chante Renaud", projet "solo" de l’aîné de la fratrie, sur lequel jouent régulièrement les autres Ogres, l’album pour enfants La Pittoresque histoire de Pitt Ocha (sorti en octobre 2006), les échappées d’Alice à l’autre bout du monde avec l’association Clowns sans frontières et des instants hors normes comme le concert au Zénith de Dijon, à guichets fermés, en compagnie de la Rue Kétanou… Quant aux concerts, Fred dit que le groupe "s’est un peu calmé" : environ quatre-vingt concerts par an. Ce qui laisse plus de temps pour enregistrer…

Pour Du simple au néant, ils ont enregistré dans leur propre studio pendant un mois… Et tout envoyé à New York où Nick Sansano a mixé leur disque. "On voulait un nouveau son", tout simplement. Chacun des quatre Ogres avait fait une petite sélection d’albums dont il aimait le son. Dans chacune, figurait un Noir Désir mixé par ce magicien américain. Après quelques albums de références majeures (Sonic Youth, Jon Spencer, mais aussi Zebda), Sansano a secoué les habitudes de bonne franquette des Ogres et leur goût pour un son mat, qui finissait par paraître un gage de crédibilité "alter". S’il a proposé des options surprenantes au groupe, celui-ci lui a aussi rappelé ses fondamentaux : "Il y a deux ou trois morceaux sur lesquels on a insisté pour que ça reste chanson française, dit Sam, que les gens qui connaissaient les Ogres par les albums précédents s’y retrouvent."

Les Ogres de Barback Du simple au néant (Irfan le Label) 2007

Le 28 juillet à Lassay les Châteaux, le 3 août à Gignac, le 10 à Langres, le 11 à Crozon, les 13 et 15 à Luxey… Le 16 octobre à Paris (Grand Rex).