Kom Zot
Pionnier de la scène reggae réunionnaise, le groupe Kom Zot entend bien se faire une place dans le paysage musical métropolitain. Son dernier album, Fé in zès, est réalisé par le Jamaïcain Tyrone Downie, ancien compagnon de route de Bob Marley.
Fé in zes
Pionnier de la scène reggae réunionnaise, le groupe Kom Zot entend bien se faire une place dans le paysage musical métropolitain. Son dernier album, Fé in zès, est réalisé par le Jamaïcain Tyrone Downie, ancien compagnon de route de Bob Marley.
Sur une île, tourner en rond est un danger potentiel qui guette les musiciens. A La Réunion, Kom Zot en a pris conscience et multiplie depuis plusieurs années les efforts pour oxygéner son reggae. Fé in zes, le cinquième album du groupe en seize années d’existence, s’inscrit à nouveau dans cette logique. Originaire du Chaudron, banlieue peu exotique de Saint-Denis, la formation de Luciano Mabouck est l’une des rares à s’être donnée les moyens d’effectuer une tournée en métropole, même s’il s’agissait de chauffer les salles pour les Gladiators, légendes du reggae. Dans la foulée, en 2005, était paru le projet 974 reggae : Kom Zot avait invité à ses côtés des artistes réunionnais venus d’autres horizons, à l’image de Davy Sicard ou Tikok Vellaye, qui perpétuent la tradition du maloya.
A sa façon, Fès in zes contribue également à rompre l’isolement dont souffre le reggae sur cette petite île de l’océan Indien. L’album est d’abord l’histoire d’une rencontre, celle du reggae réunionnais et de son modèle jamaïcain, personnifié ici par Tyrone Downie. L’ancien Wailers, artisan du beau retour d’Alpha Blondy, avait joué l’an dernier au festival Sakifo organisé à La Réunion. Dans les coulisses, Luciano lui a proposé d’être le réalisateur de son disque en préparation. Grâce à son expérience et à ses conseils, le francophile Jamaïcain permet à Kom Zot de franchir un palier supplémentaire. "Il a épuré notre musique", observe le chanteur réunionnais.
Plus resserré, ce reggae-là y a gagné un son compact qui met davantage en valeur le groove collectif, sans enlever à la basse son rôle directeur. Avec cette alchimie, les morceaux au tempo assez lent – une spécialité locale – passent désormais bien plus facilement. Il ne fallait pas grand chose pour optimiser la machine Kom Zot, prête à se laisser débrider et à sortir des schémas classiques, comme sur Ini Anou, qui démarre directement par le chant pour plus d’efficacité. Sur ce titre essentiellement en français (les autres sont en créole), qui appelle les "enfants d’Afrique" à l’unité, Luciano a eu la bonne idée de partager le micro avec l’Ivoirien Hass Keita. Autre invité, le Jamaïcain Al Griffiths, qui apporte sur le dernier morceau de l’album la bénédiction des Gladiators, dont il est devenu le leader en remplacement de son père. Une pierre de plus dans le jardin de Kom Zot.
Kom Zot Fé in zès (Maron R prod) 2007