Livin'soul
Avec son troisième album The Bridge, la jeune formation française Livin’ Soul a retrouvé avec une précision sidérante le son et l’ambiance du reggae qui sortait des studios de Kingston au tournant des années 70.
The Bridge
Avec son troisième album The Bridge, la jeune formation française Livin’ Soul a retrouvé avec une précision sidérante le son et l’ambiance du reggae qui sortait des studios de Kingston au tournant des années 70.
Le jour où la musique de Livin’ Soul parviendra aux oreilles d’un vétéran du reggae jamaïcain, la double réaction qu’elle provoquera est prévisible : d’abord un sentiment de nostalgie, puis une totale incrédulité dès qu’il sera précisé que ces chansons viennent tout juste d’être enregistrées dans leur pays par des musiciens français qui n’étaient même pas nés lorsque Bob Marley émergea à l’échelle internationale. Et c’est vrai qu’il y a de quoi être étonné d’entendre aussi bien cette cohérence collective du jeu que ces splendides harmonies vocales aigues dignes des trios les plus réputés de Jamaïque.
Tout concourre à évoquer les premières années du reggae encore marqué par le rocksteady, le souvenir du ska et celui du rhythm & blues américain toujours présent dans le chant, cette période où les trois Wailers travaillaient avec Lee Perry pour façonner leur répertoire plus roots, donnant naissance à des morceaux tels que Duppy Conqueror. D’ailleurs, The Bridge ne s’ouvre-t-il pas sur une composition originale baptisée Duppy, à travers laquelle Livin’ Soul laisse remonter à la surface de façon inconsciente ces influences majeures ? L’écriture de Sébastien Daugas, auteur de textes courts (dans un anglais-patois si musical qu’on lui pardonne son côté approximatif) s’appuyant chacun sur une phrase-clé, n’est pas non plus sans rappeler celle d’Albert Griffiths, leader des Gladiators.
Sur ses douze nouvelles chansons, le groupe du Poitou-Charente a peaufiné la démarche grâce à laquelle il a commencé à se faire connaître en 2005 à la sortie de As A Spring. Si les ventes de ce disque sont restées modestes avec environ 5000 exemplaires – mais peu de nouveautés jamaïcaines font aujourd’hui mieux en France – le succès d’estime leur a permis d’attirer l’attention de Serge Faubert, rencontré sur le plateau d’une émission radio. Le réalisateur des Femmouzes T les a conduits dans un studio de la banlieue toulousaine équipé "à l’ancienne", avec du matériel analogique. Il les a fait jouer ensemble, en prise directe, comme leurs aînés de Studio One à Kingston et s’est chargé du mixage, opération délicate que Livin’ Soul avait mal négocié par le passé, pêchant par inexpérience. Cette fois, leur musique a le son qu’elle mérite. Une belle réussite.
Livin’ Soul The Bridge (ACTive Sound/Mosaïc) 2007