Karkwa
Les Tremblements s’immobilisent, le second album de Karkwa - quintet masculin installé à Montréal - vient de sortir en France. Rock, électro, sombre, alternatif, poétique, énervé et 100% écrit en français, il accroche étrangement l’oreille.
Les tremblements s’immobilisent
Les Tremblements s’immobilisent, le second album de Karkwa - quintet masculin installé à Montréal - vient de sortir en France. Rock, électro, sombre, alternatif, poétique, énervé et 100% écrit en français, il accroche étrangement l’oreille.
"L’ultime révélation pop des dernières années au Québec" : voilà comment le nouvel album du groupe Karkwa a été présenté peu après sa sortie en 2005 dans la Belle Province. Rien de moins ! A côté d’autres Montréalais comme Patrick Watson et Arcade Fire - qui expriment leur rock essentiellement en anglais - ce groupe chante uniquement dans la langue de Molière, fidèle à la francophonie de ses cinq membres. Et ceux-là ne sont pas en panne d’imagination ! Leurs muses pour Les Tremblements s’immobilisent ? Le quotidien, l’actualité et les émotions fortes. Résultat : des paroles écrites au sang noir, torturées à souhait mais bigrement poétiques (cela a d’ailleurs valu à Karkwa le prix Félix Leclerc de la chanson en juin 2006).
Sur ces douze pistes habilement écrites donc, le chanteur Jean-Louis Cormier devise sur la rupture amoureuse, les tueries, le froid hivernal, le vertige… On en ressort un peu sonné d’assister ainsi à l’angoisse de si jeunes musiciens. Extraits : "Perdu, tendu dans une simple histoire / Pas de plafond mais un ciel qui pleurniche et qui braille / Je sens que le tremplin peut céder sous mes pieds / Toujours j’hésite à sauter sur Vertige. Qui me glace le sang ? Me cloue au sol ? Toutes mes combines, mes Columbine, mes coups de feu dans l’école / Dans les vapeurs de la tuerie, la peur de rester pris sur Vapeurs". Au moins, une chose est sûre : les tremblements promis par le titre de l’opus sont bien là !
La musique – qui frise parfois le style Radiohead - y contribue fortement. Au départ, les structures couplet/ refrain (quasi toujours calquées sur le calme puis l’énervement) semblent un peu attendues. Puis, chansons après chansons, on se laisse happer par les mélodies au piano (Coup d’Etat), par les guitares inventives (acoustique sur Les Froids Fonds, agressives sur Alaska), par les superbes interventions d’un violon sur Les Vapeurs ou les bruitages qui habillent plusieurs titres. Mention spéciale pour le swinguant titre Redlight, entonné par Brigitte Fontaine : "Les murs s’effritent, ça sens la frite, la graisse, le diesel / Les chiens couverts de tics aboient au coin des ruelles, un rictus au coin du museau et pissent dans les caniveaux". Des paroles qui vont étonnement bien à la bouche de cette marraine française d’une formation québécoise à suivre.
Karkwa Les tremblements s’immobilisent (Boxson / Anticraft) 2007