Barbara, la ferveur de la jeunesse

Marie Chaix écrit dans son livre Barbara : "Quant on allait la voir ces dix dernières années, on était frappé de trouver dans la salle d'une part des gens de tous âges, (…) et d'autre part, de plus en plus de jeunes garçons et filles venus non seulement applaudir leur idole mais s'abreuver à la source de la déesse mère". A la fin de sa carrière, un public extrêmement fervent de jeunes gens venaient à ses concerts comme à des messes. Ils trouvaient là sans doute une réponse à leurs questions existentielles.

Marie Chaix écrit dans son livre Barbara : "Quant on allait la voir ces dix dernières années, on était frappé de trouver dans la salle d'une part des gens de tous âges, (…) et d'autre part, de plus en plus de jeunes garçons et filles venus non seulement applaudir leur idole mais s'abreuver à la source de la déesse mère". A la fin de sa carrière, un public extrêmement fervent de jeunes gens venaient à ses concerts comme à des messes. Ils trouvaient là sans doute une réponse à leurs questions existentielles.

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Marie Chaix : Quand elle a commencé sa campagne anti-sida, elle disait dans ses concerts : "les préservatifs je vous dis de les mettre, je vous ordonne". C'était extraordinaire parce qu'elle avait un ton maternel autoritaire pour dire : il ne faut plus rigoler avec çà ! Quand je dis la "déesse mère", c'est une image. Elle était tellement révérée. Ils venaient comme à la messe. La ferveur venait aussi de ce qu'elle disait dans ces chansons, il y avait une certaine identification. Si on prend ses chansons, il y a de grands thèmes, l'amour, la mort, l'enfance, la solitude…et toutes les façons de les décliner parce que finalement, elle a répété la même chose pendant trente ans. Pour tous les grands auteurs, c'est çà. On dit toujours les mêmes choses sous des formes différentes. Le miracle qui se produit, c'est que ceux qui vous écoutent ou qui vous lisent finissent par s'identifier, çà les aide. Je pense que dans les chansons de Barbara, à tout âge, on pouvait retrouver ce qu'on a vécu. On peut avoir vécu des choses terribles à 15 ans ou même avant, et plus tard. Elle avait cet art de trouver les mots que les autres ne trouvaient pas. Pas seulement les mots, la musique.

Valérie Lehoux : Je pense que c'était la seule qui avait trois générations de spectateurs dans la salle. Ce qui était étonnant, c'est que ça se renouvelait toujours. Çà continue de se renouveler. Elle même disait d'ailleurs, "à l'adolescence, on divorce d'avec ses parents" et dans ce rapport maternel, qu'elle pouvait avoir… très protecteur avec les gens qui venaient la voir à la fin des concerts, elle restait pendant des heures, elle signait des autographes etc. Les jeunes lui écrivaient des lettres enflammées. C'était quand même incroyable de voir cette femme, surtout dans les années 80, qui pouvait avoir l'âge de vos parents et qui était tellement jeune, tellement moderne, à gambader sur scène, à se jeter sur le piano. Un jour, elle s'est fêlé une cote !… et elle a continué de chanter. Il y avait quelque chose de miraculeux à entendre cette femme avoir un discours tellement moderne, tellement intemporel. Il y avait, je pense, aussi cet espèce d'absolu, cet engagement absolu qu'on sentait chez elle. Quand tu es en plein dans l'adolescence, quand tu es à cette période-là de ta vie, tu as une aspiration à l'absolu. Dans un monde où tout est relatif, où tout te semble plein de compromission, Barbara c'était l'inverse…

Marie Chaix : Quand je dis maternelle, ce n'est pas la recherche de la mère. Quand on est adolescent, on fait tout pour être opposé à ses parents et pour chercher ailleurs une voie, je pense qu'elle représentait cette voie, qu'on peut écrire de plusieurs façons.
En dehors des conflits qu'on peut avoir avec ses parents, elle apportait une réponse, en tout cas, une sympathie, un amour, une chaleur qu'ils retrouvaient sur scène… et puis avec la fascination de la scène, avec ce qui se passe en scène qui était toujours extraordinaire.

Valérie Lehoux : Il fallait la voir sur scène, il y avait un don physique aussi. Il fallait la voir s'approcher de la scène en tendant les bras. Parfois les applaudissements pouvaient durer une demi heure, trois quart d'heure à la fin des spectacles, c'était infernal. Elle revenait parfois  avec ses habits de ville resaluer les gens une dernière fois. C'est quelque chose que je n'ai jamais vu. Et j'en ai vu des spectacles !

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