Panorama du hip hop 2007

Des jeunes pousses qui en veulent, Keny Arkana, des rappeurs vieillissants, IAM ou Passi, des militants de la première heure, La Rumeur, des panafricanistes actifs, Mokobé, ou des acteurs de l'underground, voilà les composantes diverses et variées du hip hop français actuel. Panorama de l'année 2007.

De l'underground aux sommets

Des jeunes pousses qui en veulent, Keny Arkana, des rappeurs vieillissants, IAM ou Passi, des militants de la première heure, La Rumeur, des panafricanistes actifs, Mokobé, ou des acteurs de l'underground, voilà les composantes diverses et variées du hip hop français actuel. Panorama de l'année 2007.

Que restera-t-il de l’année 2007 dans le domaine du rap en Français ? Si on s’arrête aux ventes, un seul titre restera : Marly-Gomont, accident industriel, ou plutôt agricole, conçu dans sa cave lilloise par Kamini, jeune infirmier psychiatrique devenu meilleure vente single de l’année grâce à un clip artisanal et campagnard vu par quatre millions d’internautes avant d’être acheté par quelques centaines de milliers de curieux.

2007 marque aussi le renouveau d’un crew historique, IAM, de retour avec Saison 5, plus tendu et moins ampoulé que son prédécesseur Revoir un printemps. Si le rap s’est embourgeoisé, il a su prouver qu’il pouvait toujours défendre des idéaux et se frotter à la politique : le troisième album de La Rumeur, Du cœur à l’outrage, a une nouvelle fois visé juste grâce à des chansons puissantes telles que Comme de l’uranium et Je suis une bande ethnique à moi tout seul. De quoi nettoyer au Kärcher les oreilles de Nicolas Sarkozy, qui n’a pas lâché le groupe depuis 5 ans, date de la première assignation en justice de La Rumeur, dont la victoire en appel a été cassée en cassation. C’est beau, la liberté d’expression, et ça s’use quand on ne s’en sert pas.

IAMLa Rumeur
Rayon alter mondialisme, Keny Arkana a confirmé sa valeur en 2007 : Entre ciment et belle étoile, paru fin 2006, s’est imposé à tous comme l’expression d’un rap rebelle, conscient et croyant à la fois. Disque d’or. De quoi redonner confiance à ceux qui croyaient le genre perdu dans le matérialisme et les lyrics futiles.

Echappé du 113, Mokobé a mis en pratique ses aspirations panafricaines avec son premier solo Mon Afrique, un album où il invite des artistes tels que Salif Keita, Youssou N’Dour, Seun Kuti, Tiken Jah Fakoly et Patson. Histoire de prouver que l’ouverture est toujours une valeur rapologique. Son collègue Rim-K l’a suivi avec Famille nombreuse, du rap de Maghrébin qui a la patate et reste fidèle à ses idéaux : la famille, les amis, les histoires de rue et le son qui met la pression.



MokobéKenny Arkana
Rayon indé, c’est l’Amazonie : des centaines de street albums, mixtapes CDs et autres productions venues du gouffre. Le rap français underground, c’est pire que la rentrée littéraire. Ceux qui sont impressionnés par les 600 nouveaux romans de septembre devraient jeter une oreille sur les 6000 produits du bitume générés par cet art de rue qu’est le hip hop. Citons-en quelques-uns, en toute partialité : d’abord l’excellent Aelpéacha, qui nous a offert avec Val II Marne Rider un nouveau CD solide et ensoleillé, bercé par le groove de L.A. sur La Californie, impeccable adaptation de Julien Clerc (si, si). Et puis le héros des caves, L.I.M., qui a créé la surprise en plaçant Délinquant au numéro un des ventes albums la première semaine de sa sortie, devançant des poids lourds tels que Marc Lavoine. Big up à Salim, toujours là où on ne l’attend pas.

Et du côté du Ministère (Ämer) ? Si 2007 a été une année sans Gynéco, Passi a sorti Evolution et a prouvé qu’il avait évolué en devenant membre du jury de la Star Academy, qu’il honnissait pourtant il y a peu. Seuls les idiots ne changent jamais d’avis, et Passi est très intelligent… Stomy Bugzy, lui, est revenu à ses racines hardcore pour un disque qui aurait mérité des meilleures ventes, Rimes pässionnelles, dont certains textes ont été écrits par Driver, le Sarcellois à la surcharge pondérale qui voyage à l’ouest (nos informateurs nous ont appris très récemment que Driver avait longuement devisé avec Suge Knight lors de son voyage en Californie, et que Suge avait été impressionné de ses connaissances en west coast). Sur un morceau, Stomy invite MC Jean Gab’1, dont l’altercation musclée avec Rohff et Kery James nourrie par divers posts sur le net a constitué le feuilleton de l’été 2007.


PassiStomy Bugzy
La

Mafia K’1 Fry, en 2007, a été Jusqu’à la mort (titre du second album) et jusqu’au Disque d’or, malgré une sortie décalée par diverses embrouilles avec leur label EMI, qu’ils ont quitté brutalement. Soprano a sauvé l’honneur de Marseille avec Puisqu’il faut vivre, premier solo solide certifié double disque d’or.

Et 2008 dans tout ça ? L’année nouvelle rapologique s’ouvrira par le nord : c’est de Belgique que viendront les deux challengers ayant chacun sorti leur premier single en 2007 : Baloji, ex-membre de Starflam et auteur de l’album Hôtel Impala, très personnel et très musical, et James Deano, interprète du tube surprise de l’été Les blancs ne savent pas danser, qui proposera en janvier Le fils du commissaire, un CD au titre autobiographique qui explique le slogan favori de ce rappeur bruxellois : "Nique la police ! Sauf Papa bien sûr…"