L’Orchestre National de Barbès, le retour
C’est donc sûr, l’Orchestre National de Barbès, l’ONB pour les intimes, n’est pas mort. Malgré des rumeurs insistantes de séparation, de fâcheries, de bouderies, d’usure…, l’ONB est bien de retour. Certains membres sont partis, d’autres ont rejoint une formation à géométrie décidément très variable. Au final, sept musiciens originels sont restés, fidèles au poste. Leur album Alik ("Regarde avec attention") est dans les bacs.
Un nouvel album, Alik
C’est donc sûr, l’Orchestre National de Barbès, l’ONB pour les intimes, n’est pas mort. Malgré des rumeurs insistantes de séparation, de fâcheries, de bouderies, d’usure…, l’ONB est bien de retour. Certains membres sont partis, d’autres ont rejoint une formation à géométrie décidément très variable. Au final, sept musiciens originels sont restés, fidèles au poste. Leur album Alik ("Regarde avec attention") est dans les bacs.
Il aura fallu attendre près de neuf années pour écouter les nouvelles chansons de l’Orchestre National de Barbès. Que s’est-il donc passé pendant tout ce temps ? Petit retour en arrière… L’aventure ONB a débuté sur les chapeaux de roue : en février 1997 un album en concert, puis Poulina, premier album studio, sorti en mai 1999, et des centaines de dates de concert durant des années. Car le groupe n’est jamais meilleur et à l’aise que sur scène, dégageant une énergie communicative, dans un style encore surprenant à l’époque. Le mélange des influences maghrébines, africaines et occidentales est un cocktail rarement aussi réussi jusqu’à leur arrivée dans le paysage musical français.
Rythme infernal
Pourtant, malgré cette course effrénée, le groupe ne prend pas le temps de se reposer après Poulina. Il enchaîne les concerts en France, puis en Europe et en Amérique du sud. Sur un rythme infernal qui les conduit à l’année 2002, lessivés. Un marathon qui devait forcément laisser des traces. "Après cette expérience éprouvante, chacun est parti se ressourcer dans son propre univers, reconnaît Luis Saldanha, l’ingénieur du son et manager du groupe. Certains par exemple ont sorti un album solo, d’autres ont pris part à diverses formations…"
Plusieurs années passent ainsi, nécessaires pour chacun et essentielles pour retrouver l’envie de jouer ensemble. "Nous avons aussi changé de maison de disques, tout en restant sous notre propre label, Sulali, la condition sine qua non de notre indépendance artistique, explique Luis Saldanha. Et puis, nous avons dû régler certains soucis apparus avec la manageuse et le tourneur. Nous avions tourné beaucoup pendant plusieurs années, en nous faisant un nom, mais les retombées financières étaient maigres pour les membres du groupe. Même si ce n’est pas notre moteur essentiel, c’était une question importante. En fait, nous nous sommes aperçus que l’ONB était sous-vendu par le tourneur, afin de placer des artistes moins réputés. Nous étions une sorte de monnaie d’échange : je vous accorde l’ONB pas cher, mais vous prenez un tel. Alors que ce sont les musiciens qui vont au charbon !"
Retrouver ses repères
Chacun s’est donc trouvé un refuge, le temps de régler ces soucis et de se ressourcer. Après plusieurs années de réflexion et de transactions, durant lesquels ils ne cessent jamais de monter sur scène, l’idée d’un nouvel album germe. "Composer quand on est aussi nombreux n’est pas évident, affirme Luis Saldanha. L’un amène une mélodie, un autre des paroles, parfois l’un et l’autre. Une matière qu’il faut tailler, retailler, pour lui donner le style ONB. Le grand sorcier dans cette construction, c’est Youssef Boukella." Youssef Boukella, pilier du groupe depuis les débuts, bassiste débarqué d’Algérie dans les années 1980 à Paris où il accompagne Cheb Mami et TakFarinas, entre autres.
Pour Alik, l’Orchestre National de Barbès, qui ne fait décidément rien comme tout le monde, enregistre petit bout par petit bout, sur une année, dans le studio historique du groupe, l’Usine, à Arcueil, dans la banlieue parisienne. Devenu dangereux, le lieu a malheureusement été détruit depuis. Par ailleurs, lors de leurs concerts de l'été dernier, les musiciens ont testé leurs nouvelles compositions. Un moyen de compléter leur travail d’affinage.
Mais qu’est-ce qui a changé depuis 1999 ? Les relations, les membres, ont-ils changé ? "Disons que 1999, c’était la crise d’adolescence de l’ONB, explique Luis Saldanha. A l’époque, on s’engueulait plus, parfois sans savoir vraiment pourquoi. On s’est assagi, on se comprend mieux, même si l’énergie sur scène reste la même." Au final, l’album est sans conteste plus rock'n'roll que les précédents, avec une partie des chansons en français et une reprise du Sympathy for the devil des Rolling Stones. Un clin d’œil au mythique groupe, qui passait un morceau de l’ONB avant de monter sur scène, sur leur tournée Bridges to Babylon, de 1998. Et que les fans se rassurent : les dates de concert se multiplient de jour en jour et un autre album est déjà en cours de construction. L’ONB n’est pas prêt de disparaître.
ONB sur MySpace
Orchestre National de Barbès Alik (Wagram) 2008
Quelques dates : 14/15 février : Elysée-Montmartre (Paris), 23 février : Oslo, 7 mars : Sarreguemines, 15 mars : Nice, 22 mars : Biarritz, 5 avril : Trappes, 19 avril : Printemps de Bourges, 20 avril : Strasbourg, 26 avril : Quimper, 31 mai : Olympia…