Tanger
Après une longue absence, la formation hexagonale revient avec un quatrième album au nom à rallonge et aux sons kaléidoscopiques. Un retour ébouriffant.
Il est toujours 20 heures dans le monde moderne
Après une longue absence, la formation hexagonale revient avec un quatrième album au nom à rallonge et aux sons kaléidoscopiques. Un retour ébouriffant.
Tanger : groupe de rock post-psychédélique français, qui tire son inspiration de la cité marocaine, "bâtarde" ensoleillée à la juste croisée des continents, muse de Matisse et de la Beat Generation. Emmenée par le dandy poète chanteur Philippe Pigeard, la formation avait enfanté quatre disques, brûlots incandescents, œuvre flamboyante, à mi-chemin entre rock progressif et free jazz, couronnée par ce point d’orgue, L’Amour Fol, sorti en 2003.
Un silence de cinq ans et un passage d’Universal à Dreyfus plus tard : Il est toujours 20 heures dans le monde moderne sonne sous des apparats fluo. Fidèle à sa veine irréellement baroque, Tanger ose une prise de risque virtuose. Chaque écoute révèle une pépite, note inouïe recouverte de riffs rugueux. Surtout, nouvelle aventure du groupe, les machines synthétiques de Christophe Van Huffel convient l’électro : une conjugaison numérique-analogique sur des dances floor cosmiques, suspendus aux étoiles. Entre les années 1980 et un futur halluciné, les rockeurs visionnaires et atemporels tissent une passerelle sonore, d’humour et d’épopée.
Pour le reste, Tanger, kaléidoscopique, diffracte la lumière, et la projette en d’infinies directions : un tournoiement de beats hypnotiques (Cyclotron), une réminiscence tubesque de la bibliothèque rose sous ecstasy (La fée de la forêt), une symphonie apocalyptique électro-free-jazzistique (Météorites), un rock aux accents seventies (Roulettes russes et poings américains), une balade poppy éthérée (Sur la banquise), ou encore la poésie évanescente et liquide d’Il y a un ange.
Le prisme trouve sa forme achevée dans la signature vocale lunaire de Philippe Pigeard, et dans sa poésie surréaliste inspirée des écrivains français André Breton et Jacques Vaché. Par ses mots qui bousculent corps et corpus, ses notes aux saveurs subversives, le poète vertigineux enivre l’auditeur, qui danse, oui, mais aussi pense, lui donne un éclairage et des clés de langage, des morceaux d’infinis blottis au creux du quotidien. Dans sa déconstruction des codes, ses déliquescences, Tanger s’engage, et touche au cœur. Révolte unique. Unique expérience. Un disque à vivre.
Ecoutez un extrait de
Tanger Il est toujours 20 heures dans le monde moderne (Motors / Dreyfus Music) 2008
En concert les 22 et 23 mai à La Boule Noire à Paris.