FM, l’esthète des ondes
Sous un pseudo presque désuet mais qui en dit long sur ses intentions, FM ose A Dream or Two, un album audacieux. Autodidacte de la musique, il rêve d’infiltrer les ondes radio avec ses compositions et reprises de standards des années 1980 au parti pris exigeant. Un songe révélateur d’une personnalité riche et féconde.
Premier album, A Dream or Two
Sous un pseudo presque désuet mais qui en dit long sur ses intentions, FM ose A Dream or Two, un album audacieux. Autodidacte de la musique, il rêve d’infiltrer les ondes radio avec ses compositions et reprises de standards des années 1980 au parti pris exigeant. Un songe révélateur d’une personnalité riche et féconde.
"Très jeune, je me suis assis devant le piano à queue de mon père, un amateur éclairé qui n’a jamais cherché à m’inculquer un quelconque virus" se souvient François Maurin avant de préciser que dans sa famille, tout le monde l’imaginait plutôt embrasser une carrière de dessinateur, tant il présentait de bonnes dispositions en la matière. "Je passais des heures devant le piano. Je tâtonnais, formais mon oreille, ma mémoire musicale. Je cherchais les sonorités qui se mariaient bien entre elles, élaborant des suites de notes, des théories musicales. Ce sont mes premières compositions" sourit-il aujourd’hui. "J’avais ce besoin de communiquer par la musique, de composer. A 11 ans j’ai acheté mon premier synthé, puis suis passé à la musique assistée par ordinateur (MAO), réalisant mes premiers enregistrements sur ATARI. De plus, avec mon frère, de 10 ans mon aîné, j’ai très tôt écouté du rock" analyse-t-il, avant de pointer un album – The Kick Inside de Kate Bush – en particulier. "Mes cousines me l’avaient rapporté d’Angleterre. Ça a été une véritable révélation. J’ai découvert alors qu’il était possible de créer des images musicales sans aucune contrainte."
New popular music
Ce souci de liberté irrigue son premier album, griffé sous ses initiales par la formule "new popular music". Ce qui pourrait s’avérer n’être qu’un concept fumeux est en réalité, une véritable exigence artistique qui pousse ce jeune homme de la génération FM à créer une musique inspirée mélodiquement et harmoniquement. "Dans les écoles de musique ou dans les conservatoires, on vous apprend que pour faire de la variété, mieux vaut faire simple. Fort heureusement, je n’ai pas eu ce cursus. C’est une de mes forces, je pense."
FM n’a en fait réellement démarré la musique qu’à son entrée à la fac de musicologie. "J’ai donc pu avant, me poser toutes les questions qu’on ne pose pas habituellement, puisqu’on a appris les réponses avant même de s’interroger sur le pourquoi. Plutôt que de me noyer dans un océan de conservatisme qui forcément vous inonde dès que vous pénétrez ces institutions, puisqu’il y a eu avant vous des compositeurs tellement plus talentueux, des interprètes tellement plus doués, j’ai pu imaginer faire différemment.
Que les musiques soient plus élaborées, que les textes soient même parfois compliqués, n’est pas un souci. Ce qui compte avant tout, c’est l’enveloppe du morceau que vous créez. Pop ne veut pas dire insipide. Les Beatles, David Bowie ou Prince n’ont pas fait dans la facilité et ont tout de même écrit des tubes imparables. Les quelques reprises qui figurent sur cet album (Killing an Arab des Cure, Heart of Glass de Blondie ou Always The Sun des Stranglers) en sont la preuve aussi."
FM ou pas FM ?
Très attentifs à l’accueil que va recevoir cet album aux ambiances variés, FM espèrent bien que ses titres vont séduire les programmateurs radio. "C’est un test. Un moment, j’avais même songé mettre un point d’interrogation après FM." Alors FM ou pas FM ? FM, sans l’ombre d’un doute, même si son orchestre n’est composé que d’instruments à cordes (un violon, un violon alto et un violoncelle en plus de sa guitare) et d’un cor, ses compositions comme ses reprises attirent l’attention.
Une des raisons est peut-être que plutôt que de marquer son empreinte par un rythme de forgeron, FM a choisi de s’inscrire en négatif par rapport aux habitudes de production. "Pas besoin de gueuler plus fort que les autres pour se faire entendre. Moi, j’ai choisi de parler tout bas. Supprimer la batterie invite le public à tendre l’oreille, à faire plus attention aux arrangements. Le rythme n’est pas incarné que par la batterie. Dans une chanson compte aussi le rythme des phrases, des souffles, des silences. Prince par exemple, ne se contente jamais d’un poum tchak… il déplace l’accent…". Ce travail en négatif est perceptible aussi dans sa reprise d’Always the Sun sur laquelle plutôt que chanter toujours la phrase titre, il la fait parfois jouer par le cor. "C’est la voix intérieure de l’auditeur ensuite qui fait le travail".
Du rêve à la réalité
Onirique, cet album est comme une série de flashs. Les reprises y ont parfois des allures de compos et les compos des dégaines de reprises. "La remarque m’a été faite entre autres au sujet de Certain People où certains ont cru déceler des réminiscences du Enjoy the Silence de Depeche Mode. Pourtant c’est bel et bien une compo, mais comme je cherche les ressemblances entre les genres musicaux et essaie de créer des correspondances, il n’est pas impossible que des effluves de ce titre aient imprimés mon inconscient. Qui plus est, je suis très intéressé par le rêve, par ces images qui ne sont que productions psychiques, qu’inductions électriques chargées de sens. Comment naissent-elles ? Qu’elle est la ligne de démarcation entre rêve et réalité. Je ne sais pas vraiment. Par contre, j’essaie de coller au corps de mes rêves, de marcher dans les pas de mon inconscient, de retranscrire ce que j’ai pu ressentir."
Concepteur aussi des visuels qui illustre le livret, FM aime le montage photo et le travail de retouche. Compléments essentiels de ces musiques, ces visuels sont assez troublant. "Mon amour pour la pop anglaise passe par les image qu’elle fait naître et évidemment aussi de mon attrait pour les musiques de films" explique celui qui se produira accompagné par son orchestre à la Boule Noire (Paris) le 11 mars prochain. "On va faire tout type de salle, jouer en acoustique devant 30 personnes ou se produire dans des grandes salles vouées aux musiques amplifiées. C’est très excitant !"
FM A Dream or Two (Remark/Warner) 2008