4 août : monumentale Gréco, encourageant Bélo

Pour ce week-end de clôture des Francofolies de Montréal, Juliette Gréco met 1400 spectateurs à genou. Avec un récital fait d'audace et de poésie. Et au même moment, exactement, le Haïtien Bélo (la dernière Découverte RFI), donnait deux concerts en plein air…

Y'a de la voix!

Pour ce week-end de clôture des Francofolies de Montréal, Juliette Gréco met 1400 spectateurs à genou. Avec un récital fait d'audace et de poésie. Et au même moment, exactement, le Haïtien Bélo (la dernière Découverte RFI), donnait deux concerts en plein air…

C'est au théâtre Maisonneuve de Montréal, que Juliette Gréco a chanté samedi soir, à guichet fermé. 1400 personnes ont applaudi pendant près d'une heure trente la dame en noir de Saint-Germain-des-Prés. Accompagné par le fidèle ami-mari-pianiste-compositeur Gérard Jouannest et l'accordéoniste Jean-Louis Matinier, Gréco a interprété 22 chansons, d'un répertoire qu' elle rôde depuis le Châtelet en février dernier.

Dissimulant son visage sur La chanson des Vieux Amants, théâtrale dans J'arrive, dialogue humble et douloureux avec la mort, et coquette au moment de l'indispensable Déshabillez-moi !. "Oui, dit-elle, je ne devrais pas chanter cette chanson, mais ça m'est égal... Vous savez, je suis à un âge de ma vie où j'ai le droit de m'amuser"… En point d'orgue, un péremptoire et rigolard : "Et vous… Déshabillez-vous !", où l'on a craint un instant que le public, fasciné, ne s'adonne à un lâcher de costumes de ville.

Et tandis que l'assistance ponctue chaque annonce de chanson, avec des "oh" ou des "ah" d'absolue satisfaction, La Javanaise fait son entrée... Mais pas seule : après quelques mesures, Diane Dufresne vient donner la réplique à son amie. "Javoue, j'en ai bavé pas vous, mon amour ; avant d'avoir eu vent de vous…" Deux dames "punks" qui rivalisent de complicité, de douceur, et du plaisir d'être ensemble. Si Diane Dufresne se fait de plus en plus discrète, elle apparaît parfois, en star américaine, comme en 2005 au Métropolis, avec Alain Bashung.

La Chanson de Prévert et Ne me quitte pas seront les chants d'adieu de Gréco, ce samedi soir, à Montréal. Et avec elle, les présences fantomatiques de Brel, Ferré, Gainsbourg… Non, mesdames-messieurs, Gréco n'a plus 20 ans. 1400 paires de mains québécoises la supplient de rester. Encore un peu. Rendez-vous le 27 octobre à la salle Pleyel. Paris. France.

Laurence Aloir

Bélo , la dernière Découverte RFI

De lui, on savait qu’il chantait bien, d’une voix douce et convaincue à la fois… On savait moins que c’était un as du suspense ! Ces trois derniers jours, l’hypothétique venue de Bélo a tourné au gag… Puis au cauchemar : viendra ? Viendra pas ? Le garçon se faisait désirer sans donner le moindre signe de vie. Et, à l’instant où l’on y croyait plus, à l’instant même où les organisateurs s’apprêtaient à rayer son nom du festival, l’ami Bélo fit sa soudaine apparition. Arrivé on ne sait trop comment jusqu’au cœur de Montréal. Mais, après tout, on ne veut pas le savoir. Tout est bien qui finit bien.

Il nous aurait manqué, Bélo, s’il n’était pas venu honorer ses concerts, conclus dans le cadre d’un partenariat entre RFI et les Francos. Et il aurait surtout manqué une belle occasion de se faire entendre dans une ville cosmopolite et curieuse, où la communauté haïtienne sait reconnaître les siens. D’autant qu’à 28 ans, ce jeune homme fait déjà figure de talent sûr chez lui, où plusieurs titres de son premier album, Lakou Trankil, se sont vite hissés au rang de succès. Avec sa voix feutrée et son air un peu nonchalant, Bélo ne semble pourtant pas vouloir forcer le destin. C’est la musique qui s’est imposée à lui, plus que le contraire. Né à La Croix-des-Bouquets, comme le chanteur Wyclef Jean, le garçon a démarré jeune, dès l’âge de 11 ans, en reprenant alors les chansons de ses idoles. Puis il a appris seul à manier la guitare. Jusqu’à ce que lui, l’autodidacte, se mette aussi à composer.

Ce sont d’ailleurs ses musiques - mélange de reggae, de soul, et même d’un peu de jazz - et sa voix ample qui l’ont fait remarqué. Depuis une petite dizaine d’années, Bélo peaufine un répertoire à la fois grave et léger où il y aborde sans détour mais sans s’appesantir, les problèmes qui frappent son pays. "Il faut que nous nous mobilisions tous pour que les enfants d’Haïti ne soient plus obligés de prendre le chemin de l’exil", a-t-il lancé en substance à un public très réactif, visiblement sensible à ses airs profonds et chaloupés. Bélo, voix douce mais ferme, de conviction et de paix ; un peu comme Gréco, au fond. Ce que Montréal sait parfaitement entendre.

Valérie Lehoux

A écouter

- Musiques du monde (02/08/07) de Laurence Aloir
Sa joie de clôturer les 19e Francofolies de Montréal, ses amours nord-américaines pour New York et les Québécois, son admiration pour Christophe Miossec et Abd Al Malik, qu'elle considère comme ses "fils"... Le temps d'un coup de fil intime avec Laurence Aloir, productrice de l'émission Musiques du monde, Juliette Gréco se dévoile. Jusqu'à révéler qu'elle est en ce moment même en pleine préparation d'un nouvel album.

Diane Dufresnes et Juliette Gréco interprètent

(3'31)


(6'45)