Second départ pour Cocosuma
C’était en 2004. Le trio Cocosuma bénéficiait d’un sacré buzz. Un titre sur la bande son de la série télé française Clara Sheller, des apparitions sur des compils prestigieuses, une radio américaine qui les programme et tout à coup : patatras ! La chanteuse s’en va ! Deux ans plus tard, Chab et Michel dégote une nouvelle chanteuse, la fantasque Amanda. Ils nous livrent aujourd'hui We’ll drive home Backwards, album de pop soyeuse.
Nouvelle chanteuse, nouvel album
C’était en 2004. Le trio Cocosuma bénéficiait d’un sacré buzz. Un titre sur la bande son de la série télé française Clara Sheller, des apparitions sur des compils prestigieuses, une radio américaine qui les programme et tout à coup : patatras ! La chanteuse s’en va ! Deux ans plus tard, Chab et Michel dégote une nouvelle chanteuse, la fantasque Amanda. Ils nous livrent aujourd'hui We’ll drive home Backwards, album de pop soyeuse.
Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient et le deuxième album de Cocosuma, Reindeer show the way, venait de sortir. Le titre The servant commençant à faire boule de neige, un bel avenir se dessinait pour le trio. Deux mois plus tard, Kacey, chanteuse d’origine suédoise, décide de tout plaquer et de rentrer à la maison. Chab et Michel reste sur le carreau, sans possibilité de défendre leurs chansons sur scène. Ils publient alors We were a trio, album composé des derniers titres enregistrés avec Kacey. Le ton était plutôt mélancolique. Ça sentait la fin.
C’était sans compter sur l’effet Amanda. Gilet vert, collier de perles en plastique bleu, chemisier marron à fleur, l’Anglaise doit être la dernière personne au monde à ramener sa tasse de café vide au comptoir pour ne pas surcharger de travail le serveur… Il y a quelques années, elle avait fait un rêve : "Je jouais dans un groupe dans une ville étrangère, une ville comme Paris. C’est vraiment étrange puisque c’est ce que je fais actuellement !"
De leur côté, les deux musiciens n’y croyaient plus trop, préférant se consacrer à d’autres projets, laissant peu à peu s’endormir Cocosuma. Le groupe avait déjà perdu deux chanteuses. Une malédiction semblait s’installer... Michel préfère en rigoler : "C’est comme dans le film Spinal Tap avec le batteur qui meurt à chaque concert ! Pour le tout premier album, on avait des maquettes, on voulait une fille qui chante dessus. On avait rencontré Jenny et on a fait l’album un peu comme ça. A partir du deuxième disque, on s’est dit qu’on voulait un groupe et pas une pièce rapportée. Avec Kacey, notre chanteuse suédoise, ça c’est très bien passé jusqu’au moment où elle a eu une sorte de crise post-adolescente. Je pense qu’on est plutôt des garçons gentils et bien élevés. C’est juste les aléas de la vie."
Entre Joy Division et Take That
Après quelques expériences musicales avec le producteur drum’n’bass Klute ou Dhani Harrison, Amanda décide, en 2006, de s’installer à Paris. Elle rencontre, par hasard et par l’intermédiaire d’un ami commun, les deux musiciens esseulés. La magie opère. "On avait croisé plein de gens auparavant, confie Michel. On ne voulait pas une chanteuse pour avoir une chanteuse. J’aime bien le côté triangulaire du processus créatif. Au final, on arrive avec un truc qui va au delà du talent de chacun. On était un peu un vieux couple avec Chab. Amanda a mis des coups de pieds là-dedans. Ça reste Cocosuma mais avec une autre interprétation"
Moins électro, plus pop que les précédents albums, We’ll drive home backwards conserve ce mélange de pop sixties et d’influences actuelles propre à Cocosuma. La voix rêveuse d’Amanda se marie à merveille avec les mélodies soyeuses du duo. Même sans refrain racoleur, le premier titre Charlotte’s on fire vous reste dans la tête. Vous vous surprendrez à reprendre instinctivement le refrain de Twilight Zone ou à balancer la tête sur Suffragettes. La pop dans toute sa fraîcheur ! Si le trio avoue se situer musicalement entre Joy Division et le boys band anglais Take That (sic), on parlera aussi de la vague trip hop des années 90 avec le très Sneaker Pimps Cinders ou encore des indémodables Beatles sur Oh Ruby Sun.
Vive les expérimentations musicales
L’arrivée d’Amanda a aussi bouleversé le mode de fonctionnement du groupe, comme l’avoue Michel : "Nous avons décidé de faire les choses différemment. On avait enregistré le premier album dans ma chambre. On ne pouvait même pas jouer de batterie et de trompette. Donc il fallait ruser, on utilisait beaucoup de samples. Là on a eu un vrai studio, on a enregistré à quatre, avec un batteur, en essayant d’avoir un maximum d’effets pendant les prises. Par exemple, sur Charlotte’s on fire, il y a un son un peu bizarre sur la batterie. Ce n’était pas prévu. C’est l’ingénieur du son qui a mis ça comme ça. Du coup, le morceau est parti sur une voie différente, du genre new wave des années 80. Avant, on construisait brique par brique."
Même si l’expression paraît maintenant galvaudée, pour Cocosuma, la musique n’a ni genre, ni frontière. La sortie de We’ll drive home backwards a été précédée par un maxi dans lequel on retrouve deux remixes très différents de Charlotte’s on fire. L’un de Marc Colin (Nouvelle vague) et l’autre beaucoup plus électro de Bot’Ox (duo dans lequel officie le producteur un rien barré Cosmo Vitelli). Toujours au rayon des perles, on y croise une réinterprétation très atmosphérique de Cinders par Origami Birö. Des remixes demandés par le groupe, mais Michel ne souhaite briser l’élan créatif de personne : "Tu enregistres ta chanson, tu la diffuses et après tu ne contrôles plus. Elle ne t’appartient plus. Les droits d’auteurs, c’est important mais en même temps, dans une chanson, il y a un côté immatériel. N’importe qui peut en faire ce qu’il veut."
Cocosuma We'll drive home backwards (Third Side Records) 2008