La Grande Sophie en solo
Avant d’entrer en studio pour cuisiner son prochain album, la grande avait envie de se retrouver seule à seule avec ses fans, dans des salles intimes. Depuis le 1er mars et jusqu’au 17 avril, la Grande Sophie tourne en France, en Suisse et en Belgique sans ses musiciens, et ça décoiffe. Reportage au théâtre de l’Atelier, à Paris, le 17 mars dernier.
Même pas peur
Avant d’entrer en studio pour cuisiner son prochain album, la grande avait envie de se retrouver seule à seule avec ses fans, dans des salles intimes. Depuis le 1er mars et jusqu’au 17 avril, la Grande Sophie tourne en France, en Suisse et en Belgique sans ses musiciens, et ça décoiffe. Reportage au théâtre de l’Atelier, à Paris, le 17 mars dernier.
20h30, tous les fauteuils en velours rouge du joli théâtre de l’Atelier sont occupés. Ici et là, des irréductibles de la Grande Sophie opèrent les derniers réglages sur l’appareil photo ou l’enregistreur de leur téléphone portable. Le public, trentenaire et francilien, est fin prêt pour accueillir la jeune femme.
Celle-ci arrive une vingtaine de minutes plus tard, sautillante et souriante. Une robe baby doll sur les épaules et ses Doc Martens fétiches aux pieds (elle ne monte jamais sur scène sans). Guitare en bandoulière, elle démarre son spectacle en acoustique, doucement, comme pour capter un peu à quel auditoire elle a affaire. Ses grands yeux curieux se promènent partout dans la salle, tandis qu’elle chante, entre autres, Les bonnes résolutions.
Très vite, elle présente ses "musiciens" du jour : "Ma grosse caisse qui ne m’a jamais quittée depuis mes débuts marseillais, ma guitare Martine, ma pédale que j’écrase tout le temps, la pauvre, et ma guitare Sixties que j’ai acheté parce qu’elle est belle". Elle joue le bon vieux tube Martin (2001) avec cette dernière, ce qui a le don d’exciter la foule, qui tape du pied et s’époumone pour chanter en chœur avec la Grande Sophie.
Tout le monde est bien réveillé, c’est le moment idéal pour demander à la salle de jouer "de la guitare avec sa bouche et de la batterie avec les mains". L'assistance s’exécute et Sophie l’enregistre avec ses différentes pédales. Elle tricote ainsi sur le titre La suite, le milieu, la fin un univers aux multiples dimensions sonores. Au premier rang, une jeune femme est sidérée par tant d'agilité, par ce jeu de pieds, de mains et de voix si inventif. "Entre les différents pédaliers et la grosse caisse, je n’ai jamais autant sollicité mes jambes que pendant cette tournée en solo, je peux vous dire que ça muscle !" rigole l'artiste.
Accents rap, blues, tsiganes, Sophie fait ce qu’elle veut de sa voix. Et de ses dix doigts, stimulant les cordes de sa guitare vers le rock, le disco, le blues, le funk, la balade ou le reggae. Du coup, même seule sur scène avec une poignée d’instruments, elle ne lasse pas. Au contraire, ses mélodies sont plus ciselées, ses refrains moins poussifs que sur certains de ses albums. Chaque chanson est rythmiquement et vocalement réinventée et le show truffé de petites surprises : une sublime reprise de Barbara (Dis quand reviendras-tu), des nouveaux morceaux qui figureront sur son prochain album (attendu pour l’automne 2008), des inédits et même une session boîte de nuit.
A un moment du concert en effet, la Grande Sophie se lâche avec un titre disco qu’elle triture à sa sauce. Tout le théâtre est levé et elle se met à sauter à une corde à sauter fluorescente, sous les feux de gyrophares et de stroboscopes. Une sacrée énergie qui ne retombera pas jusqu’à la fin du concert, qui se termine après l’entêtant Du courage et trois rappels. La femme orchestre a fait ses preuves.