Midem 2008

Sur fond de dépression persistante du marché du disque et de mise en œuvre de nouveaux dispositifs de sanction contre le piratage en ligne, le Midem 2008 (qui se déroule du 27 au 31 janvier) entérinera surtout l’abandon des protections contre la copie sur les plateformes de téléchargement, et la multiplication d’offres d’écoute à la demande gratuites ou très bon marché, sur Internet comme sur les mobiles.

La crise du disque persiste, la gratuité s’impose

Sur fond de dépression persistante du marché du disque et de mise en œuvre de nouveaux dispositifs de sanction contre le piratage en ligne, le Midem 2008 (qui se déroule du 27 au 31 janvier) entérinera surtout l’abandon des protections contre la copie sur les plateformes de téléchargement, et la multiplication d’offres d’écoute à la demande gratuites ou très bon marché, sur Internet comme sur les mobiles.

Une nouvelle fois, les indicateurs du marché du disque sont à la baisse pour l'ouverture de cette 42e édition du Midem à Cannes. Le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) doit annoncer lors de sa conférence de presse traditionnelle lundi 28 janvier, une nouvelle baisse des ventes en gros (entendez par là les livraisons des labels aux distributeurs). Une baisse qui devrait être comprise entre 15 % et 20 % pour l'année 2007.

Les représentants du SNEP devront tirer une nouvelle fois le bilan d’une "année pourrie", selon les termes de son président Christophe Lameignère. Selon l’Observatoire national de la musique, les ventes de détail en magasin ont dévissé tout autant que les ventes en gros, à -18,3 % en volume et – 17,1 % en valeur.

Depuis cinq ans, les Français achètent chaque année de moins en moins de disques en magasin. Une baisse globale qui touche prioritairement les grandes surfaces (- 23,8 % en volume en 2007) et les singles (- 53 %). Dans l’intervalle, le marché de gros français a perdu la moitié de sa valeur, pour ne plus peser que 800.000 euros.

De nouveaux dispositifs de lutte contre le piratage

Parallèlement, les ventes en téléchargement, si elles progressent toujours de manière relativement soutenue (+ 65,8 % en volume), ne connaissent pas une embellie similaire en valeur (à peine + 27,6 %) et sont loin de compenser le recul du support physique. Avec 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, elles ne représentent que 3,5 % du marché.

Toute la filière musicale fonde désormais ses espoirs de reprise sur les mesures qui seront prises dans le courant de l’année 2008 pour freiner le piratage en ligne et promouvoir les offres légales, suite à la mission confiée à l’automne dernier au PDG de la FNAC, Denis Olivennes.

Selon Hervé Rosny, directeur général du SNEP, le gouvernement pourrait déposer un texte en première lecture devant le Sénat après les municipales.

Si les préconisations du rapport Olivennes sont mises en œuvre, et l’Elysée s’est engagé à faire tout ce qui est son pouvoir pour que ce soit le cas, ces quelques aménagements législatifs accoucheront probablement d’ici l’été d’une riposte graduée a minima (deux avertissements en cas de téléchargement illégal, avant coupure temporaire ou définitive de l'accès à Internet par le FAI, avec constitution d'un fichier des contrevenants).

Ce nouveau dispositif d’avertissement et de sanction viendra pallier au rejet par le Conseil constitutionnel, en 2006, du système d’amende prévu initialement par la loi DADVSI.

Pour le consommateur de musique en ligne, que l’on cherche à tout prix à détourner ainsi des réseaux peer-to-peer et des échanges illégaux, ce Midem 2008 entérinera surtout, par ailleurs, la disparition progressive des DRM (protections contre la copie) sur les plateformes de téléchargement. Principal avantage, à terme, toute la musique achetée sur Internet sera compatible avec n’importe quel baladeur du marché.

Un profusion de services illimités gratuits ou très bon marché

L’actualité du Midem 2008, ce sont aussi ces nombreux accords conclus au fil des derniers mois avec de multiples start-up du Web 2.0 qui proposent des services gratuit d’écoute interactive ou à la demande et d’échange de playlists financés par la publicité, comme les français Deezer et Jiwamusic ou l’américain Imeem.

En France, en particulier, les nouveaux services sur abonnement intégrés aux offres triple-play des fournisseurs d’accès à Internet vont se multiplier, comme celles proposées par Universal Music et Neuf Telecom ou par Alice et EMI, qui prévoient un accès illimité au catalogue des deux maisons de disques pour un forfait de quelques euros par moi. Chez Orange, le service de radio interactive Musiline, qui vient de se lancer, est même entièrement gratuit pour tous les abonnés.

Ces nouveaux services "illimités" sont pour l’instant limités au catalogue d’une seule maison de disques et reposent tous sur un système de DRM qui limite dans le temps la licence des titres téléchargés. S’ils s’ouvriront vraisemblablement à d’autres catalogues dans le courant de l’année 2008, la suppression des DRM dans ces offres sur abonnement n’est cependant pas au programme.

Les maisons de disques n’ont pas encore résolu la quadrature du cercle qui leur permettra de sortir de la crise. Mais le marché de la musique s’organise progressivement pour fournir au public un accès le plus large, le plus aisé, le plus légal et le meilleur marché possible à tous les répertoires. Ce sera une des notes fondamentales de ce Midem 2008 sponsorisé par Qtrax, un nouveau réseau peer-to-peer légal entièrement financé par la publicité et adoubé par l’ensemble des majors de la musique.