M. Pokora vise l'international
Le jeune chanteur tatoué revient avec MP3, une troisième galette aux sons pop, r'n'b et un brin électro. Il a réalisé le tout aux Etats-Unis avec le producteur Timbaland. Récit d'une collaboration franco-américaine.
Troisième album
Le jeune chanteur tatoué revient avec MP3, une troisième galette aux sons pop, r'n'b et un brin électro. Il a réalisé le tout aux Etats-Unis avec le producteur Timbaland. Récit d'une collaboration franco-américaine.
Il a 22 ans, et déjà cinq ans de carrière. Produit de la téléréalité, Matthieu Pokora fut d’abord un tiers de Link Up, trio préfabriqué issu de l’émission Popstars, avant de devenir un poids lourd du r'n'b à la française. Son deuxième album solo, vendu à 300 000 exemplaires, a fait passer M. Pokora dans la catégorie des gros poissons. Il en a profité pour aller chercher Timbaland, l’homme du moment aux Etats-Unis pour les tubes planétaires (Justin Timberlake, Nelly Furtado, Madonna, etc.), afin qu’il produise la majeure partie de MP3, un troisième album aux visées internationales. À l’aise comme un vieux briscard, le jeune Matt répond sans détour à toutes les questions. On dit M., et ça le fait.
RFI Musique : Comment s’est passé ta première rencontre avec Timbaland ?
M. Pokora : J’avais chanté avec Nelly Furtado lors des MTV Awards en 2007 et on a eu une super bonne vibe avec son équipe. Plus tard, alors que j’étais encore aux Etats-Unis, on me dit : "le manager de Timbaland est à New York, il faut le rencontrer, histoire d’aller plus loin". Je suis donc arrivé avec mon dossier sous le bras, je lui ai montré mon DVD et il a été surpris de voir un Français faire des shows avec de la danse, du live, des musiciens. Ça lui a plu. Je lui ai expliqué que mon but était de passer les frontières des territoires francophones. Il a été emballé et a parlé de moi à Timbo, qui lui dit : "il y a quelque chose à faire". De là, Timbaland a demandé à me rencontrer. Deux jours avant le concert de Justin Timberlake à Bercy, dans son hôtel, on a bu un coup et passé l’aprèm’ à parler de tout et de rien. Il m'a dit qu’il était tenté par le challenge et après, il m’a invité à Londres pour sa soirée. Un mois et demi plus tard, j’étais en studio avec lui à Virginia Beach. On a fait les chansons dans son studio là-bas pendant deux sessions de deux semaines.
Comment être sûr qu’il ne te refilait pas des vieux beats ?
Tout simplement parce que j’étais en studio quand on les a fait. Que ce soit au niveau de la compo ou de l’écriture, j’étais là à toutes les étapes. Je donnais mes directives, je disais ce que je voulais, et la direction de l’album était clairement pop/ r'n'b. Je demandais des influences électro. Je lui ai parlé de Daft Punk, que les gens là-bas ne connaissaient même pas avant leur collaboration avec Kanye West sur le tube Stronger. Je lui ai dit que c’était exactement la couleur que je voulais. C’est ce qu’on a ressenti dans Dangerous. On partait dans des accords, on essayait des lignes de chant, si un morceau n’était pas bien on passait à un autre… Ça n’était pas choisir entre tel et tel son, à prendre ou à laisser. Je n’ai pas acheté des instrus, j’ai fait une rencontre.
Et le budget, pharaonique ?
Pour faire taire les mauvaises langues, si c’était une question d’argent, il y a des artistes qui ont beaucoup plus de moyens que moi dans le r'n'b ou le rap français pour aller chercher des sons de Timbaland. Moi je peux dire clairement que c’est à peine plus que les frais de studio. Il n’a pas besoin d’un Français pour se remplir les poches, c’est plus un challenge qu’autre chose. Si c’était une question d’argent, il ne se serait pas affiché dans le clip. Je suis très proche maintenant de toute son équipe. Si son frangin Sebastian est sur Dangerous c’est parce que c’est un pote avant tout. Il y a eu un vrai feeling. Je ne sais pas combien ça coûte pour une Madonna ou un Justin mais je crois que le prix d’une vraie prod’ de Timbaland, c’est la moitié du budget de mon album.
Et les tatouages, tu vas t’arrêter quand ?
(Rires). C’est vrai que c’est une maladie, et en plus, j’aime ça. Je préfère les tatouages à la chirurgie esthétique, merci maman, merci papa, ils m’ont mis les choses bien en place !
Ecoutez un extrait de
M. Pokora MP3 (Capitol/EMI) 2008